Et si nous voulions tous manger la même chose au même endroit ?
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Libération a récemment enquêté sur cette tendance de fond qui pousse petit à petit nos restaurants à se ressembler. Tous les nouveaux concepts food qui éclosent dans nos quartiers ne seraient que de tristes copies. D’un bistrot à l’autre, on oscille tout juste entre conformisme scandinave aux meubles en bois recyclé et destroy industriel avec ses ampoules à filaments.
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L’architecte François Muracciole s’est confié au quotidien : “On est rarement face à des clients qui disent : ‘Dessinez-moi un mouton.’ Tout le monde a la trouille. Il y a de moins en moins d’initiatives.” Pour résumer, le mouton, on ne le dessine plus, on l’incarne. Ce même décor se diffuse d’ailleurs en flux continu sur nos réseaux sociaux et sur les blogs lifestyle, qui incarnent cette tendance à travers des do-it-yourself plus ou moins originaux.
Le conformisme food
De la même manière, les réseaux sociaux comme Pinterest uniformisent la décoration des restaurants. Et ces derniers pourraient tout aussi bien standardiser l’intérieur même de nos assiettes. Instagram, par exemple, regorge de photos d’avocats jusqu’à l’overdose entre avocado toasts, avocado burgers ou autres recettes en hommage au fruit de l’année 2017.
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Poussés par ce besoin de suivre “les grandes tendances culinaires”, on finirait presque par tous avoir les mêmes goûts. Alors que l’on détestait la betterave, on a finalement abdiqué face à la racine ronde. À force de bourrage de crâne, c’est vrai que l’on tolère maintenant sa belle couleur rose dans nos smoothies ou parmi les feuilles de kale de nos poke bowls.
Le phénomène burrata est aussi un bon exemple de l’uniformisation de nos assiettes. Encore limitée à certaines petites épiceries italiennes il y a quelques années, la boule de crème de mozza est devenue la star des cartes, adulée par tous les jeunes urbains branchés. Alors, sommes-nous tous des veaux ? (Si oui, le grand Jacques nous mangera bientôt la tête.)