Cet article a d’abord été publié dans notre newsletter Fast Forward le 5 décembre 2024.
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Cette semaine, je vous envoie une petite carte postale pleine de détails depuis le séjour que j’ai eu la chance de passer à la Villa Igiea à Palerme. Je parle du soleil d’hiver de la Sicile, de ride en Viano et de cacio e pepe aux gambero rosso imaginés par le chef Fulvio Pierangelini dans mon long papier ici, mais ce matin, je vous parle juste d’une heure privilégiée, assis contre le comptoir centenaire en marbre du Terraza bar de l’hôtel.
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La secrète salle voûtée est électrique ce samedi soir ; des Italiens à lunettes à montures épaisses trinquent avec des Italiennes à robes en soie qui ont le droit, voire le devoir, de trop briller. Une DJ passe un remix easy listening terriblement douteux mais terriblement efficace d’Avicii et, derrière le bar, deux pontes commencent à enchaîner les shakers.
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Salvatore Calabrese et Federico Pavan déroulent les gestes minutieux, sourire aux lèvres aussi millimétré que les broderies de leurs initiales et leurs boutons de manchettes dépassant parfaitement des manches de leurs costumes taillés à la hauteur de leur réputation. Le premier est le créateur de l’ambiance des lieux et un ponte du cocktail reconnu à l’international. Le second, son disciple, signe la carte du Donovan, le plus vieux bar de Londres. La solennité du lieu et l’anonymat feutré alignent les planètes d’un moment hors du temps, qui me font presque remettre en question mes trois années de sobriété choisie.
Assis contre le bar, à la place de Burt Lancaster, Claudia Cardinale et Alain Delon, qui ont séjourné ici pendant le tournage du Guépard de Visconti, je commande un negroni sans alcool. Le cocktail est préparé avec quelques flacons que je connais – dont l’excellent BTTR de chez JNPR –, mais c’est surtout le soin apporté à mon verre qui transforme l’expérience. Cubes de glace brillants, verre au buvant ciselé, essence des zestes d’une orange locale, tout est agencé avec le plus grand soin.
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L’amertume de la première gorgée engueule d’une baffe mon éternel “une San Pe, ça suffit”, avec la si agréable sensation d’une complexité qui n’a, vraiment, rien à envier à un cocktail alcoolisé. La salle, que j’avais occultée un instant de mon esprit, reprend son rythme et les fieffés barmen s’attellent à un autre verre. On se rappelle aussi que le bar est le cadre d’un dîner de la saison 2 de The White Lotus où les personnages de Jennifer Coolidge et Haley Lu Richardson se retrouvent à dîner avec leurs dates de vacances. Ça en fait, des fantômes chics.
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération. Article rédigé dans le cadre d’un voyage presse organisé par Villa Igiea, a Rocco Forte Hotel et l’agence Pascale Venot.