Cela fait maintenant trois ans que Bill Gates a quitté le conseil d’administration de Microsoft, restant dans les coulisses de l’entreprise qu’il a cofondée pour se consacrer entièrement à sa fondation Bill-et-Melinda-Gates. Cela n’empêche pas le milliardaire de publier quelques notes de temps en temps sur son blog personnel, pour donner son avis sur des sujets sociaux très variés. Sa dernière note en date concerne justement la montée des intelligences artificielles : “Les risques de l’IA sont réels mais gérables“.
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Celui qui a vu l’arrivée des PC dans tous les foyers du monde entier admet que l’IA est une technologie extrêmement novatrice et même “la plus transformatrice que chacun d’entre nous verra de son vivant”. Il place cette innovation au-dessus des smartphones et d’Internet en termes de changements qu’elle apportera à la société. Il y a quelques semaines, Gates avait signé, aux côtés de dizaines de personnalités de la tech, une déclaration publiée par le Center for AI Safety pour se prémunir “du risque d’extinction par l’IA” plaçant le sujet comme une priorité mondiale au même niveau qu’une pandémie ou qu’une guerre nucléaire.
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Mais Bill Gates ne choisit pas l’alarmisme dans son blog, bien au contraire. Il parle avant tout des risques “immédiats” à surveiller plutôt que de s’imaginer le scénario Skynet de Terminator.
“Quand nous atteindrons ce scénario dans une décennie ou un siècle, la société devra faire face à des questions profondes. Et si une super IA établissait ses propres objectifs ? Et que ces derniers entraient en conflit avec ceux de l’humanité ? Devrions-nous même créer une super IA ? Mais penser à ces risques à plus long terme ne doit pas se faire au détriment des plus immédiats.”
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“Nous sommes déjà passés par là“
Face au problème de la disparition d’emplois remplacés par l’IA, Gates estime que nous sommes prêts car nous l’avons déjà vécu. Prenant l’exemple de l’arrivée des calculatrices dans les années 1970, Bill Gates estime que cela nous a permis de se concentrer sur les compétences “derrière l’arithmétique” plutôt que sur les calculs en soi. Il voit maintenant des applications comme ChatGPT comme pouvant avoir le même effet bénéfique.
“Les applications de traitement de texte n’ont pas supprimé le travail de bureau, mais elles l’ont changé pour toujours”, continue le milliardaire, dans une logique très schumpeterienne de destruction créatrice. Pour Gates, les métiers changeront mais les moyens de subsistance des humains ne vont pas forcément disparaître, ils peuvent même s’améliorer.
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Bill Gates reprend la même logique de “nous l’avons déjà vécu” pour parler de la désinformation et notamment l’arrivée récente des deepfakes, y compris au cœur d’élections politiques. “La plupart des gens ont appris à regarder deux fois leurs mails”, démontre Gates. Il y avait les spams par mail, il y aura désormais les deepfakes et l’entrepreneur semble convaincu que la société saura se prémunir rapidement de ces dangers.
Des solutions “globales” à mettre en place
Comme il l’a fait en signant la charte de San Francisco il y a quelques semaines, Bill Gates exhorte le public, les professionnels et les institutions à une action rapide. Il évoque par exemple la mise en place d’un organisme mondial de régulation de l’IA, au même titre que l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), sous-structure de l’ONU. Il pense notamment qu’une telle instance est nécessaire pour se prémunir des cyberarmes par exemple.
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Concernant la disparition d’emploi, Gates estime qu’entreprises et gouvernements doivent mettre en place des programmes de transition pour accompagner tous les travailleurs à s’adapter à ces nouvelles technologies. De la même manière que les écoles ont intégré à leur programme les PC dans les années 1980-1990, l’IA devrait prendre une place essentielle dans la moindre formation académique ou professionnelle.
Parmi ses avis les plus “controversés”, Gates semble également assuré que l’IA résoudra les problèmes de l’IA, une conviction moins partagée par l’ensemble de ses pairs. “Personne n’a toutes les réponses”, conclut Gates.
Et beh merci.
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