À quelques jours du jugement de Christophe Galtier pour discrimination et harcèlement moral lorsqu’il était entraîneur de l’OGC Nice (2021-2022), L’Équipe révèle ce mardi la teneur des accusations visant le technicien aujourd’hui à Al-Duhail. Dans cette longue enquête menée par le quotidien sportif, plusieurs joueurs présents et membres du staff du Gym à l’époque ont dénoncé aux enquêteurs des propos racistes et discriminatoires de l’ancien coach des Aiglons.
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“Une équipe de Noirs”, loin “de la réalité de la ville”
Tout a commencé en janvier dernier, quand l’affaire a éclaté suite aux révélations de RMC Sport et Romain Molina sur le mail envoyé six mois plus tôt par Julien Fournier, ancien directeur du football de Nice. Il mentionne une discussion avec Galtier dans laquelle ce dernier se plaint de la composition de l’effectif, qui ne tient pas “compte de la réalité de la ville” : “Il m’a dit : ‘hier soir, je suis allé au restaurant et tout le monde m’est tombé dessus en disant que nous avons une équipe de Noirs’.”
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Outre le mail de Julien Fournier, qui a permis l’ouverture par le parquet de Nice d’une enquête préliminaire, on apprend dans les colonnes de l’Équipe que des joueurs et des membres du staff de Nice ont aussi chargé Christophe Galtier. À commencer par Frédéric Gioria, entraîneur adjoint et grande figure du club.
Un problème musulman et une injonction à rompre le jeûne pendant le Ramadan
Aux policiers, il confirme la discussion du restaurant et ajoute que Galtier se serait énervé en apprenant le recrutement du Franco-Algérien Billal Brahimi. “Encore un musulman, j’en veux pas, on en a assez”, aurait déclaré le technicien à son adjoint. Il a aussi ciblé Youcef Atal et Hicham Boudaoui en les qualifiant de “sales types” et aurait dit des Algériens qu’ils sont “le pire” et “trop dans l’extrême” concernant la religion.
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Les joueurs de confession musulmane et la gestion du mois de Ramadan pour ceux-ci est un autre point de cristallisation de l’affaire Galtier. À la police, Jean-Clair Todibo, international français depuis septembre 2023, raconte avoir été victime de pression de son entraîneur de l’époque, qui l’aurait qualifié de salafiste et extrémiste, pour rompre son jeûne les jours de match. C’est un sentiment ressenti par d’autres musulmans de l’effectif à l’instar de Hicham Boudaoui, Pablo Rosario et Teddy Boulhendi.
Lille, “champion avec 6 musulmans dans l’équipe”
Dans le clan Galtier, on nie en bloc toutes les accusations. L’entraîneur se défend de choisir ses joueurs en fonction de leur origine et de leur religion. “Je n’ai pas ou n’ai jamais eu de problème lié à la religion depuis que j’entraîne. Le Losc a été champion avec six musulmans dans l’équipe. Je ne pense qu’à la performance sportive et la santé des joueurs”, a-t-il répondu à Fournier qui lui reprochait d’avoir écarté Brahimi de la feuille de match contre Rennes à cause du Ramadan — l’enquête de l’Équipe a montré qu’il n’avait pas été retenu 10 jours plus tôt, soit avant le début du mois de Ramadan.
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À travers ses avocats, Galtier déclare “réserver ses déclarations au tribunal. Il attend enfin ce débat public et contradictoire où il démontrera qu’il n’a évidemment jamais discriminé ou harcelé quiconque. Tout son parcours professionnel, sa réputation témoignent de sa personnalité irréprochable”.