“J’aime pas les cheveux courts, ça casse tout le glamour“. Cette phrase, lâchée entre deux sanglots par Marie Garet dans la saison 4 des Anges de la téléréalité (on a la culture gé qu’on mérite, écoutez), est souvent la cible de moqueries, puisque détournée en mèmes à l’infini. Si je ne suis pas d’accord sur sa définition du glamour, étant persuadée que les cheveux courts sont également une preuve d’élégance, je la rejoins sur le fait qu’une expérience chez le coiffeur peut être bouleversante au point de nous faire monter les larmes. J’en ai eu moi-même la très récente expérience dans un salon-spa en vacances en Corée du Sud, à Séoul plus précisément.
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Évidemment, comme toute personne avec un feed taillé pour la hype, j’ai vu les fameux spas ultra-viraux en plusieurs étapes censés détoxifier les cheveux. Ça tombe plutôt à pic, les miens en ont bien besoin. Je vis dans Paris intra-muros aka le temple de la pollution. J’ai ce qu’on appelle des dermites séborrhéiques, soit de la peau morte au niveau des racines dès que je suis en période de stress (c’est-à-dire très, très souvent) et j’ai subi des traitements médicaux qui m’ont fait perdre la plupart de mes poils sur le caillou. Même si, depuis, ça a repoussé, je le vois, je le sens, je le sais : mes cheveux sont très fragilisés. Ce traitement est donc autant une expérience menée par la curiosité qu’un espoir d’être sauvée.
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Gangnam style
Je trie et décide d’esquiver les spas trop recommandés par les influenceurs, n’ayant pas forcément confiance sur leur objectivité quant au résultat. Mon dévolu se jette sur la clinique du docteur Lee Moon Won. Déjà, parce que vous l’aurez compris, c’est un docteur et que cette simple donnée me rassure – pas question de confier ma précieuse tête à n’importe qui à l’autre bout du monde. Ensuite, c’est à Gangnam, aka le berceau historique de la beauté et des soins. Quelque part entre l’affolante et too much opulence, sitôt sortie de mon métro parmi les rats (c’est faux, le métro à Séoul sent bon, prend note Valérie Pécresse), je me sens dans mon élément.
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Le docteur Lee Moon Won a une clinique qui ressemble à tout sauf une clinique. C’est une sorte de villa blanche d’housewife qui a réussi sa vie, avec un jardin rempli de papillons très instagramables. Il y fait planter la plupart des produits qu’il met ensuite dans nos veuchs. Je remarque également que sa tête est partout sous forme de logo, ce qui me donne le sentiment d’être aux States. Ici comme à L.A (note : je ne suis jamais allée à L.A, donc je ne fais que supposer), les docteurs sont avant tout des marques. Je m’installe et à ma grande surprise, le personnel parle très bien anglais.
On me met à l’aise et, première étape, et pas des moindres, on m’invite dans une petite salle pour faire une analyse de mon crâne. Une assistante me montre des clichés pris avec un gros zoom des familles et là, c’est le drame, le tournis s’empare de moi. Je vois mon cuir chevelu dans les moindres détails et c’est plus sec qu’un désert. Les croûtes sont solides et blanchâtres. J’ai envie de vomir et de pleurer. On me rassure et le docteur arrive pour constater lui-même les dégâts. S’il est impressionné (et moi paniquée) par la fragilité de mes cheveux, il est confiant : le spa ne peut me faire que du bien. Je n’ai pas besoin de lui donner beaucoup de détails sur mon historique capillaire : en un coup au microscope, il voit tout, comprend tout. Cela me rassure pour la suite.
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Crâne qui fume et nouvelle âme
La partie spa commence enfin et je ne reverrai plus le docteur qui laisse les nombreuses esthéticiennes de son centre s’occuper de ma tête au gré de beaucoup, beaucoup d’étapes. Direction une petite salle sombre à l’ambiance très Bali (note : je ne suis jamais allée à Bali, donc je ne fais que supposer). J’enlève le haut et mes chaussures et let’s go. Cela commence par un massage pour améliorer ma circulation sanguine, probablement le massage le plus agréable de ma vie. Suivra une séance de “détartrage” (oui, oui, comme pour les chicots) afin de purifier les racines. Je ne saurais pas réellement vous expliquer le procédé, ne maîtrisant pas encore le coréen (joesonghabnida) mais ce que je peux vous dire, c’est que mon crâne… fumait ! Un fait impressionnant mais indolore, comme tout le reste des soins.
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Débute ensuite une stimulation de la croissance des cheveux par radio fréquence. À nouveau, on me demande non pas si je suis stressée mais pourquoi. Et vous savez, c’est un peu comme quand on demande “Ça va ?” à quelqu’un aux yeux fraîchement rougis par les larmes. Forcément, c’est une mauvaise idée. Je retiens les miennes et je hoche les épaules. Commence alors un nouveau massage à base d’huiles cicatrisantes. Si le paradis avait une odeur, ça serait celle-ci. J’étais censée prendre plein de photos, j’oublie et m’endors, enfin.
La suite est moins singulière : on me lave les cheveux, m’applique un spray à base de plantes (les fameuses du jardin aux papillons) pour la croissance puis je me fais coiffer par une designer-styliste. J’étais également un peu sur mes réserves quant à cette partie, car je n’ai pas le cheveu épais et raide de la clientèle habituelle et j’avais peur de sortir de là avec un lissage qui lisse façon Mona Lisa. Il n’en sera rien. La coiffeuse, à l’écoute, fait de moi la star de K-drama que je pense être avec un brushing qui brushe bien comme il faut. Après deux heures (!) de soins, j’ai droit à ma petite boisson fortifiante au riz. Je la goûte par politesse : le lait de riz, de base, très peu pour moi. Quelle erreur : le breuvage, comme le reste de cette expérience émotionnelle et capillaire, est un voyage onctueux qui ne rend mon retour à la réalité que plus délicat. Même si, au moins et pour une fois, je sors de quelque part avec de jolis cheveux – et une âme apaisée.
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