Tout a commencé un jour où j’ai commandé un VTC pour me rendre à l’anniversaire de mon cher paternel. Sur l’appli, on m’indique que je vais avoir la chance — non — de faire la course à bord d’une Tesla. Le bolide débarque, je m’installe et m’empresse de bombarder mon chauffeur de questions. Il utilise le véhicule depuis combien de temps ? C’est quoi, la fonctionnalité qu’il préfère ? Est-ce que j’ai affaire à un adulateur d’Elon Musk ?
Publicité
Sans les mains !
Flatté, le chauffeur s’empresse alors de me faire une démo. En pleine ligne droite sur une route limitée à 50 km/h, il lâche le volant, se retourne vers la banquette arrière et, le bras accoudé sur son siège, me demande : “Et sinon vous, ça va ?”. C’est à la fois bluffant et terrifiant. La Tesla détecte les bords de la route, suit les virages tranquillou et son volant tourne tout seul. Je remarque une sorte de chaussette rembourrée accrochée à son manche droit. “Ça, c’est le gadget préféré de tous les conducteurs de Tesla”, m’indique le chauffeur en suivant mon regard. Il m’explique que pour quelques dizaines d’euros sur Amazon, il l’accroche au volant pour avoir les mains libres quand la voiture est en mode “Autopilot”. Le système croit que c’est toujours lui qui pilote le véhicule et ne s’inquiète pas outre mesure. Une technique infaillible, me glisse-t-il, parfaite pour tromper le système d’assistance du véhicule. Surtout le scénario idéal pour terminer sa course sur le bas-côté.
Publicité
Car, comme l’explique la firme sur son propre site, le système de conduite autonome sur les Tesla s’exécute seulement si le ou la conducteur·rice garde “en permanence les mains sur le volant”. Avant d’activer le mode Autopilot, il faut “accepter de ‘garder les mains sur le volant en permanence’ et de toujours ‘rester maître de votre véhicule'”. Sinon, le système émet une série de bips très désagréables pour rappeler les pilotes à l’ordre. Avec tous les accidents récents en Tesla, il est plus important que jamais de respecter ces règles, pour sa propre sécurité et celles des autres automobilistes. Mais ça n’empêche pas ces dernier·ère·s de redoubler d’inventivité pour tromper leur véhicule, comme l’explique The Washington Post, relayé par Futurism.
“Fonctionne bien, peut-être trop bien”
Ce sont sur des sites de vente en ligne que les petits accessoires comme celui de mon chauffeur fou sont mis en vente. Amazon, Alibaba, AliExpress ou encore CDiscount regorgent de “contrepoids pour volant” et autres “anneaux” à enrouler autour du volant. Dans les commentaires, on s’émerveille de leur efficacité : “Si vous l’utilisez dans les rues de la ville, alors ça marchera sans aucune alerte” ; “Je viens de le recevoir et je l’ai testé, en roulant 60 km. L’Autopilot n’a pas râlé pendant tout le trajet”. Depuis l’enquête du Washington Post, Amazon a retiré plusieurs de ces produits de la vente.
Publicité
Mais en France, de nombreux articles sont encore en ligne. Sur la plateforme de Jeff Bezos, on peut trouver des acheteur·se·s ravi·e·s de leur nouvel anneau de contrepoids : “Fonctionne bien, peut-être trop bien pour certains, très bien pour diminuer le touché du volant, confort de conduite, s’émerveille Romain L. Mais restez vigilants au volant.”
Sur d’autres produits, les conducteur·rice·s s’énervent : “Appareil démasqué”, déplore Cardu29. “On peut quand même l’utiliser mais il faudra poser sa main de temps en temps afin que la voiture vous laisse tranquille”. On passera sur la description du produit elle-même, relativement sexiste : “Le rehausseur de volant est facile à utiliser et les femmes peuvent également l’installer facilement”. Ouf, si même les femmes peuvent comprendre comment ça fonctionne…