Vous reprendrez bien un peu de cyberharcèlement dans un monde post-vérité ?

Publié le par Pharrell Arot,

(© Getty Images)

"Je n’avais pas anticipé qu’on puisse autant se moquer et harceler un parent en deuil."

A voir aussi sur Konbini

Cet article a d’abord été publié dans notre newsletter Fast Forward le 6 avril 2023.

Publicité

Billy Ball est journaliste au Cardinal & Pine, un média de Caroline du Nord, branche de Courier Newsroom, dont la mission est de “renforcer la démocratie grâce à un journalisme factuel, dans le but de créer une Amérique plus informée et engagée et mieux représentée”. Autant vous dire que dans un monde où tout est “une” vérité, Billy Ball n’est pas forcément le meilleur copain de la frange fake news du grand Internet. Mais suite à un événement de sa vie personnelle, Billy Ball est devenu le centre d’une campagne de cyberharcèlement inédite.

Publicité

En janvier, Billy Ball a perdu son fils de six ans des suites d’un œdème cérébral. Un accident soudain, de ceux pour lesquels il n’est pas question de chercher une explication. Mais ce n’est pas l’avis des antivax, qui lui sont immédiatement “tombés” dessus, lui, celui qui a passé la pandémie à debunker les théories complotistes autour du Covid-19. C’est après le partage d’un lien pour une levée de fonds pour le programme artistique de l’école de son fils, en sa mémoire, que le pire de ce que sait faire Twitter s’est réveillé. “Billy, tu as tué ton fils, mon gars”, et des dizaines d’autres messages de ce type, accompagnés de la photo de l’enfant volée sur cette fameuse levée de fonds.

“Je sais que Twitter, Facebook et les autres plateformes amplifient les mauvaises informations, que leurs algorithmes sont basés sur la colère et la division et que l’anonymat fait toujours ressortir le pire. Et pourtant, je n’avais pas anticipé qu’on puisse autant se moquer et harceler un parent en deuil”, écrit Billy Ball dans une tribune pour The Atlantic. Initier le doute, le faire glisser de la tristesse à la culpabilité… Cette vague incessante de notifications – l’accusant aussi de fuir les réseaux – fait forcément son chemin au point de devenir invivable dans le processus de deuil du journaliste. La solution ? Vu que la modération demandée aux plateformes a échoué, simplement essayer de se détacher, et tenter de se persuader que toutes ces attaques “sont intentionnelles de la part de ceux qui désirent propager des mensonges”. S’en sortir en debunkant, finalement. Ce que Billy Ball fait de mieux.

Publicité