J’ai reçu un mail, Adidas m’invite à suivre un programme pour courir le 10K Adidas, une course de 10 kilomètres dans Paris. On me promet de l’équipement, un entraînement à l’INSEP, d’être suivi par des coachs et encadré par les membres de la communauté Adidas Runners. Sur le papier, ça donne envie, et je n’ai jamais fait de course de ma vie, alors pourquoi pas. C’est après que j’ai réalisé que 10 kilomètres, c’est quand même 10 kilomètres, et que ma condition physique, c’est ma condition physique…
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Lors de l’inscription, il faut choisir un dossard en fonction du temps qu’on estime mettre pour finir la course. J’ai pris le dossard vert. Plus pour sa couleur que pour les 54 minutes qui y sont inscrites. La course est dans à peine un mois, donc si je veux m’y tenir, il y a du boulot.
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J-20 : entraînement à l’INSEP
Le centre d’entraînement est si grand qu’on se croirait dans un village olympique. Des infrastructures vertigineuses où s’entraîne la crème des sportifs. Évidemment, j’ai cédé à l’illusion. En rentrant dans l’INSEP je me suis tout de suite senti athlète. Après m’être changé, je pénètre sous l’impressionnante canopée. Tout le monde se présente : coachs, membres de la communauté Adidas Runners, journalistes, influenceurs, puis on a commencé “l’échauffement”.
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Petite foulée après petite foulée, j’essaye de me jauger. Rapidement, un membre des Adidas Runners me rejoint pour discuter. Très sympathique, on se découvre au rythme des enjambées. Seul détail, il semble avoir oublié que la course est tout sauf mon quotidien, et que je suis au bord de l’agonie à force de négliger mon souffle. “Tu sais, si tu arrives à tenir une discussion en courant, c’est que tu es à l’aise.” J’aimerais bien, mais non. C’est juste mon ego de compétiteur qui me force à garder la face.
À peine le temps de se désaltérer qu’on reprend avec des étirements intensifs avant de partir sur 15 minutes de fractionné. Un horrible exercice, si vous voulez mon avis. En manque de souffle, je parviens tant bien que mal à tenir le quart d’heure. À mon agréable surprise, un buffet rempli de sucreries nous attend. Évidemment, on ne parle pas de donuts, mais plus d’energy balls et de cookies aux amandes.
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J-13 : cours de diététique
Une semaine est passée depuis la première session d’entraînement et, je le confesse, je n’ai pas fait grand-chose. Rendez-vous à l’”Adihouse” pour parler diététique. Je n’ai jamais été très studieux, et ça s’est ressenti pendant la présentation. L’information principale que j’ai retenue : le jour de la course, le départ de notre sas est à 8 heures, et il est préférable de déjeuner 3 heures avant le début de l’effort. Je vous laisse faire le calcul…
On a enchaîné sur un atelier cuisine. Menu du jour : buddha bowl, energy balls, et tartelettes raw aux fraises. Les edamames et le tofu, ce n’est pas ce que je préfère mais je vous rassure, pas de gâchis. Ma sœur, végétarienne, s’est fait un plaisir de m’aider à finir le stock.
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J-8 : premier entraînement autonome
Ce week-end, je suis allé courir seul pour la première fois. Constat peu rassurant : essoufflé rapidement, j’ai été obligé de faire du fractionné. N’ayant pas réussi à télécharger une application pour suivre ma cadence, je ne sais pas si je suis au-dessus où en dessous des 10 km/h qui me permettraient de passer sous l’heure, le jour de la course.
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J-3 : dernier entraînement
Bon, on oublie les 54 minutes. Mes capacités respiratoires sont dramatiques. Je ne ressens pas de fatigue particulière pendant que je cours, mais par contre, après un ou deux kilomètres, je n’ai plus de souffle et je suis obligé de marcher pour récupérer. Situation que j’aimerais éviter le jour de la course, mais il est désormais trop tard pour s’entraîner. Si je continue à solliciter mon corps, il sera trop fatigué le jour J.
La playlist
Qu’est-ce que serait une course sans musique pour se motiver ? (Je ne sais pas, je n’en ai jamais fait auparavant). Évidemment, pour l’événement, j’ai préparé une playlist aux petits oignons. Musique d’anime, techno, Kaaris, tout est bon pour se dépasser :
Le jour J
Je me lève à 6 h 30. Oopsy, j’ai raté mon réveil programmé une heure plus tôt. Je mange une des energy balls qu’on a faites pendant l’atelier cuisine et me prépare pour partir. Arrivé sur le quai de la 6, je me sens plus imposteur que jamais. La station Charles de Gaulle – Étoile est bondée de coureurs vêtus du T-shirt “Adidas 10K”. Je feins d’être à la hauteur de l’équipement qu’Adidas m’a fourni et marche d’un pas assuré, comme si la course n’était qu’une banalité pour moi. En arrivant sur place, je croise enfin des visages familiers : “Ça va ?” “Ça va”. Pas plus, pas moins. J’essaye de rester dans ma bulle. J’ai un objectif en tête : finir la course sans m’arrêter, peu importe le temps. J’avoue que je n’y crois pas trop.
Ça y est, on se déplace vers le sas de départ. Je commence sérieusement à stresser, pourtant, il n’y a rien en jeu. Sur notre chemin, on croise un saxophoniste qui motive les coureurs pendant leur échauffement. Perso, j’ai skip cette étape. Pas mal d’Adidas Runners ont fait ce choix, alors j’ai décidé de faire confiance à leur expérience de course, au grand dam des coachs.
5, 4, 3, 2, 1…
C’est parti ! Hier soir, j’ai regardé la vidéo d’un youtubeur running pour améliorer ma technique de course. J’essaye d’appliquer ses conseils dès les premiers mètres : petites foulées, bras à 90° alignés au reste du corps, regarder à 50 mètres devant soi et relâcher les épaules. Pour l’instant, je m’y tiens et avance tranquillement. Bien qu’on soit partis simultanément, des groupes se forment naturellement selon la cadence de chacun. Dans le mien, on est sept, avec à un rythme plutôt lent, mais qui me convient bien.
Arrivé au deuxième kilomètre, une partie du groupe qui a plus de difficultés se met à marcher. De mon côté, je suis arrivé jusqu’ici sans trop de difficultés, et je réalise que finir la course sans m’arrêter est un objectif atteignable. Je décide donc, avec beaucoup de regrets, de les abandonner. À mon agréable surprise, Maylys, journaliste, et Ksenia, Adidas Runner, me rattrapent. On avance désormais en trio.
5e kilomètre
Dans la vidéo, il dit aussi que c’est du 5e au 8e kilomètre que la course se joue. Il ne faut surtout pas craquer. Je commence vraiment à peiner, et le passage au ravito de mi-course m’a déclenché un point de côté. J’envisage de m’arrêter au 6e kilomètre pour récupérer. Puis, arrivé au 6e, je me dis que ça peut attendre le 7e kilomètre. Puis au 7e… je suis vraiment mort. Mais le type dans la vidéo dit aussi qu’en fait, quand on est mort, on n’est pas mort, ce n’est que dans la tête. Donc je me dis que je ne suis pas mort, et je continue. Les kilomètres deviennent interminables et je me demande vraiment comment je vais finir la course.
8e kilomètre
Bien que mon rythme soit lent et ma performance pas dingue, si on la met à l’échelle de mon corps et de mes capacités physiques, je suis vraiment en train de me dépasser. Mais là… je n’en peux plus. Alors, comme toutes les fois où je n’en pouvais plus dans cette course, je me rattache à la vidéo. “Après le 8e kilomètre, le plus dur est fait, c’est la dernière ligne droite, amusez-vous.” Comment ça, amusez-vous ? Ce n’est pas un conseil, ça. Bon, heureusement, j’ai une autre solution quand je suis à bout : le dire à mes camarades qui, elles aussi me répondent que “le plus dur est fait”. Bon, ben si le plus dur est fait…
Dernier kilomètre
J’ai une foulée de zombie, le Tout-Paris m’a dépassé, mais je ne me suis toujours pas arrêté. Quand mes camarades me demandent si ça va, un grognement leur suffit. On vient de remonter les quais, je n’ai plus de jambes, mais une dernière épreuve de taille se dresse devant nous : le tunnel sous le pont d’Iéna. Qui dit descente, dit montée, qui dit montée, dit mort assurée.
Ksenia insiste pour qu’on ne marche pas sous le pont, bien qu’une majorité de coureurs optent pour cette option. Je ne sais pas comment, mais ma foulée reste constante, et je sors de ce foutu tunnel en trottinant. Enfin, je la vois. La ligne d’arrivée est là, à moins de 200 mètres. Je suis instantanément propulsé dans un shōnen. Ma vie se met à défiler devant mes yeux. Je repense à tous ces athlètes qui m’ont fait rêver. L’héritage du sport français, c’est moi ! Je suis l’élu. Que ferait l’élu dans une telle situation ? Il déclencherait un sprint. Fiiiiou, à 30 mètres de l’arrivée je démarre mon effort, décrochées, mes camarades ne peuvent plus me suivre. La foule m’acclame. Je vole. On ne me reverra plus.
Tout ça, c’était dans ma tête. En réalité, on a rarement vu un sprint final plus pathétique que le mien. La vidéo peut en témoigner (vous remarquerez au passage que je suis le seul abruti à avoir mis son dossard dans le dos) :
Plus je vois la vidéo, plus je trouve ça pathétique. On n’a même pas l’impression que j’accélère. Temps final : 1 h 11, ce n’est pas fou, mais l’objectif est atteint : je ne me suis pas arrêté. J’aurais bien aimé vous laisser sur ces splendides images, mais comment ne pas vous parler du buffet ?
Le buffet ! Le buffet ! Le buffet !
Quelle meilleure sensation que de manger et de se désaltérer après un tel effort ? Gâteaux, mini burgers, boissons sucrées, Stéphane Diagana, il y avait tout ce dont on pouvait rêver après un 10 kilomètres. Bon, le dernier n’est pas comestible, mais il était bel et bien au stand Adidas en train de manger des mignardises. Après avoir récupéré des forces, j’avais le choix entre : un massage, un artiste qui dessine mon portrait, ou de la cryothérapie. J’ai opté pour la dernière option. Je suis un athlète maintenant, alors je me comporte comme eux.
Après m’être caillé le cul à -110 °C pendant trois minutes, je suis allé faire un ultime tour au buffet, avant de définitivement clore le chapitre 10K Adidas. C’est une chance d’avoir pu être encadré de la sorte, et j’ai presque pris goût à la course à pied. Depuis, j’ai couru deux fois et je songe déjà à refaire le 10K l’année prochaine, histoire de passer sous l’heure. Enfin… uniquement si j’ai l’accréditation qui donne accès au buffet…