Autant vous le dire tout de suite : ce moment historique de mode a mis au piquet tous les autres événements de ma vie. Quand j’ai su, il y a quelques mois, que j’allais assister au tout premier Vogue World français de l’Histoire — je me suis évidemment évanouie intérieurement — j’étais surtout très loin de me rendre compte du privilège que j’avais de faire partie des 800 invités triés sur le volet. Moi qui ne m’attendais pas à ce que la mode matche aussi bien avec le sport, je fus surprise. Après tout, n’est-ce pas une épreuve olympique que de traverser les pavés parisiens en talons aiguilles, le tout gainée comme jamais dans une robe beaucoup trop serrée ?
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Un made in France américain
Ce dimanche, c’est sans doute moment le plus parisien de ma vie : tout se passe sur la place Vendôme, les plus grands noms de la mode sont présents, les backstages ne sont rien d’autre que le Ritz et chaque invité est accueilli avec une petite boîte contenant deux macarons Ladurée, dont l’un était évidemment floqué “Vogue World Paris” (j’aurais aimé le garder en souvenir, mais vraiment, c’était trop bon).
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D’un autre côté, tout a l’allure d’un show à l’américaine. Les mondaines ont sorti leur robe de bal avec des traînes, des plumes et des couleurs criardes, leurs cavaliers sont en complets trois pièces, (j’en ai même vu un oser le haut-de-forme en raphia), la langue de référence est l’anglais et le pedigree des stars est hollywoodien. Alors que moi, espérant coller au dress code “élégance à la française”, je me retrouve avec une robe transparente offrant une vue imprenable sur mon postérieur dès lors que le soleil tape sur mes fesses (une chance que ma place soit à l’ombre) et des chaussures absolument pas conçues pour marcher sur des pavés (ou pour marcher tout court).
Après qu’on m’a demandé au moins quinze fois de gagner mon siège alors que je suis trop occupée à épier les reusta qui sortent du palace préféré d’Anna Wintour et de Coco Chanel, le show commence sur une séquence émotion. Les blouses blanches des ateliers des maisons de coutures parisiennes défilent jusqu’à rejoindre leur siège sur lesquels sont disposés de ravissants bouquets de fleurs et, en même temps, de l’autre côté de la place, des aspirants sportifs paradent avec l’étendard du Secours Populaire, l’association soutenue par le défilé caritatif qui recevra au minimum 1 million d’euros des recettes. Toujours au même moment et depuis une autre entrée de la célèbre place, des danseurs vêtus comme des garçons de café bien franchouillards accueillent notre reine nationale, Aya Nakamura, dans une incroyable robe Jean Paul Gaultier. Si cela était un avant-goût de la cérémonie d’ouverture des JO, je peux d’ores et déjà vous dire que vous n’êtes pas prêt : larmes assurées.
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Cent ans de mode
Avec les JO en perspective, la mode ne pouvait pas nexter le sport. D’autant plus que l’événement partage sa date avec la Journée internationale de l’Olympisme. Tout est calculé pour associer chaque discipline à une époque. Le retour en arrière commence en 1924, dernière date où la France recevait les Jeux, avec le tout premier look, la réédition d’une robe d’archive Chanel de la même année. Au fur et à mesure que le défilé avance, on ne sait plus où poser nos yeux entre les vêtements, les chorégraphies, les chanteurs et les stars qui défilent. J’ai vu Sabrina Carpenter, Katy Perry, FKA Twigs, Serena et Venus Williams, Ciara… Impossible de toutes les nommer tellement il y en a, sur le catwalk comme dans le public.
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Des cyclistes, des gymnastes, des escrimeurs, des judokas et comme si c’était normal, Gigi Hadid et Kendall Jenner débarquent sur des chevaux pour représenter les sports équestres. On a aussi droit à un grand moment de culture avec le shatta, sous-genre de dancehall typiquement martiniquais, mis à l’honneur par les pas de danses irréprochables de la queen Teyana Taylor, pendant que Kalash défile et qu’au même moment, des silhouettes aux robes fluides en mousseline et aux coupes afro rendent hommage au Studio 54 et aux années disco.
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Oui, je le redis, il y en a de tous les côtés et on ne sait plus où donner de la tête, mais c’est tellement beau. À chaque look, je me demande qui est le créateur derrière, l’histoire racontée, car en plus du show à l’américaine, c’est surtout un grand moment de mode. Grand moment de mode que j’aurais pu rater car mon scooter avait décidé de s’arrêter à quelques centaines de mètres de la place. J’ai donc dû le redémarrer au kick avec mes talons aiguilles et ma robe beaucoup trop courte et transparente au niveau des fesses : je vous laisse imaginer le spectacle très loin d’égaler celui que je suis venu voir.
Un moment unique figé dans le temps
Mais s’il avait fallu courir, voler un skateboard et m’accrocher à l’arrière d’une voiture pour arriver à l’heure, je l’aurais fait car je ne me serais jamais remise d’avoir raté Bad Bunny chanter et danser avec ses bottes de cow-boy rouge. Non pas parce que j’apprécie la musique et le flow du chanteur portoricain mais parce que le show tout entier était historique. Qui peut se targuer d’avoir assisté à un défilé sur la place Vendôme, organisé par la papesse de la mode, Anna Wintour, hosté par Cara Delevingne, marché par les plus grands, le tout en l’honneur des Jeux de 2024 ? Très peu de monde. Une styliste qui travaillait sur le défilé m’a confié avoir été impressionnée par le nombre de pièces d’archives, de personnes et de vêtements : “Jamais on ne revivra un moment comme celui-ci”, m’a-t-elle dit et à raison.
Je me souviendrai toute ma vie de cet instant où, en plus de toutes ces stars, j’ai pu voir la mode que j’aime tant, célébrer tous types de corps, de peaux, de cheveux et de cultures. C’était un bel hommage à la France que j’aime, pour qui l’inspiration est sans limite et qui ne laisse personne sur le côté, peu importe d’où l’on vient et ce que l’on représente. Un message qu’on a besoin d’entendre aujourd’hui plus que jamais et si au passage, on peut faire du beau, récolter des fonds et se faire kiffer, on a tout gagné.