“It’s a movie!” – expression consacrée pour décrire une aventure épique. C’est à un mot près ce qu’on a vécu, en cette toute fin novembre, sur la côte nord de la Sicile, à Palerme, le temps d’un long week-end. Le movie, donc, s’est juste transformé en série, à l’image de l’escapade collective des personnages de The White Lotus dans l’épisode 5 de la saison 2. On soutirera l’intrigue de ses carambolages et on y ajoutera la lumière du soleil d’hiver sur la Méditerranée, et nous voilà, installés, pour 72 heures qui tombent la doudoune à deux heures de Paris.
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La lumière, celle qui a déclenché cette petite cascade faisant tomber les dominos jusqu’au sentiment de plénitude, c’est celle qu’il y avait au petit matin au lendemain de notre arrivée, en ouvrant les rideaux de la grande fenêtre de notre chambre à la Villa Igiea, a Rocco Forte Hotel, dont nous avons la chance d’être les hôtes. Piliers d’histoire, les murs achetés par la famille Florio à la fin du XIXe ont déjà vécu 1 000 vies, parfois joyaux Belle Époque, parfois cadre de pop culture, voyant passer la caméra de Roberto Rossellini jusqu’à celle de HBO – le superbe bar de l’hôtel voit se dérouler les dates, au même moment dans la série, entre Albie et Portia d’un côté, et entre Tanya et Greg de l’autre, dans le deuxième épisode de la saison 2, baptisé “Le rêve italien”, pas mieux.
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Cette lumière, elle nous suit dans tout l’hôtel, avec ses longues coursives en marbre dont les ouvertures vers la mer se baignent des rayons qui tournent à mesure que le jour avance. Le thermomètre annonce 19 degrés ce matin, et notre table de petit déjeuner, baignée du même soleil, nous fait retirer le gilet pour déguster une assiette d’œufs brouillés façon cacio e pepe accompagnée de petites saucisses aux graines de fenouil juste grillées, dont le jus s’est imprégné dans une autre spécialité locale, les panelle, ces petites galettes frites au pois chiche bien assaisonnées. Un americano pour avoir plus que le centilitre légal de caféine – on ne se refait pas, on est ici en touristes après tout –, et on se laisse rêver à cette vie à long terme, tellement le temps semble s’arrêter sous ce vent d’hiver qui a le goût du printemps.
Dans le petit film dans ma tête, j’aimerais m’asseoir, sortir un carnet avec des pages au papier qui gratte bien, et écrire mes mémoires façon “Stigmates” de SCH, installé sur un des transats tournés vers la mer qui lèche le pied des jardins de l’hôtel. Mais vu qu’on a booké une navette à la réception – gratuitement, en prévenant idéalement la veille pour les horaires –, on ride vers les hauteurs de Palerme assis à l’arrière d’un van Mercedes aux vitres teintées, voguant sereinement entre les scooters sans clignotants, direction la très solennelle cathédrale de Monreale. Derrière les lourdes portes en bronze, des centaines de mètres carrés de mosaïques en or pour un des plus jolis trésors architecturaux de l’île, conservé depuis le XIIe siècle et remis en lumière cet hiver pour pouvoir admirer ses ornements. Si vous avez un peu de chance et pas peur de monter quelques marches, la vue des terrasses, sur tout Palerme à l’est et sur le parfaitement entretenu cloître en contrebas au sud, est à couper le souffle.
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La nuit tombée, on renfile la veste, et même si la saison reprend un peu ses droits, la descente vers le centre de Palerme pour le début de soirée a, elle aussi, des odeurs de beaux jours. Il y a des lumières de fêtes – ici, évidemment, on aime aussi beaucoup Noël –, mais les rues du vieux Palerme sont encore chargées de locaux, et ne le dites pas à ma maman, on s’enquille même une petite glace à la pistache au Cappadonia Gelati de la Via Vittorio Emanuele avant le dîner. Les seuls stigmates de l’hiver ? Les petites boutiques de souvenirs déclinent les incontournables pommes de pin en céramique, le symbole de l’île, en ornements pour sapin.
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De retour à l’hôtel pour le dîner, la météo de fin novembre continue d’être clémente avec nous, et on peut s’asseoir en extérieur, avec un petit plaid au cas où, au Florio, le resto au décor Belle Époque de l’hôtel, juste adjacent au Terrazza Bar – le fameux set emprunté dans The White Lotus. La carte est signée Fulvio Pierangelini, le mythique chef du feu Gambero Rosso à San Vincenzo, en Toscane, cocréateur de Gelinaz avec Andrea Petrini, et qui ajoute à son CV de dingue la direction créative des restaurants du groupe hôtelier Rocco Forte. Clin d’œil du soir : on plonge dans une assiette de tonnarelli façon cacio e pepe surmontée de… gambero rosso crues, crime magnifique à la tradition italienne. La glace à la pistache est bien loin, et le maître d’hôtel est italien, on se retrouve donc la cuillère plantée dans un décadent tiramisu alors que l’univers criait tisane. Second crime magnifique.
De retour dans la chambre, les petits chaussons sont de sortie, la lumière est tamisée et une massive enceinte Bang & Olufsen est connectée. “Dis Siri, joue le thème de la saison 2 de The White Lotus.” On n’aura pas croisé Aubrey Plaza ou Jennifer Coolidge, mais ce week-end de luxe et d’histoire was indeed “a movie”. Le soleil d’hiver va nous manquer, presque autant que la ricotta fouettée des cannoli ; je crois qu’on va devoir revenir en janvier.
Villa Igiea, a Rocco Forte Hotel
43 Via Belmonte, Palerme
Article rédigé dans le cadre d’un voyage presse organisé par Villa Igiea, a Rocco Forte Hotel et l’agence Pascale Venot.
PS : jeudi 5 décembre, dans notre newsletter Fast Forward, on vous parle du meilleur negroni sans alcool de notre vie, accoudés, comme Burt Lancaster, au mythique bar de la Villa Igiea.