Début mars, j’ai mangé un grec avec mon ami et collègue Enzo, grand connaisseur quand il en vient aux meilleures broches de la capitale (et de sa proche banlieue). Ce jour-là, j’ai commandé une assiette, bien content de déguster mon blé et ma brochette en supplément, et il a dit que j’étais un vieux. Il a commandé une galette, bien roulée, avec un supplément fromage, preuve qu’il n’est pas si sage que ça.
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Lors de ce déjeuner tout à fait sympathique, Enzo a soulevé une excellente question : si on en veut pour son argent (et sa protéine), mieux vaut-il commander son grec dans un pain ou dans une galette ? Il n’en fallait pas moins pour nous faire sortir la balance de dealos cuisinier afin d’élucider ce mystère.
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Salade, tomates, oignons
Samedi midi, meilleur jour pour se faire un bon grec, direction mon spot préféré, avec dans l’idée de commander les deux protagonistes (l’histoire ne dit pas si j’ai mangé deux sandwiches tout seul). Pour éviter toute malversation, j’y vais de ma commande habituelle : salade, tomates, oignons, mayo-harissa. Quelques minutes de préparation et me voilà sur le chemin du retour avec ma précieuse cargaison sous le bras.
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Convictions brisées
Depuis mon premier grec, dégusté je dirais en 1996, je n’ai jamais cédé aux sirènes de la galette, préférant le pain plus chaleureux et riche en texture. Quand Enzo m’a parlé de cette histoire de quantité, j’ai automatiquement prêché pour ma paroisse, imaginant le petit pain chaud comme le réservoir parfait pour un maximum de garniture. Pourtant, après un désassemblage à ne plus me faire appeler “chef”, c’est la douche froide.
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Si, en termes de quantité, les deux sandwiches sont généreux, éliminant la mauvaise foi d’un sandwich mal garni, c’est la galette qui remporte la couronne de la générosité avec 166 grammes de garniture, plus de 36 grammes supplémentaires que son cousin le pain.
Après une nuit de sommeil à cogiter (et digérer), je discute de mes convictions brisées avec mon brillant collègue Robin, lui aussi bien calé sur la broche. Ni une ni deux, il contacte les chefs d’Özlem et Chëf, deux institutions, pour recueillir leur avis sur la question. Edip, boss incontesté du döner chez Özlem, qu’on avait déjà rencontré pour connaître tous ses secrets, explique :
“Mon sentiment, c’est que l’on met approximativement la même quantité de viande, voire peut-être un peu plus dans une galette. Souvent, sur les pains type ‘poche’, des gars les ouvrent aux deux tiers pour le garnir, alors qu’avec une galette, tu ne peux pas tricher !”
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Chez Chëf, la fratrie à la tête du “meilleur kebab de France”, c’est une autre vision :
“C’est une question que je me suis souvent posé, car on peut faire déborder le kebap de tous les côtés, en hauteur, en largeur, et même tasser pour le blinder, on n’a pas de limite. Alors qu’avec la galette, tu as toujours le stress de devoir la fermer.”
Si même les experts ne sont pas sûrs et certains de leur coup, on se doit de rester philosophe. L’important d’un bon grec, d’un bon kebab ou d’un bon döner, c’est de nous réconforter, qu’on soit team pain ou team galette. Et puis, pour les affamés, il reste toujours le supplément viande.
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