“Guillotine digitale”, quand les rois et reines d’Internet perdent la tête

Publié le par Pierre Bazin,

Le mouvement #Blockout2024 a pris une ampleur nouvelle alors que l’organisation du Met Gala n’a pas été exemptée de critiques quant à son silence vis-à-vis du conflit Israël-Hamas.

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Les influencés sont-ils en passe de renverser les influenceurs ? C’est le sentiment étrange qui émerge des réseaux depuis la semaine dernière et notamment depuis la tenue du Met Gala, le dîner caritatif “hype” où le ticket d’entrée coûte la modique somme de 75 000 dollars.

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Mais le feu aux poudres va surtout partir de la mannequin Haley Kalil, aussi connue sous le pseudo Haley Baylee. Dans un TikTok devenu rapidement viral (et depuis supprimé) le 6 mai dernier, l’influenceuse aux millions d’abonnés reprend la célèbre phrase “Let ’em eat cake”, le tout en portant une robe de designer valant plusieurs milliers de dollars.

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@blanca_perdomo Using the Marie Antoinette audio was a choice 😬 This just solidifies that a lot of these influencers are so far removed from reality. While she didn’t attend the Met Gala, her using this audio during this time is ridiculous… like read the room Haley 🤷🏻‍♀️ #haleyybaylee #metgala2024 #popculturenews #popculture #letthemeatcake #metgala #hungergames #hungergamesedit #marieantoinette #incomeinequality#greenscreenvideo #greenscreen ♬ original sound - Blanca_Perdomo

Cette phrase prononcée, traduction anglaise de “qu’ils mangent de la brioche” est issue du film Marie Antoinette de Sofia Coppola de 2006. Une phrase faussement “historique” souvent attribuée à tort à Marie-Antoinette d’Autriche durant la Révolution française, face au peuple affamé qui réclamait du pain. À noter que dans le film, il est justement montré que la princesse n’a jamais prononcé cette phrase non plus.

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Mais si la citation est historiquement erronée, son contexte fictif semble néanmoins bien connu des internautes et, selon eux, révélateur d’une seule chose : l’élitisme. Dans les commentaires sous le TikTok de Haley Baylee, les internautes expriment leur mécontentement vis-à-vis des influenceurs qui gagnent leur argent grâce à une chose : la popularité que le “bas peuple d’Internet” leur a octroyée.

Entre-temps, Haley Baylee supprime son TikTok et publie quelques jours après une vidéo d’excuse dans laquelle elle explique ne pas avoir eu conscience de la portée de cette phrase et affirmant ne pas être élitiste – tout en précisant néanmoins que la robe lui a été prêtée par un ami designer new-yorkais.

Les excuses ne marchent que très peu et, rapidement, des vidéos émergent pour condamner toutes les célébrités parties au Met Gala. Quant à la phrase “Let ’em eat cake”, elle est désormais reprise par les internautes pour produire un nouveau concept, celui de la “guillotine numérique” ou “digital guillotine” ou encore “digitine”.

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Pour ces internautes, il serait l’heure de faire “tomber les têtes” des influenceurs. Sans attaque physique, il s’agirait surtout de leur donner de l’attention pour renverse le rapport de force et leur rappeler que, sans leur public, ils ne sont rien.

C’est une révolte ? Non Sire, c’est une Hunger Gamisation

Si le 6 mai se tenait le Met Gala, à l’autre bout de la planète, l’armée israélienne bombardait au même moment la population palestinienne de Rafah. Sur les réseaux sociaux, le cynique décalage entre un dîner mondain (même caritatif) et les guerres Israël-Hamas ou encore Russie-Ukraine a donné lieu à une analogie avec la pop culture : les romans et films Hunger Games.

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La démesure du Met Gala est ainsi comparée au Capitole de Hunger Games. Dans le film, il s’agit du lieu où se rassemblent les élites déconnectées et qui s’habillent dans des tenues extravagantes et fantasques. Les tenues arborées au Met comme dans le film sont d’ailleurs parfois extrêmement ressemblantes, renforçant l’analogie.

Même planète, différents mondes.

Quant aux zones de guerre comme la Palestine ou l’Ukraine, elles sont comparées au District 13, zone appauvrie et détruite par la guerre dans le film. Sur différentes vidéos qui cumulent plusieurs millions de vues, on peut ainsi voir, intercalées entre différentes images du gala, des images choquantes de populations civiles touchées par les bombardements, le tout porté par la musique de l’OST de Hunger Games, “The Hanging Tree”.

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@buntius Same planet, different worlds. #metgala2024#hungergames#metgalaoutfits#metgalastyle#ukraine На другому кадрі @Stone ♬ origineel geluid - nina.editss

#Blockout2024 ou le boycott de l’attention

“Ce Met Gala était la cérémonie mondaine de trop“, exprime un commentaire sous un TikTok dans lequel une Américaine rappelle le prix d’entrée au Met Gala de 75 000 dollars alors que des “gens avec des diplômes et des pleins-temps ne peuvent pas faire leurs courses” – et montrant son diplôme au passage.

En plus de la première polémique “Let ’em eat cake”, c’est un autre mouvement qui s’est lancé et a été porté par le hashtag #Blockout2024. L’idée exprimée par différents internautes est de “bloquer” de tous les réseaux toutes les célébrités qui gardent le silence sur les bombardements des populations civiles palestiniennes. Selon eux, les influenceurs ont désormais la responsabilité de s’impliquer et toute forme de silence ou de discours ambigu doit être condamnée.

La meilleure sanction pour ces monarques d’Internet ? Tout bloquer. Leurs réseaux, leurs contenus à grands coups d’unlikes et d’unfollows.

Kim Kardashian, Lana Del Rey, Gal Gadot, Taylor Swift, Zendaya, Selena Gomez, The Rock ou encore chez nous Squeezie, Léna Situations, Tibo InShape, Cassandra Cano, Sananas, etc. Les listes sont longues, pas toujours justifiées mais elles envahissent néanmoins les réseaux. On les retrouve d’ailleurs notamment sur TikTok qui était d’ailleurs ironiquement partenaire du Met Gala.