J’ai essayé le futnet (le tennis-ballon, quoi) à Clairefontaine avec l’équipe de France

Publié le par Damien Garcia,

© Konbini

Rares sont les personnes qui peuvent se targuer d’avoir rencontré des champions du monde à Clairefontaine ; moi, c’est le cas.

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Vous êtes plus volley, foot ou tennis ? Pas besoin de répondre, je vous propose un parfait mélange des trois : le futnet. On retrouve le terrain de tennis, le ballon de foot, et plus ou moins les règles du volley. Pourtant, pour vraiment apprécier le futnet, il faut s’affranchir des codes de chacun de ces sports, sinon on risque d’être déçus. C’est une pratique à première vue étonnante et qui peut même paraître frustrante, pourtant, on y prend vite goût.

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Clairefontaine…

Un jour, lors d’une conférence de rédaction (le moment où on parle de nos idées d’articles), on m’a demandé : “Tu veux aller à Clairefontaine ?” Sans hésiter j’ai répondu : “Oui !” Quel fan de foot refuserait d’aller à Clairefontaine ? Puis on m’a précisé : “C’est pour du futnet”, et là, aussi sans hésiter, j’ai répondu : “Ah…” Bon, sur le moment, je ne savais pas vraiment ce que c’était, le “futnet”. J’étais surtout déçu de ne pas aller voir les Bleus. En même temps, il fallait être stupide pour croire que j’allais croiser Kylian Mbappé alors qu’on n’était pas en période de trêve internationale.

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Bref, trois semaines plus tard, me voilà à Clairefontaine pour découvrir et essayer le futnet. Je ne me suis pas spoilé la pratique. Je sais que c’est du tennis-ballon, c’est tout (un exemple à ne pas suivre si vous voulez devenir journaliste). Je peux vous dire que quand je suis entré dans le gymnase et que j’ai découvert la hauteur du filet, j’ai déchanté (oui, j’ai sauté des étapes, et notamment le passage où je découvre Clairefontaine, sinon ça va être trop long. Mais c’est un merveilleux petit village, où les gens sont beaux et se déplacent en voiturette de golf).

Le superbe filet de futnet

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Voilà une superbe photo pour vous faire une idée (je sais, on ne comprend rien, mais je n’ai pas mieux. Je fais 1,87 m. Ce n’est pas pour flex mais évidemment pour montrer que le filet est haut). Pour ne rien vous cacher, quand on m’a dit “tennis-ballon”, je me voyais déjà à la plage, avec un filet qui arrive juste au-dessus de mes genoux. Finalement, c’est en intérieur, et le filet est à la hauteur de mes hanches.

Futur crack ?

Je vous ai parlé de mon niveau au foot ? Transversale, passe appuyée, grosse mine, je me débrouille. En revanche, quand il s’agit de conduite de balle, surtout dans les airs, il ne faut pas compter sur moi. Je n’ai jamais réussi à faire plus de dix jongles, mais pas de quoi me décourager ! Guillaume Ortis, sélectionneur de l’équipe de France de futnet, m’explique les règles, et on se lance dans un 3 contre 3 avec son staff. Le but : faire des passes en l’air avec le plat du pied, pour remonter le ballon vers le filet et le renvoyer de l’autre côté.

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Bien que dubitatif avant d’essayer, je prends rapidement du plaisir, et c’est sans doute la force de la pratique. Pas besoin d’attendre six mois d’entraînement pour commencer à s’amuser. Il n’empêche que je suis un peu frustré de ne pas pouvoir allumer mes adversaires. La seule fois où j’ai essayé, c’est avec une espèce de coup de pied marteau, et j’ai terminé avec le filet entre les jambes. Je vous avais dit que j’étais grand. Heureusement, les joueurs n’ont pas vu ça, ils sont arrivés après nous, pour débuter leur entraînement.

“Tu verras, c’est spectaculaire”

Je ne me souviens pas de la première retournée acrobatique que j’ai vue de ma vie. En revanche, je me souviens de la première que j’ai vue au stade. C’était celle d’Edinson Cavani, au Parc de Princes, face à Ludogorets. Ce n’était pas la plus spectaculaire, pas la plus décisive, et pas contre le plus grand des clubs, mais ça reste une action qui a marqué ma vie de supporter.

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Il faut dire que c’est un geste unique. Le temps d’un instant, tout s’arrête. La respiration coupée et les yeux rivés sur ce corps en suspension qui s’apprête à frapper la balle. Bien souvent, le geste n’aboutit pas et se ponctue d’un simple “woooh” des supporters. En revanche, quand il est réussi, on s’en souvient longtemps, demandez à Cristiano Ronaldo, Wayne Rooney ou Zlatan Ibrahimović. Si je vous dis tout ça, c’est parce qu’au futnet, les retournées acrobatiques, c’est monnaie courante.

On m’avait prévenu que le triple était spectaculaire, je vous avoue que je n’ai pas été déçu. Ce n’est pas pour rien que c’est le format phare de la discipline. Chaque joueur a ses spécificités : on retrouve le défenseur, qui doit réceptionner le service et le transmettre au passeur, qui se charge de mettre l’attaquant dans les meilleures dispositions, pour qu’il puisse armer sa retournée acrobatique. Bon, par contre, si vous essayez la pratique, ne vous attendez pas à caler des retournées dès le début. Allez, on s’en remet une petite, supplément passe en une touche :

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Eh Amine, si tu passes par là, je suis prêt pour la Kings World Cup.

Comment devient-on joueur professionnel de futnet ???

Évidemment, c’est la première question que je me suis posée. Quand est-ce que dans ta vie tu en viens à te dire : “Ça, je vais en faire mon métier !” Eh bien, j’ai posé la question aux joueurs. La plupart ont découvert avec la pratique du foot, qu’ils ont peu à peu délaissé pour le futnet. Mais il y a aussi des joueurs qui viennent d’autres sports, notamment les arts martiaux, ou encore le tennis, comme précise Guillaume Ortis.

Pour le sélectionneur, c’est une longue histoire. Originaire de Sète, il a toujours pratiqué le futnet, sans vraiment le savoir. Quand il a compris que “le sport de plage” de sa ville pouvait devenir “un sport de haut niveau”, il n’a pas hésité. “Les gens pensent qu’on est des joueurs de foot […], le ballon nous rassemble mais on prend un chemin différent.”

Le futnet est devenu une bonne alternative au football en club. Arrivé à un certain âge, les entraînements plusieurs fois par semaine deviennent trop contraignants et la FFF accuse une perte de licenciés. Alors, tout comme le futsal, le futnet est devenu une bonne alternative pour la fédération. Encore en train de se professionnaliser, il est difficile de vivre de la pratique aujourd’hui, nombreux sont les joueurs de l’équipe de France qui ont un métier à côté. Pourtant, ça ne les a pas empêchés de devenir champions du monde de double :