Pourquoi l’année 1993 est la meilleure du sport français

Publié le par Abdallah Soidri,

© OLIVIER MORIN / AFP // © William STEVENS/Gamma-Rapho via Getty Images

Entre le CSP Limoges, l’Olympique de Marseille et l’OM-Vitrolles, le sport français a été gâté en 1993 avec trois trophées européens importants.

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Quelle est la meilleure année du sport français ? 1998 et le premier titre de champion du monde de l’équipe de France de football, 1996 et les doubles médailles d’or olympiques de Marie-José Pérec à Atlanta ou bien 1900 et l’exceptionnel bilan de médailles (101) de la France à ses Jeux olympiques de 1900 ? Eh bien ! Aucune des trois.

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Pour retrouver le plus beau millésime du sport français, il faut remonter 30 ans en arrière, en 1993. Cette année-là, trois clubs tricolores des trois plus grandes disciplines collectives, basket, football et handball, ont mis le drapeau bleu, blanc, rouge sur le toit de l’Europe. Il s’agit respectivement du CSP Limoges, de l’Olympique de Marseille et de l’OM-Vitrolles.

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Le CSP Limoges, à jamais les premiers, c’est eux

Tout commence le 15 avril 1993. Pour la première fois dans l’Histoire, un club français de basket, le CSP Limoges, va disputer une finale de Ligue des champions, la plus prestigieuse des coupes européennes. Après s’être défaits de l’Olympiakos Le Pirée et du Real Madrid, deux cadors, ce sont les Italiens du Benetton Trévise d’un certain Toni Kukoc, futur triple champion NBA avec les Chicago Bulls, qui attendent les Limougeauds.

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Outsider avant l’entre-deux, la bande de Richard Dacoury va s’appuyer sur le jeu ultra-défensif prôné par son entraîneur, le très exigeant Bozidar Maljkovic, pour déjouer les pronostics. Mené à la pause, le CSP intensifie sa pression défensive au retour des vestiaires pour passer devant dans les derniers instants, puis sceller le sort de la rencontre grâce à une interception décisive du regretté Frédéric Forte (59-55), et ainsi devenir le premier club français, tous sports confondus, à remporter un trophée international majeur.

17 ans après les poteaux carrés qui ont fait tant de mal à Saint-Étienne et à tout un pays, la France tient enfin son sacre européen. Un premier succès qui en appelle d’autres.

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L’OM, la seule étoile du football français

46 jours après le sacre de Limoges, la France va de nouveau vibrer pour une équipe en finale d’une Coupe d’Europe. Cette fois, on quitte le basket pour le football. Deux ans après les larmes de Bari et la défaite aux tirs au but contre l’Étoile Rouge de Belgrade, l’Olympique de Marseille a de nouveau l’occasion de soulever la coupe aux grandes oreilles. Mais il faut d’abord se débarrasser du grand AC Milan, qui en est à sa troisième finale de Ligue des champions en cinq saisons.

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Dans une rencontre serrée, la rencontre se débloque sur un coup de pied arrêté. Juste avant la mi-temps, Abedi Pelé trouve sur corner le crâne de Basile Boli dont le coup de casque permet à l’OM d’ouvrir le score. Les Marseillais résistent aux assauts de Marco Van Basten et de l’ex-olympien Jean-Pierre Papin, entré en jeu en seconde période. Au coup de sifflet final, le défenseur français peut exulter : il vient de donner au football français son tout premier titre européen et sa première étoile sur le maillot. Mission accomplie pour Bernard Tapie, le propriétaire du club. “À jamais les premiers”, ne cesseront de répéter les supporters marseillais.

Les oubliés de Vitrolles

Si à Marseille et dans le Sud, on parle souvent, et à raison, du 26 mai 1993, un autre club du coin a aussi marqué l’histoire du sport français quelques jours plus tard. Le 30 mai 1993, les handballeurs de l’OM-Vitrollles sont en finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe contre les Hongrois du Fotex Veszprém SE, tenant du titre. Pour l’équipe française, montée à coups de millions par Jean-Claude Tapie, frère de Bernard Tapie, la tâche s’annonce ardue, mais pas impossible.

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Les coéquipiers du légendaire Jackson Richardson ne tremblent pas sur les deux matches aller et retour et offrent au handball français son tout premier titre international, deux ans avant le sacre mondial des “Barjots” en sélection. Un succès moins connu que celui en Ligue des champions du club cousin. Et les déboires de l’OM-Vitrolles quelques saisons plus tard ne vont pas arranger les choses.

À peine trois ans après ce titre, l’OM-Vitrolles est en grande difficulté financière. Le club dépose le bilan en 1996 avant de disparaître. Et une entité sportive qui n’existe plus, c’est une partie de son histoire et donc de son palmarès qui s’effacent de la mémoire collective.

Et à part ça ?

Trois coupes d’Europe pour la France en un mois et demi, cette fin de saison 1992-1993 a de la gueule. Une euphorie sportive à laquelle le pays n’est pas habitué, et un concentré d’ivresse sur une aussi courte période qu’on ne retrouvera jamais. 30 ans après ces exploits, le basket et le foot français attendent encore les successeurs du CSP Limoges et de l’Olympique de Marseille en C1, quand le handball a dû attendre 2003 pour voir Montpellier remporter la plus prestigieuse des coupes d’Europe. Un triste bilan pour le sport français, qui explique en partie la place à part de l’année 1993.

Mais il ne se résume pas qu’aux titres limougeauds, marseillais et vitrollais. Quelques mois plus tôt, le XV de France remportait le tournoi des V Nations ; à l’automne, à bord de sa Williams Renault, Alain Prost s’offrait son 4e et ultime titre de champion du monde de Formule 1 en dominant Ayrton Senna ; et, toujours dans le sport mécanique, Peugeot triomphait aux 24 heures du Mans avec un magnifique triplé tricolore.

À ces belles pages du sport français, les rabat-joie pourraient avancer le dramatique France-Bulgarie de novembre 1993. Une rencontre tristement célèbre pour son dénouement cruel : dans les dernières secondes, sur un contre assassin conclu par Emil Kostadinov, les Bleus de Gérard Houllier ratent la qualification pour la Coupe du monde de football 1994 aux États-Unis. On leur répondrait que sans cet échec, jamais Aimé Jacquet ne prend la tête de la sélection, et donc pas de doublette Zidane-Djorkaeff, pas de “muscle ton jeu, Robert”, pas de France 98. Même dans le grand malheur sportif de cette année, on peut y trouver du bonheur.