Fin des négociations ou simple étape ? Les partenaires sociaux de l’hôtellerie-restauration, qui, cet hiver, s’étaient donné jusqu’à mardi pour tenter d’améliorer les conditions de travail après un accord début 2022 sur les rémunérations, ont pris du retard et devraient poursuivre leurs échanges. Petit passage en revue du chemin parcouru et restant, alors que la branche traverse une terrible pénurie de personnel sur fond de manque d’attractivité.
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Coupures
La compensation du temps “perdu” entre deux services est l’un des enjeux majeurs. Le patronat est toujours contre sa suppression, mais est désormais ouvert à une contrepartie. “Une proposition a été faite, pour indemniser à partir de la troisième coupure hebdomadaire”, indique Stéphane Leroux (CGT). “On parle d’une contrepartie, mais qui décidera : le salarié ou son patron ? Et sous quelle forme : financière ou en temps de repos ?”
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Et pour quel montant ? La proposition du patronat valoriserait la coupure à un forfait d’environ 4 euros, selon la CGT (premier syndicat). Entre-temps, Accor s’est accordé sur une coupure à 5 euros qui “pourrait s’avérer une tendance suivie”, indique Nabil Azzouz (FO), dont l’organisation souhaite le double. Le groupe hôtelier a “tout fait pour freiner les négociations car il voulait d’abord négocier chez lui pour rendre sa boîte plus attractive”, déplore une autre source.
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Il n’existe actuellement aucune grille déterminant les rémunérations selon les niveaux de formation, en dépit de discussions ouvertes il y a trois ans. Une proposition est sur la table depuis le 31 mars. Différents amendements l’ont retardée mais un accord n’a jamais semblé aussi proche. “Il y a de grandes chances qu’on signe”, reconnaît M. Azzouz. “On a proposé une nouvelle rédaction de l’article 34” qui aborde la “polycompétence”. “Quand on demande à quelqu’un de prendre des responsabilités qui ne correspondent pas à son poste, il faut le reconnaître pécuniairement”, précise-t-il.
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Protection sociale
Le dispositif actuel n’a pas été augmenté depuis des années et le régime (cotisation de 14 euros de part salariale, 14 euros de part patronale) accuse “plusieurs millions d’euros de déficit”, regrette une source proche des négociations, selon laquelle la cotisation doit “contractuellement” revenir à 32 euros minimum. De sources concordantes, la part salariale serait bloquée à 16 euros et le patronat serait d’accord pour financer un nouveau principe de répartition de 35 %-65 %.
“Si le régime est déficitaire, c’est peut-être qu’il y a trop d’accidents dans la branche”, persifle M. Leroux, qui apprécie néanmoins que le dispositif envisagé à partir du 1er juillet soit désormais accessible aux apprentis. Cette proposition émane directement des assureurs Malakoff et Klesia et selon ce schéma, les syndicats n’ont pas leur mot à dire. La CGT s’estime donc “court-circuitée” et voudrait l’ouverture de discussions entre partenaires sociaux, ce que le patronat “a refusé”.
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“L’augmentation est importante, j’ai des réserves”, complète M. Azzouz. “Si c’est le même régime avec les mêmes garanties, on ne sera pas d’accord. On n’a pas envie que les entreprises quittent le régime” à cause du coût. Avec la nouvelle répartition au profit du patronat, les syndicats craignent également une dilution de la mutualisation. La CFDT et la CFE-CGC pourraient signer, et ainsi valider, une éventuelle proposition, mais l’accord de FO lui permettrait de passer le seuil de 50 % et de mieux installer cette avancée.
Week-ends et heures supplémentaires
Ces questions, source de pouvoir d’achat et de qualité de vie améliorés, n’ont pas encore été abordées. Ça sera le cas “à la rentrée”, croit savoir une source, tandis que les syndicats estiment que le patronat joue la montre. Actuellement, le bonus des heures supplémentaires est de 10 % jusqu’à 39 heures hebdomadaires et 20 % ensuite jusqu’à 43 heures, contre respectivement 20 % et 50 % légalement dans le régime général dont l’hôtellerie-restauration souhaiterait bénéficier. Si le patronat est ouvert à deux jours de repos consécutifs, il bloque néanmoins toujours l’attribution d’un week-end par mois, demandé par plusieurs syndicats. Là encore, Accor, qui vient de trancher en accordant dix week-ends par an, pourrait montrer la voie.
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Konbini food avec AFP