L’exposition Titanic est-elle un naufrage ou mérite-t-elle un embarquement immédiat ?

Publié le par Mélissa Chevreuil,

© Verónica Basanta Lois

Promis, comme on a déjà tout donné niveau jeu de mots dans le titre, sur la suite, on se calme.

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Des semaines que je vois l’exposition “Titanic” à Paris dans mes “Pour toi” sur TikTok, entre deux vidéos de Morgane Makeup et de hamsters mignons. Les influenceur·se·s et autres usager·ère·s random de la plateforme sont plutôt formel·le·s : c’est l’événement du moment, qui vaut le coup (et le coût, soit 19 euros pour les enfants et 24 euros pour les adultes). Même si je ne suis pas spécialement fan du film signé James Cameron ou passionnée d’Histoire au point d’avoir étudié la tragédie, ma curiosité est piquée juste ce qu’il faut pour m’y embarquer.

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Et je ne crois pas si bien dire : à l’entrée, on vous file un boarding pass du plus bel effet, qui est en réalité une reproduction de celui d’un·e vrai·e passager·ère ! Vous avez ainsi son nom, son genre, son âge, mais aussi avec qui il ou elle voyage, la raison du séjour, et même dans quelle classe il ou elle était. Pas de bol, j’écope de la 3e visiblement, moi qui aime tant le luxe… J’étais malgré tout agréablement surprise, pensant devenir le temps d’une heure 30 (temps d’estimation de la visite) “Edith Nile” si j’en crois mon billet d’entrée, et d’ores et déjà prête à mille et une interactions avec cette nouvelle identité. Je me fourrais gentiment mais sûrement le doigt (ou l’iceberg) dans l’œil.

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© Verónica Basanta Lois

L’exposition est des plus… classiques. Une suite de couloirs avec une myriade d’informations, trop peut-être. Les connaisseur·se·s et curieux·ses du naufrage en auront pour leur argent, tant le cadre est généreux en chiffres et anecdotes. Les panneaux à lire sont partout, sur tous les murs, et n’ont rien de particulièrement pédagogique. Les objets d’époque, véritables reliques, sont également très présents et sous vitrine. Le tout fait toutefois très fouillis. Dès qu’on arrive dans une pièce ou un couloir, on ne sait plus vraiment où donner de la tête, et pas de manière très méliorative. À noter que j’ai eu la mauvaise idée d’y aller un samedi, les 2 000 mètres carrés étaient bondés comme jamais, ce qui a renforcé le côté pénible de mon tour des lieux.

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Le panache de Kate Winslet

Point honorable, on trouve et retrouve tout de même énormément d’hommages aux passager·ère·s passé·e·s de vie à trépas. Mais aussi noble soit cet aspect, il est compliqué de ne pas… s’ennuyer. Pour couper avec ces couloirs à l’envi, il y a bien un fond vert (un peu kitsch) et quelques reproductions, dont certaines propices à vos plus belles photos Instagram, comme le grand escalier, parfaitement recréé, qui vous donnera le panache de Kate Winslet, à n’en douter.

@titanictx Titanic: Photos of What the Grand Staircase Really Looked Like (Olympic)#titanic#titanicmovie#titanicfansofficial#titanichistory#jamescameron#history ♬ original sound - "Titanic" Movie Details

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On trouve, un peu plus loin, comme un morceau d’iceberg sur lequel vous pouvez mettre votre main pour vous rendre compte du froid contre lequel se sont battu·e·s les rescapé·e·s. Quelques lumières changent au gré des pièces, l’idée étant de commencer par des endroits baignés par des couleurs chaudes (quand tout allait bien), avant de rentrer en collision avec le fameux iceberg. Les lumières changent alors, une salle devient rouge, l’autre d’un bleu glacé. L’idée est fabuleuse, il faut bien l’avouer, et tend à une sorte de jeu vidéo où la progression du joueur est marquée par l’ambiance plus pesante au fur et à mesure des niveaux. Le problème, c’est que l’idée est juste sympa car trop superficielle et pas davantage creusée.

Ce jour-là, je reste Mélissa Chevreuil – et croyez-le ou pas, c’est déjà beaucoup. Mais je ne suis pas l’une des passagères comme ma carte d’embarquement pouvait me le faire miroiter. Pas d’interactions particulières. Pas de sentiment d’immersion. Les reproductions, assez chiches en passant, ont un goût de carton ou de décor trop joliment lisse issu de Disneyland, hormis le fameux grand couloir qui tire son épingle du jeu par sa grandiloquence. À aucun moment, je n’ai été émerveillée – alors que je suis très bonne cliente. À aucun autre, je ne me suis sentie émue, même dans l’ultime pièce où, spoiler, on découvre si le passager de notre boarding pass donné au début a survécu ou non. La visite est bien trop froide pour créer soudainement et sans crier gare un pic d’émotion.

Alors peut-être aussi que la faute me revient, je n’étais pas assez impliquée par ce qu’était le Titanic. Peut-être que j’en attendais trop, ayant désormais la mauvaise habitude des expositions immersives qui tendent davantage à l’escape game. Peut-être suis-je juste aigrie ? Possible, ça serait donc ça la Virgo season que tout le monde (“tout le monde” = deux collègues) redoute tant ? Au fond qu’importe mon avis, avec ou sans lui, l’expo est un banger qui a été prolongé jusqu’au 1er octobre. Il n’est donc pas trop tard pour que vous vous fassiez votre propre opinion !

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“Titanic : l’exposition” est à visiter à Paris Expo – Porte de Versailles, jusqu’au 1er octobre 2023.