C’est quoi cette histoire de restos de Saint-Tropez que l’on pourrait uniquement réserver à partir de 4 000 euros ?

Publié le par Robin Panfili,

© Helena Jankovičová Kováčová/Pexels

Sur la Côte d'Azur, la vie coûte cher. Vraiment très cher.

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C’est une rumeur tenace, que tout le monde souffle à petit bruit à Saint-Tropez, mais qui semble parfois uniquement relever de la légende urbaine. Et pourtant, cette rumeur pourrait être bien plus réelle qu’il n’y paraît. Depuis quelques jours, une enquête de Business Insider fait grand bruit après avoir révélé que certains restaurants tropéziens exigent un minimum de dépenses de plus de 4 000 euros par table, ou de près de 1 400 euros par personne, et “refuseraient les réservations aux clients qui souhaiteraient revenir mais qui n’ont pas dépensé assez lors de leur dernière visite”.

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Des méthodes évidemment très discutables, dans une ville régie par des codes et coutumes assez spéciaux, souvent liés à l’argent et à sa capacité à faire briller la carte bancaire, qui vont jusqu’à l’attribution des pourboires. Si ces derniers ne sont pas assez conséquents, vous ne serez désormais plus le bienvenu dans ces établissements – une technique que nous a confirmée, en off, une personne proche du milieu de la restauration dans la ville.

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Une pratique confirmée par un connaisseur du milieu, interrogé par Var-Matin. “On vous demande vos nom et prénom. Il est vérifié si vous êtes enregistrés dans leur fichier. C’est à ce moment-là qu’est évalué ce que vous avez déjà dépensé, commandé en boissons… jusqu’au pourboire”, dit-il. “Si le nom ne fait pas tilt et que vous n’êtes pas dans la première catégorie, on vous répond que le restaurant est complet jusqu’à fin août. On vous dirige alors aimablement vers un des autres restaurants du groupe”, ajoute ce lanceur d’alerte.

La méthode serait même devenue tellement courante que les entreprises de conciergerie de luxe ne s’en cacheraient même plus.“Même les services de conciergerie de luxe n’hésitent plus à parler en termes de minimum spending lorsque vous faites appel à leurs services. C’est-à-dire qu’il faut leur assurer un montant de dépenses minimum, bien entendu le plus élevé possible, pour espérer décrocher une table dans un des restaurants-clubs les plus courus de Saint-Tropez”, assure au quotidien varois une commerçante du centre-ville de Saint-Tropez.

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La maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, s’est récemment émue de ces méthodes, dont elle confirme l’existence.“Ces faits sont pour moi extrêmement choquants, car malheureusement bien réels”. Cette dernière a tenu “à réagir et à s’inscrire au nom de la municipalité, en totale opposition vis-à-vis de ces pratiques, qui sélectionnent la clientèle en constituant une base de données répertoriant des informations sur les clients, notamment leurs dépenses”. “Équivalente à l’établissement d’un fichier contenant des informations nominatives, au mépris des textes relatifs à la protection des données personnelles, cette base de données n’est ni plus ni moins qu’un traçage purement illégal, dès lors que le consentement n’est pas requis.”

Dans une interview à Nice-Matin, elle compare la pratique du minimum spending à de “l’extorsion de fonds pure et simple, bien différente de la saisie de l’empreinte d’une carte bancaire, qui sert uniquement à honorer une réservation dans un restaurant ou dans un hôtel, par exemple”, dit-elle. “Cette prise d’empreinte est tout à fait compréhensible et défendable et n’a rien en commun avec le fait de forcer les gens à consommer dans un restaurant pour y avoir accès”. Quant aux pourboires “forcés”, elle ne mâche pas ses mots non plus : “Nous sommes encore bien loin de l’essence même d’un pourboire, qui représente la satisfaction du client, lequel pourboire est versé au gré du consommateur et qui ne fait pas partie de l’addition, puisqu’en France, le service est compris”. Et d’asséner : “Ces pourboires forcés s’apparentent à du racket organisé !”