Les supporters de l’OL se souviendront longtemps de la soirée du dimanche 7 mai 2023. Quelques heures après avoir vu leur équipe renverser la vapeur de manière héroïque contre Montpellier (5-4), la nouvelle est tombée : Jean-Michel Aulas n’est plus le président de l’Olympique lyonnais. Un choc. Les fans sont passés de l’euphorie d’une victoire d’anthologie à la sidération de voir leur club entrer dans une nouvelle ère avec le départ de celui qu’ils ont toujours connu et qui était en place depuis trente-six ans.
Publicité
Un manque de respect
“J’étais dans mon lit devant une série prête à m’endormir quand j’ai reçu la notification de l’Équipe”, se rappelle Angélique, 32 ans, fidèle supportrice de l’OL depuis sa plus tendre enfance. “Sans mentir, j’étais complètement sous le choc, il m’a été difficile de trouver le sommeil.” Passé la stupeur et l’étonnement de la révélation, cette inconditionnelle de Gerland et maintenant du Groupama Stadium estime que le départ d’Aulas, bien que “nécessaire” pour permettre au club “d’évoluer”, ne “s’est pas fait dans le respect”.
Publicité
Sur les dernières saisons, le désormais ex-président de l’OL a été bien égratigné par une partie du public lyonnais. “Son image a été un peu ‘salie’ ces dernières années avec une équipe et un projet sportif à la dérive”, reconnaît Angélique. Pour Pierre Prugneau, journaliste à L’Équipe et suiveur régulier du club rhodanien, on peut dater à 2015 le désamour entre Jean-Michel Aulas et ses supporters.
“Après la période des trophées, qui va de 2001 [première Coupe de la Ligue, ndlr] à 2008 [dernier titre de champion de France, ndlr], voire 2010 [première demi-finale de Ligue des champions, ndlr], il enclenche ce plan d’austérité économique pour monter le stade. Les supporters le comprennent très bien. Les jeunes du centre de formation jouent et les résultats sont corrects. Ça se passe bien.
Quand le stade arrive en 2015, Aulas va un peu reprendre la main. À partir de là, quand il a fallu redéfinir une politique sportive, il y a un décalage qui se crée avec la réalité du sport et les supporters. Il commence à y avoir des mercatos ratés. Aulas a joué avec des codes qui ont fonctionné par le passé mais les résultats sont frustrants. Son erreur a été de croire que les anciennes recettes pouvaient encore marcher. Le football évolue tellement vite qu’il faut être très fort pour être un super président en 1987, 1997, 2007 et 2017.”
Publicité
Les années 2010, la rupture entre Aulas et le public
Un sentiment de “rupture” s’installe alors doucement entre le dirigeant tout-puissant et les amoureux de l’OL. “Jean-Michel Aulas a beau dire que le public gueule pour rien et sont des enfants gâtés, ils ont été patients et ils ont compris. Et sa fierté l’empêche de caresser les gens dans le sens du poil.” Un trait de caractère qui définit bien le président et… la ville de Lyon, poursuit Pierre Prugneau : “Il l’incarne bien dans le sens où il s’en fout qu’on l’aime ou pas. Il préfère avoir raison que plaire.”
Cet ego trip présidentiel était pourtant un des ciments de la relation entre JMA et son public. “À Lyon, ils sont persuadés d’habiter dans la plus belle ville du monde. Avec Aulas, c’est le même ressort : plus vous le détestez, plus on l’aime”, enchaîne Prugneau. Mais plus que la fierté, ce sont les résultats de l’OL durant ces trente-six années de mandat qui ont forgé cette relation si incroyable.
Publicité
En permettant au club de la deuxième ville de France de devenir une place forte du football tricolore et, durant quelque temps, européen, “Aulas a juste corrigé une anomalie”. “On est passé d’un club qui grattait 50 000 balles de subventions à un club qui construit son propre stade. Il a super bien optimisé un club plus petit que la ville”, souligne Pierre Prugneau.
“Réapprendre à aimer Jean-Michel Aulas”
À l’annonce du départ de celui qu’on surnommait JMA, le twittos @SeriousCharly, un des supporters lyonnais les plus influents sur Twitter, a déclaré qu’il allait “pouvoir réapprendre à aimer Jean-Michel Aulas. Oublier petit à petit la dernière décennie laborieuse pour se concentrer sur ses 25 premières années magiques, celles qui ont construit un héritage qu’on ne pourra jamais lui enlever”.
Publicité
“Les émotions que l’on a vécues dans les années 2000, les campagnes européennes folles où l’on a éliminé les plus grands d’Europe, ces nombreuses victoires et ambiances au stade dans le derby, contre Marseille, Paris… prendront toujours le dessus sur le négatif”, répond Angélique à l’heure de faire le bilan des années Aulas. “On ne peut pas effacer l’immense travail fait pendant plus de 30 ans pour 3/4 ans de moins bien. Il a sorti le club de la Ligue 2 pour en faire l’un des plus gros clubs français, avec une grosse présence aussi en Coupe d’Europe, la régularité est impressionnante.”
La vie sans Jean-Michel Aulas
Pour les supporters, il va falloir apprendre à vivre sans Aulas aux manettes. Un avenir encore incertain pour Angélique : “J’ai peur que l’OL perde son identité (centre de formation au top niveau, identité très lyonnaise, équipe composée à 70 % de Gones, club familial) à la manière d’un PSG depuis les Qataris.” “Mais il faut sûrement passer par là, pour que le club grandisse, du moins il faut essayer de nouvelles choses”, reconnaît-elle toutefois.
Publicité
En attendant de voir de quoi l’avenir sera fait, Angélique, comme de nombreux supporters sur les réseaux sociaux, appelle de ses vœux “un immense hommage de la part du stade, des supporters et du club de manière générale”. Pourquoi pas un Groupama Stadium ou une tribune à son nom, voire “une statue devant le stade qui, ne l’oublions pas, est SON bébé”, clame la supportrice qui voit en Aulas “comme un membre de sa famille”.