Il existe (enfin) une plateforme de livraison de repas à vélo éthique

Publié le par Robin Panfili,

© Getty Images

Née pendant le confinement, Resto.Paris veut bousculer le monde de la livraison à domicile.

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Ces derniers mois, la question des conditions de travail des livreurs de nourriture à domicile a occupé une partie du débat politique, mais n’est pas parvenue à totalement réformer et bousculer cette activité vers un modèle plus vertueux. Aujourd’hui, une nouvelle plateforme de livraison de repas entend bien faire changer les choses et accompagner cette petite révolution éthique : Resto.Paris.

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L’idée est née pendant le confinement, chez Olvo, une coopérative spécialisée dans la livraison de proximité. “On s’est rendu compte que l’unique choix pour les restaurants pour maintenir leur activité et être en lien avec leurs clients était de passer par les plateformes classiques, constate Chloé Bouilloux, cheffe de projet pour Resto.Paris et livreuse chez Olvo. Ils en sont captifs et subissent les règles qui leur sont imposées (frais d’entrée, partage du chiffre d’affaires sur les commandes) – bien qu’elles soient un apporteur d’affaire indéniable.”

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Livraison “éthique”

Au même moment, les équipes du label Écotable réfléchissaient de leur côté à comment venir en aide aux restaurateurs dans cette période particulièrement délicate. En s’associant avec troisième larron, Coopcycle, une nouvelle plateforme de livraison de repas a ainsi vu le jour. “Notre volonté était d’offrir un outil plus équitable aux restaurants et qui valorise le métier de la livraison à vélo“, dit-elle, tout en rappelant qu’Olvo est une coopérative qui salarie ses livreurs, à l’inverse des autoentrepreneurs qui sont uniquement rémunérés à la course.

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“On s’est dit que regrouper des acteurs qui partagent les mêmes valeurs aurait du sens et que ça plairait aux consommateur.rice.s qui veulent aussi des alternatives.”

© Resto.Paris

Une fois les obstacles techniques surmontés, il a fallu se faire connaître auprès des restaurants. Et ça, ça n’a pas été une mince affaire. “Cet été, les restaurants étaient très pris avec la réouverture et les terrasses, ils n’étaient donc pas très disponibles pour répondre à nos sollicitations. C’est pour cela qu’on a décidé de lancer le projet en septembre avec les restaurants les plus motivés”, dit Chloé Bouilloux.

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Changer les mentalités

Mais s’imposer comme un nouvel acteur dans la jungle du marché de la livraison de repas ne se fait pas sans pédagogie. “Le plus dur, aujourd’hui, est d’expliquer aux restaurants et aux clients que notre projet nécessite un changement des habitudes : on ne peut pas se faire livrer un plat à 15 euros avec 30 minutes de délai en payant seulement 2 euros la livraison. Ça prendra un peu de temps mais on y croit.”

Pour avoir le droit d’être référencé sur Resto.Paris, les restaurants doivent simplement répondre aux critères d’une charte créée par Écotable : tous les aliments doivent être transformés sur place, issus de filières bio, locale ou raisonnées, respecter les saisons… Ils doivent aussi être sensibles au sujet de l’éthique dans la livraison, ajoute Chloé Bouilloux.

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“La plupart des établissements sont réceptifs et souhaitent sortir du modèle des plateformes classiques qui précarisent la food-tech.”

Pour l’heure, la plateforme grandit progressivement. Mais si les restaurants sont séduits par l’engagement du projet, des valeurs et du modèle économique, ils restent parfois dubitatifs face à la jeunesse du projet et à son envergure. “Il faut dire qu’on n’apporte pas le trafic des grandes plateformes classiques. Mais on espère y arriver un jour.”

“Il y a du changement, une demande. Mais certaines personnes ne sont pas encore prêtes à renoncer à l’agilité que proposent les plateformes qui précarisent. C’est normal, on a été mal habitués, mais on croit au changement”, relativise-t-elle.

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Retrouvez les restaurants et la plateforme Resto.Paris ici.