J’ai essayé de me limiter à 3 Go d’Internet par semaine, j’ai perdu le lundi midi

Publié le par Pierre Bazin,

La tribune de Najat Vallaud-Belkacem est à l’image de la relation entre le monde politique et Internet : déconnectée.

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“Trois gigas par semaine” : dans sa tribune publiée sur Le Figaro, Najat Vallaud-Belkacem ne parle pas des gigantesques O’Tacos, mais bien de trois gigaoctets de connexion internet. L’ancienne ministre de l’Éducation y a défendu un rationnement d’Internet, une utilisation plus modérée des réseaux sociaux.

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Séquestration de notre attention, cyberharcèlement, fake news, dangers des écrans, omniprésence de la pornographie et même pollution numérique, Vallaud-Belkacem aborde beaucoup de points mais sans être très spécifique pour autant. Elle évoque tout de même quelques idées radicales, comme :

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“Si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fakes.”

Un décalage avec la réalité mais qui soulève de vraies questions

Que représentent 3 gigaoctets de données internet ? Eh bien, pas grand-chose. Pour vous dire, j’ai fait le calcul, et en à peine deux heures, j’avais déjà dépassé ces 3 Go. Le tout sans télécharger, juste en regardant quelques minutes de YouTube, en ouvrant des mails et en surfant sur Google et des sites d’actualité. Arrivé à la pause déjeuner, donc, j’avais déjà dépassé les fameux 3 gigas.

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Imaginez alors pour une semaine entière : les calculs ne sont pas bons. Selon un récent rapport de la Fédération française des télécoms, un foyer français consomme environ 222 Go par mois d’Internet via son abonnement de type “box”. Alors, évidemment, Najat Vallaud-Belkacem a probablement voulu créer un effet d’annonce, mais c’est tout de même dommage, puisqu’il semble qu’à la fin, on ne retienne finalement que l’éternelle incompétence des politiques lorsqu’il s’agit de parler des nouvelles technologies.

De manière générale, la tribune de l’ancienne ministre n’est pas inintéressante sur les sujets qu’elle aborde, mais elle perd beaucoup de crédibilité dans les solutions envisagées.

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Oui, la pornographie a une grosse présence sur Internet, mais personne ne regarde des “heures” de “porno en ultra HD”. Oui, parler d’économie de l’attention est pertinent, mais dire qu’il y a une “addiction” globale de la population française est thérapeutiquement douteux. Oui, ne pas mettre des smartphones dans les mains d’enfants trop jeunes est une bonne idée, mais écrire des lignes du code au crayon et sur papier est un non-sens total.

Oui, Internet pollue, mais à hauteur de 2,5 % des émissions totales de GES selon l’Ademe, donc parler du plus gros pollueur est un peu exagéré. D’autant que, sur cette question, il est intéressant de voir que la pollution numérique est très imputable aux serveurs européens des GAFAM situés dans des pays comme l’Irlande qui s’appuient sur une énergie très carbonée. C’est autant une question de souveraineté numérique que de pratiques écologiques.

Comme avec la loi SERN, les politiques prouvent malheureusement encore une fois qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent lorsqu’il s’agit des nouveaux usages, d’Internet ou de technologie. Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le sujet va rapidement devenir un enjeu majeur dans nos sociétés humaines.

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