2023 fut la pire année pour le jeu vidéo (et 2024 risque de l’être aussi)

Publié le par Pierre Bazin,

Pour ceux qui les font en tout cas.

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La semaine dernière, je regardais Popcorn, populaire talk-show sur Twitch et notamment un passage consacré à l’actualité du jeu vidéo. Animée par le créateur de contenu TheGreatReview, la chronique repassait en revue l’année 2023 au prisme des sorties de jeux vidéo qui l’ont marquée. Le constat ? Une année “rêvée” comme le souligne d’ailleurs le titre de la vidéo YouTube du passage isolé.

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En effet, on a eu le droit à une quantité incommensurable de jeux qui sont sortis en 2023, de The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom à Baldur’s Gate III et Starfield en passant par Lethal Company, Suika Game ou Alan Wake 2. L’année 2023 est un bon cru vidéoludique à l’exception d’un pathétique jeu Gollum et d’une arnaque comme The Day Before. La raison est assez simple d’ailleurs, beaucoup de ces titres sortis en 2023 sont en fait les “jeux Covid” ceux dont la production a été considérablement retardée par la pandémie trois ans plus tôt.

Ce qui semble avoir été une année de rêve pour les joueurs pourrait plutôt relever du cauchemar pour ceux qui font les jeux. En effet, l’an 2023 (et ce début d’année 2024) est marqué par une vague de licenciements dans toute l’industrie vidéoludique. Nos confrères de Kotaku ont d’ailleurs tenu le compte : on compte environ 6 000 licenciements dans l’industrie vidéoludique pour 2023. Parmi les évènements majeurs de cette année, on retiendra par exemple les vagues de licenciements chez Electronic Arts et Epic Games.

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Un mois de janvier noir

Plus dramatique encore : pour ce seul mois de janvier 2024, au moins 3 000 suppressions d’emplois viennent d’être annoncées. On sait aussi que des licenciements ont été annoncés mais sans en connaître l’effectif exact.

Dans le “gros” du panier, on retrouve des acteurs majeurs du jeu vidéo comme Riot Games (League of Legends et Valorant) qui a annoncé supprimer 530 postes soit 11 % de leurs effectifs. La semaine dernière, c’était Microsoft qui annonçait se séparer de pas moins de 1 900 employés parmi leurs différents studios, y compris les récemment acquis Activision et Bethesda. Enfin, sur un domaine tierce mais intimement lié au gaming, la plateforme Twitch a annoncé se séparer de 500 employés.

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Si certains petits studios ont aussi dû fermer ou se “restructurer”, on remarque que d’énormes entreprises invoquent sans cesse la sacro-sainte rentabilité en annonçant se “recentrer” sur des projets. Derrière ces éléments de langage, comprenez que les éditeurs abandonnent de nombreux projets soit parce que leur développement est trop coûteux et laborieux, soit parce que les jeux déjà sortis (mais avec une continuité comme les jeux en ligne) ne présentent pas de rentabilité directe.

Par exemple, Riot Games a décidé de réduire drastiquement ses effectifs assignés à Legends of Runeterra et à son sous-studio au style indé Forge. Mais League of Legends et Valorant qui sont, eux, de vraies poules aux œufs d’or restent plutôt intacts.

La rentabilité au détriment des jeux, des joueurs et de ceux qui les font

Sur son blog, le game designer Scott Jennings (aka Lum the Mad) fait état d’une catastrophe à venir pour le secteur et annonce la “mort du jeu”. Il cite notamment le nom de Bobby Kotick, ex-PDG d’Activision et sulfureux personnage dans l’industrie vidéoludique. En 2009, déjà, le PDG déclarait :

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“Nous avons une véritable culture de l’économie de moyens. L’objectif que j’avais en faisant venir beaucoup de gens bien chez Activision il y a environ dix ans était de retirer tout le plaisir de créer des jeux vidéo. Nous sommes très doués pour garder les gens concentrés sur leur profonde dépression.”

Jennings explique ainsi que ces différents licenciements sont le résultat de la “vengeance de Bobby Kotick”, lui qui est désormais parti d’Activision avec un discret parachute doré. Microsoft prévoit de licencier presque 2 000 postes mais dans le même temps, les revenus nets de l’entreprise ont bondi de 27 % comme l’indique son dernier rapport financier, comme le note Games Industry.

Les années qui viennent vont de plus être décisives pour l’industrie. La question de l’intelligence artificielle qui pourrait remplacer des emplois du jeu vidéo est elle aussi au cœur des inquiétudes des travailleurs.

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