Manchester City – Manchester United : le jour où le théâtre des rêves a failli devenir mon pire cauchemar

Publié le par Damien Garcia,

Derby mancunien en finale de FA Cup, le troisième de la saison. Fan de United, j’ai eu la chance d’assister à celui à Old Trafford, mais ça ne s’est pas passé comme prévu…

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Pourquoi je soutiens Manchester United ?

Avant de vous raconter mon épopée, mettons les choses au clair. Je suis tombé amoureux d’Anthony Martial le soir du match retour de Ligue des champions opposant Arsenal à Monaco. Les Monégasques sont allés s’imposer 3-1 à l’Emirates Stadium et Anthony Martial est devenu une évidence pour moi. Depuis, je suis tous les faits et gestes du joueur et soutiens Manchester United par procuration.

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Ma mère a toujours eu un intérêt certain pour le foot et ces dernières années, elle l’a alimenté à travers moi. Alors pour mes 25 ans, elle a émis l’hypothèse de m’emmener voir Manchester United jouer. Séduit par l’idée, j’ai commencé à regarder le calendrier. Surprise ! Le derby mancunien a lieu le 14 janvier à Old Trafford, soit une semaine avant mon anniversaire. On s’est alors empressés d’obtenir des billets et c’est là que les galères ont commencé. Les billets sont accessibles par loterie.

Spoiler alert : on n’a pas gagné à la loterie. Déçus mais lucides, on s’est résignés à dire au revoir au derby. Ce n’est que quelques jours plus tard, après avoir accusé le coup, qu’on se renseigne sur la revente de billets. Après avoir écumé Internet, notre attention s’arrête sur un site qui semblait plutôt fiable. Précautionneux, je me renseigne en lisant des avis qui ont fini de nous convaincre. On se lance alors dans cette aventure avec une petite appréhension puisqu’il était précisé que les places seraient communiquées la veille du match. On venait d’acheter une promesse.

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Manchester n’étant pas la ville la plus sexy d’Angleterre et ma mère appréciant Londres, elle décide de passer le week-end dans la capitale et de faire l’aller-retour pour Manchester le jour du match. Tout cela en train, évidemment (davantage pour ma peur de l’avion que mon empreinte carbone).

Veille de match

Footballistiquement parlant, la journée n’avait pas grand intérêt. Par contre, dans notre quête de derby, le vendredi 13 janvier était une date cruciale. L’interminable décompte était terminé, nous devions recevoir nos billets pour le match.

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La pression commence à monter du côté de ma mère, lorsqu’à 23 heures, allongée sur le lit de l’hôtel, le ventre plein de mon festin d’anniversaire, elle n’avait toujours pas reçu les billets. Pour ma part, comme je suis plutôt cartésien, je ne suis pas plus stressé que cela. Ce retard était sûrement lié à l’enjeu du match : le club doit communiquer les places au dernier moment pour éviter les reventes abusives. C’est en tout cas ce que je m’efforçais de croire. Confiant, je pense déjà au lendemain matin, lorsque ma mère m’annoncera que nous avons reçu les billets durant la nuit. De quoi partir à la gare l’esprit léger.

7 heures du matin

Le réveil n’est pas celui espéré… “Toujours rien“, m’annonce ma mère. Il reste encore du temps avant le match, qui est prévu pour 12 h 30 : pas de quoi paniquer. Cependant, le trajet pour Manchester est spécial. Dans le train, on croise tout un tas de fans vêtus de leurs tuniques rouges, prêt à perdre leurs voix dans le stade. J’ai également mis mon maillot, pourtant, je ne me sens pas à ma place. Comme moi à leur égard, ils doivent être convaincus que dans quelques heures, je cracherai tout l’air de mes poumons pour soutenir les Red Devils.

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10 h 30 du matin

En sortant du train, toujours rien. On ne peut plus faire marche arrière, alors plutôt que paniquer, on s’aventure dans les rues froides de Manchester, à la recherche du tram qui nous guidera vers le théâtre des rêves.

Nous devons en laisser passer un avant de réussir à monter dans le deuxième. Euphoriques, les supporters se mettent à chanter, et ce jusqu’à l’arrivée. Plus j’entends ces chants, plus je suis amer. À chaque cri, ma future désillusion se dessine un peu plus. Je suis incapable de m’imprégner de cette sulfureuse atmosphère d’avant-match.

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12 h 00

Adieu, Old Trafford ; adieu, le théâtre des rêves ; adieu, Anthony Martial. On doit s’éloigner du stade pour capter la 4G et actualiser la boîte mail. Je vois au loin ces foules s’enfoncer dans l’obscurité des tunnels d’Old Trafford, sans moi, et je n’y peux rien. Il pleut, il fait froid, plus j’actualise l’écran, moins je sens mes mains. On ne peut même pas joindre le service de revente de billets puisqu’il est situé aux États-Unis, où il fait nuit.

Je ne saurais pas expliquer ce que je ressens à ce moment-là. Je me suis fait à l’idée que je ne pourrais pas assister au match. Pourtant, je reste là, face au stade, à attendre que ma déception se concrétise, avec l’infime espoir que le mail arrive. Mais qui reçoit des places 20 minutes avant un match ? Ces minutes qui ne passent pas sont les plus longues et frustrantes de ma vie. Gelé devant Old Trafford, vidé de tout espoir, j’attends midi et demie, que le match commence, pour enfin accepter mon sort.

12 h 15

L’impensable se produit, on reçoit les deux billets. Euphorique et incrédule, je me mets à courir vers le stade en oubliant que ma mère a bientôt 60 ans et qu’elle ne peut pas suivre la cadence. Juste avant de pénétrer dans les travées, un garde nous arrête et nous signifie qu’il faut poser notre sac, en pointant du doigt l’extérieur du stade. Je ne comprends pas où. Je croise une personne du staff et sors mon meilleur anglais : “Where can I put my bag ? WHERE CAN I PUT MY BAG ?” saupoudré d’un sublime accent français. On arrive dans la file pour déposer le sac, ce sont les minutes les plus longues de ma vie, après celles passées à attendre le billet. Je suis face à Old Trafford et je ne peux pas rentrer parce qu’il faut que je pose mon sac.

Sac déposé. Il est 12 h 25 et nous voilà bloqués dans la queue en attente de se faire fouiller. Ce sont les minutes les plus longues de ma vie, après celles passées à attendre le billet et celles passées dans la queue pour déposer mon sac. On passe la fouille, on scanne les billets, on monte les escaliers et nous y voilà : le théâtre des rêves, enfin. La présentation des joueurs vient à peine de se terminer, on arrive juste à temps pour le début du match.

Ici, absolument tout le public chante, il n’y a pas seulement deux kops qui se répondent. Après avoir été mené 0-1, Manchester United a su remonter et s’est imposé 2-1, un scénario incroyable pour un premier match en Angleterre. Je vous laisse sur cette superbe vidéo du deuxième but :