La campagne pour les élections législatives (30 juin et 7 juillet) a officiellement débuté ce lundi, mais en ce qui concerne les joueurs de l’équipe de France, les journalistes n’ont pas attendu pour les interroger à ce sujet. Depuis le 9 juin et le résultat des élections européennes, avec le Rassemblement National (RN) arrivé largement en tête et la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la vie politique française est sens dessus dessous. Ceci n’a pas échappé aux Bleus, pourtant en pleine préparation pour l’Euro 2024 et leur entrée en lice ce jour contre l’Autriche.
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Ceux qui ne se mouillent pas et l’appel au vote d’Ousmane Dembélé
Plusieurs joueurs ont pris la parole pour exprimer leur ressenti sur la situation politique inédite dans le pays, avec l’extrême droite qui n’a jamais été aussi proche d’accéder au pouvoir et une gauche soudée sous la bannière du Nouveau Front populaire, une première depuis 1936. D’abord, il y a ceux qui bottent en touche, comme Kingsley Coman et Dayot Upamecano, interrogés mercredi dernier. “On se concentre sur le football et la compétition. On ne parle pas trop politique”, assure l’attaquant du Bayern Munich, quand son coéquipier en club assène en conférence de presse “[ne pas être venu] pour parler de politique mais pour parler de football”.
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Le lendemain, Ousmane Dembélé s’est montré plus enclin à s’exprimer sur le sujet. Comme pour son pied fort, le mystère sur le bulletin que l’ailier du PSG mettra dans l’urne reste entier, mais le joueur ne s’est pas défilé pour autant en lançant un appel à aller voter le 30 juin et le 7 juillet prochains. “Je pense qu’il faut se mobiliser pour aller voter. […] J’ai vu que la moitié des électeurs n’étaient pas allés voter”, lâche-t-il, après avoir constaté une certaine urgence en parlant de “sonnette d’alarme”.
Un Marcus Thuram tranchant sur le front de la citoyenneté
Ce samedi, Marcus Thuram a pris une position claire et sans ambiguïté en conférence de presse. “Il faut se battre au quotidien pour que ça ne se reproduise pas [le RN en tête du scrutin comme aux européennes, ndlr] et que le RN ne passe pas”, assène le récent champion d’Italie avec l’Inter. Selon lui, sa position de faire barrage à l’extrême droite est partagée par une majorité du vestiaire, si ce n’est l’entièreté.
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“En équipe de France, je pense, enfin j’espère, que tout le monde partage le même avis que moi. Je n’ai aucun doute que tout le monde partage ma vision sur les choses”, affirme-t-il. “Nous sommes dans un pays libre et chacun doit faire ce qu’il sent, ce qui est juste. Moi, je suis devant vous et je dis certaines choses. D’autres personnes ne peuvent pas le dire mais, je le redis, j’ai zéro doute sur le fait que tout le monde pense comme moi.”
Une déclaration et une polémique pour Kylian Mbappé, silence pour Didier Deschamps
Ce dimanche, c’était au tour de Kylian Mbappé de se présenter devant les journalistes. Une sortie attendue pour voir si le nouveau joueur du Real Madrid allait prendre la parole sur ce sujet d’actualité. Comme son compère sur le front de l’attaque Marcus Thuram, avec qui il “partage les mêmes valeurs”, le Bondynois n’a pas esquivé et a donné le fond de sa pensée.
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“On est dans un moment crucial dans l’histoire du pays. Il faut savoir faire la part des choses et voir les priorités. On est des citoyens avant tout, on ne doit pas être déconnectés du monde”, déclare-t-il en préambule. Et d’enchaîner : “J’ai envie de m’adresser à tout le peuple français et à la jeune génération en particulier. On voit que les extrêmes sont aux portes du pouvoir. On a la possibilité de tout changer.”
Sans avoir verbalisé son intention de vote à la fin du mois, Kylian Mbappé a tout de même généré une polémique auprès des sympathisants de gauche en utilisant le terme “les extrêmes”, comme s’il renvoyait dos à dos le Nouveau Front populaire, la force politique issue de l’union des partis de gauche, et le Rassemblement National.
Dans la foulée du capitaine des Bleus, le sélectionneur de l’équipe de France a aussi été interrogé sur les législatives. Il s’est refusé à tout commentaire sur les déclarations de ses joueurs et à donner son opinion politique. Lorsqu’on lui rappelle sa critique de Jean-Marie Le Pen lorsqu’il était lui-même capitaine en 1996 — “comme d’habitude, Le Pen raconte n’importe quoi” — il élude ainsi : “À ce moment-là, c’était une personne qui s’était permis d’attaquer en frontal les joueurs. Je l’ai fait parce qu’on attaquait les joueurs, que j’étais capitaine et que ce n’était pas possible. Nous, on est unis et on fera tout pour le rester.”
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