On est de plus en plus nombreux à adorer le halloumi (et c’est un problème)

Publié le par Robin Panfili,

© Getty Images

Après l'avocat et le quinoa, l'engouement mondial autour du halloumi est en passe d'étrangler les producteurs de l'île chypriote.

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Si l’on ne devait choisir qu’un symbole de la transition vers les régimes non carnés, ce serait très probablement le halloumi. Plus que les “hachés végétaux” et autres “saucisses véganes”, le fromage chypriote est parvenu à s’imposer comme une alternative réconfortante aux viandes et poissons dans le régime de nombreux Français, mais pas que.

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Sauf que, à l’image de l’engouement dévastateur du grand public pour l’avocat ou du quinoa, l’effet de mode soudain pour le fromage est en train de faire perdre pied aux producteurs de l’île qui n’arrivent plus à assumer la demande mondiale croissante, laissant planer la menace d’une industrialisation de la production ou, pire, d’un déclin de ce savoir-faire artisanal.

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Et cela ne va pas aller en s’arrangeant. Alors que les agriculteurs débutaient à peine à exprimer leurs vives inquiétudes et que les stocks commençaient à diminuer drastiquement, le ministère de l’Agriculture chypriote, de son côté, signait un accord très officiel autorisant l’export du fromage avec la Chine. La Chine qui, depuis quelques semaines, s’est également prise d’amour pour ce fromage préparé à partir de lait de chèvre et de brebis. En réponse, les agriculteurs ont dû décupler leurs efforts et ont même parfois dû importer du bétail depuis l’Italie ou le Danemark pour suivre la cadence. Mais jusqu’à quand pourront-ils tenir ?

Pire encore : par manque de rigueur et de vigilance administratives, les autorités chypriotes se sont vu privées, au début de l’année, de l’appellation “halloumi”, qui garantissait jusque-là un cahier des charges, une provenance et un standard de qualité du fromage. En cause : une erreur de paperasse.

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Pour l’heure, la petite île méditerranéenne de Chypre reste encore le seul endroit sur terre où l’on peut trouver un halloumi authentique et artisanal. Mais, là-bas, les locaux, agriculteurs et producteurs ne sont pas dupes. Avec la demande mondiale croissante, ce n’est qu’une question de semaines avant de voir arriver des copies, des contrefaçons ou des versions de moindre qualité dans nos étals de supermarchés. Pour décrire ce désastre gastronomique qui vient, le Guardian ne mâche pas ses mots. Il parle d’un “halloumi hell” (un “enfer du halloumi”).