Le point commun entre Olivia Rodrigo, girl in red, Sabrina Carpenter et beabadoobee ? Elles ont toutes été la première partie de Taylor Swift. Alors loin de moi l’idée de dire qu’il existe un effet “magic Taytay” (d’autant plus que beaucoup avaient déjà une solide réputation avant leur participation aux tournées gargantuesques de l’Américaine), mais il y a forcément quelque chose. Reste qu’au-delà de cette donnée, beabadoobee est dans mes oreilles depuis plusieurs mois, voire années, notamment grâce à son dernier opus This Is How Tomorrow Moves, quelque part entre (dream) pop et rock, Dido et Sixpence None The Richer, au fil des morceaux. Bref, de la bonne musique, douce et mielleuse, qui me téléporte instantanément dans un épisode de Grey’s Anatomy (et c’est un compliment) alors que je suis juste assise entre deux personnes odorantes sur la ligne 2 du métro parigot. J’avais ainsi quelques réticences à aller la voir en live, de peur d’être déçue. Parfois, la musique “d’ambiance” ne fonctionne pas autant en concert, perd de son charme, de sa douceur. Comme j’avais tort.
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J’arrive devant la salle, c’est le deuxième soir consécutif où la chanteuse philippino-britannique joue et c’est toujours aussi complet. Pire encore : la file d’attente, très internationale et jeune, s’étend sur plusieurs rues. J’arrive dans la salle, directement à l’étage pour avoir une vue royale malgré mon mètre cinquante. Je me retrouve à côté d’un adorable monsieur venu accompagner sa petite-fille. Il ne s’attend à rien, je crois qu’il ne sait même pas prononcer correctement le blase de l’artiste, qui s’appelle Béatrice Kristi Laus à l’état civil. Et pourtant je vais le voir tapoter du pied, dégainer son téléphone avec ses deux mains (trop mims) et lâcher des “let’s go girl” à tout va. Et ça représente bien l’énergie globale du concert, finalement. Un océan de mignonnerie de toute part.
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Pouvoir de téléportation
beabadoobee est la colonne vertébrale de ces bonnes ondes. Adorable et dotée d’un rire très mutin (je ne peux hélas pas en dire autant), elle fait parfois quelques bourdes entre deux sons, comme quand elle nous dédie un morceau qui n’est finalement pas le bon. Parfois accompagnée, parfois seule, elle occupe toute la scène et nous transporte directement dans la BO d’un film américain dont nous sommes les héros. Dans ma tête, il n’y a plus qu’elle et moi. Quand elle chante “Coffee”, c’est un shoot nostalgique en intraveineuse, d’une période compliquée, anxiogène à souhait, celle du premier confinement, mais lors de laquelle le morceau, via des edits et trends TikTok, connaît son quart d’heure de gloire et permet d’accéder, comme d’autres trends par ailleurs, à une forme d’insouciance salvatrice.
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@shellyjohnsson @Beabadoobee sings « Coffee » in live in Paris #paris #live #beabadoobee #pop #concert #coffee #coffeetiktok #lockdown #lockdown2020 ♬ son original - Shelly
“Ever Seen” nous transporte, à l’instar de son clip, dans les rues bouillantes de Tokyo ou avec les biches sorties d’un Disney de la ville de Nara. Quant à “Beaches” et “Girl Song”, c’est un ticket pour un film où notre amour d’été ne survivra finalement pas à la rentrée et où on se surprend à détester notre image dans le miroir.
@shellyjohnsson @Beabadoobee in live in Paris (Bataclan) - « Beaches » #paris #live #beabadoobee #pop #taylorswift #concert ♬ son original - Shelly
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Bref, c’est la force de la chanteuse : nous téléporter là où elle le souhaite, dans un monde où tout n’est que délicatesse et cinématographie. À peine le moment de l’ultime track arrivé, la foule gronde déjà. Mais elle le promet, elle reviendra très, très bientôt, puisqu’elle planche déjà sur l’écriture de son futur bébé musical. Mais d’ici là, elle a besoin d’un petit break : ses chats lui manquent trop. Si ça, ce n’est pas la réflexion d’une idylle estivale qui nous dit “ciao” sur le tarmac, on n’y comprend plus rien.