“C’est l’excellence opérationnelle”, me lance un serveur en me remplissant une coupe de champagne avant même que je n’aie eu le temps d’en exprimer l’envie. Décidément, on ne s’habitue jamais vraiment à la vie de château. Encore moins quand on a les fesses confortablement vissées sur un siège molletonné de la salle de cinéma la plus chic de Paris, un bento gastro à la main et des bulles dans l’autre. Mes ancêtres prolétaires me jugent un peu, mais bon. Il faut savoir se faire plaisir parfois, non ?
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Pour leur troisième événement Priceless Dîneurs, les équipes du Fooding ont donné rendez-vous aux gourmand·e·s et aux cinéphiles dans l’antre du Grand Rex pour une nouvelle soirée où septième art et septième repasse de champagne cohabitent dans la même phrase. Au menu du soir : Niki de Céline Sallette accompagné de délicieux bentos de chez OGATA, sur lit de bulles Piper-Heidsieck et de folle exclusivité.
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Le concept, qui nous a fait pénétrer les jardins du Ritz par le passé pour voir Pierre Niney jouer dans un film de Michel Gondry, nous traîne cette fois dans la toute neuve salle Infinite du mythique cinéma parisien. Alors certes, sur papier, l’endroit fait moins rêver que les jardins du Ritz. Mais ne vous méprenez pas : ce n’est pas n’importe quelle salle de cinéma que vous pénétrez ici.
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Croquettes de pommes de terre et prunes salées
Avec ses allures de bunkers pour riches qui auraient payé assez cher leur ticket pour s’échapper de l’apocalypse en dégustant du caviar, la salle Infinite offre une expérience cinéma unique en son genre. Fauteuils molletonnés, lumières tamisées et murs feutrés servent de décorum à ce joyeux début de soirée qui nous attire rapidement vers le bar du fond de la salle pour une première tournée de bulles accompagnées d’une korokke, sorte de croquette japonaise d’écrasé de pommes de terre, d’oignons et de viande de bœuf haché. Miam miam.
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“C’est quoi le film ? Je suis venue pour OGATA”, nous lance l’adorable Catherine dans la queue (on ne lui a pas demandé son prénom, mais ça lui va bien au teint, “Catherine”). Comme elle, beaucoup sont surtout là pour goûter aux délices de la très prisée adresse parisienne qui rassemble sous le même toit salon de thé, restaurant, bar, boutique et galerie.
Pour ma part, j’ai déjà vu le film à Cannes (eh oui, monsieur a des contacts). Mais j’ai trop la dalle et un frigo bien trop vide pour refuser l’invitation. Et puis, je n’ai jamais goûté de bento de ma vie – c’est quoi, d’ailleurs ? Servi directement à mon siège, je découvre que le bento est une sorte de pique-nique, servi en boîte.
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Dedans s’y mêlent plusieurs mets japonais : de l’aubergine agebitashi, du konjac, de la truite grillée au sel de Guérande, du poulet soboro. La régalade, quoi. Dans tout ça, je me demande ce à quoi ressemble l’umeboshi indiqué dans le menu, parmi tous les composants colorés de ce joli pot-pourri culinaire.
Niki
Le film est présenté par l’autrice Iris Brey, spécialiste de la question du genre et de ses représentations, notamment sur grand et petit écrans, qui pose les bonnes questions à une Charlotte Le Bon aussi délicieuse à entendre que nos bentos sont délicieux à savourer. “C’est drôle, on vous entend manger”, s’amuse, entre deux réponses, l’actrice française, à la veille d’un succès international certain avec un rôle décroché dans la prochaine saison de The White Lotus.
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Dans Niki, Le Bon interprète l’artiste visionnaire Niki de Saint Phalle, dans un film brillamment dirigé par Céline Sallette et qui décide d’explorer les façons dont les traumatismes de l’artiste ont façonné ses œuvres et sa vision. Bon, pour rappel, je l’ai déjà vu, et je sais donc déjà que le film est truffé de poésie et de split screens de génie, mais je fais “crari” je découvre tout ça avec un plaisir que je n’ai pas vraiment besoin de feinter tant l’énergie et le talent de Charlotte Le Bon invitent à l’admiration. On est bien, là.
Le film commence, je me régale. Mais une question me turlupine toujours : c’est quoi, de l’umeboshi ? Alors que les lumières s’éteignent, je me fais une raison : le reste de cette recherche se fera à l’aveugle, et ce n’est ni le moment ni l’endroit pour assumer que je maîtrise aussi mal les baguettes que la remise en question. Autant vous dire que ma tenue du soir a autant profité du repas que mon gosier.
Une fois encore, merci, Le Fooding, de permettre au jeune galérien que je suis de vivre la vie de château, le temps d’une soirée, avant de rejoindre mon 20 mètres carrés et mon frigo vide. Mon estomac et ma cinéphilie vous en remercient. Ah, et j’ai fait mes recherches sur Google : les umeboshi, ce sont des “prunes salées”. Une vraie frappe.