La Fruit-Union Suisse (FUS pour les intimes) est une organisation interprofessionnelle privée dont le noble but est de “promouvoir l’image des fruits suisses”. Elle propose des actualités sur le secteur fruitier et autres formations depuis plus d’un siècle. Son logo ? Une petite pomme rouge ornée de la célèbre croix suisse blanche. Jusqu’ici, rien ne vous choque dans cette histoire ? Eh bien Apple, si. Et la firme à la pomme a carrément réclamé la propriété intellectuelle du logo, rapporte Wired.
Publicité
Une pomme pour les gouverner toutes
On n’invente rien, l’affaire est des plus sérieuses. Interrogé par Wired, Jimmy Mariéthoz, le président de la FUS, explique qu’Apple a vraiment demandé que le logo pomme rouge soit changé. “Leur but ici est vraiment de détenir les droits d’une vraie pomme, ce qui, pour nous, est quelque chose de quasiment universel… que tout le monde devrait avoir le droit d’utiliser gratuitement”, explique-t-il.
Publicité
Ce n’est pas comme si la firme de Cupertino avait la paternité du fruit. La pomme existe depuis plus de 3 000 ans. Et pourtant, selon les rapports de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (WIPO), Apple aurait déjà réclamé la propriété intellectuelle du fruit auprès d’une bonne dizaine d’autorités partout dans le monde.
Tout remonte à 2009, l’année où Apple a exigé la propriété d’une image de pomme pour toute une batterie d’utilisations : musique, vidéo, télévision, cinéma, et même… enregistrement gramophone (???). Plus précisément, une Granny Smith en noir et blanc, intacte, sans même un croc visible ! L’autorisation a été accordée par plus d’une soixantaine de nations.
Publicité
D’irréductibles pays résistent au géant de la tech
Le pépin, c’est que deux pays ont refusé : le Samoa et… la Suisse. Plus précisément, l’Institut de la propriété intellectuelle suisse (IPI) a accepté seulement pour une partie des utilisations citées par Apple, invoquant un principe légal selon lequel les images de biens communs comme de pauvres petites pommes appartiennent au domaine public. Qu’à celui ne tienne, Apple a fait appel – et non pas apple.
“Nous avons peur que n’importe quelle représentation visuelle d’une pomme – donc n’importe quoi dans l’audiovisuel ou lié aux nouvelles technologies ou aux médias – soit potentiellement impactée”, confie Mariéthoz à Wired. “Ça serait une très, très grosse restriction pour nous. En théorie, on pourrait entrer en territoire ennemi à chaque fois que l’on montre une pomme.”
Publicité
D’autant plus qu’Apple semble bien être déterminée à s’approprier les droits sur toutes les formes de pommes quelles qu’elles soient. Selon une enquête de Tech Transparency Project de mars 2022, la firme a rempli plus de réclamations de propriété intellectuelle que Microsoft, Amazon et Google réunis entre 2019 et 2021. Et elle ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin ; la suite, ça sera pour notre pomme.