Mais pourquoi il n’y a quasiment que des hommes blancs dans la mode ?

Publié le par Coumbis Hope Lowie,

© Clem Onojeghuo / Unsplash

La question est vite répondue mais on a quand même décidé d’en faire un article.

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Pendant que James Brown chantait qu’on vivait dans un monde d’hommes, ABBA gazouillait qu’on était clairement dans un monde d’hommes riches. Et quand on regarde les sphères de la mode et du luxe, on peut même ajouter qu’on vit dans un monde d’hommes riches blancs. Et franchement, rien de vraiment étonnant au vu de notre quotidien, de l’actualité, de l’Histoire…

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Mais dans l’imaginaire collectif, la mode est cet univers faussement à part et parfois incompréhensible où la singularité semble être célébrée et où tout le monde a le droit d’être ce qu’il veut. À condition que le “ce qu’il veut” soit mince et blanc. Parce que comme le dit Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada, la mode est intrinsèquement liée aux sociétés dans lesquelles elle évolue et on vit dans des sociétés où la minceur et la blancheur sont érigées en étendard de beauté et de réussite. Résultat : sur les podiums, les mannequins sont très minces, voire maigres, et à la tête des maisons de couture et de mode, les directeurs artistiques sont bien souvent des hommes blancs.

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Sans mentir, on s’en doutait et beaucoup le savaient déjà, mais c’est la nomination du créateur irlandais Sean McGirr en tant que successeur de Sarah Burton chez Alexander McQueen qui a mis le feu aux poudres et aux tweets. Cela signifie que les six directeurs artistiques du groupe Kering – qui réunit les marques Gucci, Yves Saint Laurent, Balenciaga, McQueen, Bottega Veneta et Brioni – sont des hommes blancs. Aucune femme, aucune personne racisée, nada.

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Sur le site du groupe, il est écrit que chez Kering, c’est le talent qui compte le plus, et que le groupe est engagé à avoir plus de diversité dans ses lieux de travail parce qu’il est persuadé qu’elle est, dans toutes ses formes – genre, âge, nationalité, culture, religion, orientation sexuelle –, une source enrichissante de créativité. Mais il semblerait que le talent y soit exclusivement blanc et masculin, puisque dans la liste des vingt-neuf directeurs artistiques qui ont dirigé les six marques, seulement cinq étaient des femmes.

Et malheureusement, les autres grands groupes de luxe ne sont pas mieux lotis, puisque à la direction artistique, on y retrouve seulement quelques femmes et majoritairement blanches, comme Maria Grazia Chiuri chez Dior, Virginie Viard chez Chanel ou Nadège Vanhee-Cybulski chez Hermès, et on ne compte que deux hommes racisés, Pharrell Williams chez l’homme Vuitton et Maximilian Davis chez Ferragamo, et une seule femme racisée, Sandra Choi chez Jimmy Choo. Et c’est un peu une nepo baby, puisqu’il s’agit de la nièce de la femme de Jimmy Choo en personne, mais y a tellement rien à gratter qu’on l’accueille les bras ouverts.

Chloe Kennedy, une twittos fan de mode, nous a fait l’inventaire du manque de diversité dans la direction artistique des groupes de luxe, et c’est un peu triste et révoltant quand on sait à quel point le mélange des cultures et des classes sociales influence la mode :

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Mais on peut se rassurer en se disant que, cette fois-ci, beaucoup des gens haut placés et de médias n’ont pas hésité à pointer du doigt cet entre-soi et que, peut-être, on dit bien peut-être, cela va amener à une plus profonde réflexion et, qui sait, un changement.