Plusieurs établissements ont décidé de proposer des protections hygiéniques en libre-service.
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Qui est déjà partie en catastrophe au supermarché du coin pour chercher des tampons ? Eh bien, ce ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir… à condition de tomber dans le bon restaurant. Dans un récent article du magazine Eater, on apprend que plusieurs restaurants aux États-Unis ont pris la décision de fournir des tampons et/ou serviettes hygiéniques à leurs clientes. Jusqu’ici, trois cheffes ont déjà mis en pratique cette idée, dans des optiques et selon des philosophies qui diffèrent parfois. Le dénominateur commun de ces démarches reste toutefois le même : apporter une solution de confort aux clientes de leurs établissements respectifs.
En offrant des protections hygiéniques dans les toilettes de son restaurant El Jardín, à San Diego, Claudette Zepeda-Wilkins, candidate à l’émission Top Chef Mexique et jurée dans l’édition américaine, s’inscrit dans une démarche engagée et féministe. Et, dans la droite lignée de son projet de restaurant matriarcal, où elle entend valoriser différentes générations de femmes, proposer des protections lui semblait évident. À travers cette initiative, la cheffe voit aussi un moyen de penser à sa fille adolescente et de démystifier un sujet encore considéré tabou.
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“Je ne pouvais pas lui dire qu’elle devait rester à la maison [quand elle avait ses règles] ou ne pas les appeler par leur nom. Il s’agit de normaliser la chose.”
Dans d’autres établissements, c’est aussi le confort qui justifie la présence de ces produits dans les toilettes de restaurants. Au restaurant Homer de Seattle, par exemple, l’architecte d’intérieur et copropriétaire Sara Cox a mis en place des jarres en verre proposant des protections hygiéniques en libre-service pour faciliter la vie de ses clientes. À L’Oriole, restaurant doublement étoilé au Michelin de Chicago, même cas de figure. Cara Sandoval explique à Eater que l’établissement a également mis à disposition des protections hygiéniques. L’idée étant d’anticiper les besoins et les attentes avant même qu’elles soient formulées.
Les toilettes, un lieu pas si anodin
La prise de conscience lui est venue après une séance de sport dans une salle d’entraînement de Chicago. La profusion d’objets et produits en tout genre proposés dans les vestiaires – déodorants, serviettes, bandeaux –, mais aussi de l’absence de protections périodiques l’a interpellée. Un déclic qui l’a incitée à en proposer dans les toilettes de son restaurant, pensant à l’épanouissement des clientes.
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On dit souvent que l’état des toilettes des restaurants est représentatif de celui des cuisines. Ce n’est d’ailleurs par un hasard si, dans les palaces ou dans certains restaurants, elles sont pensées comme des lieux somptueux où l’on retrouve systématiquement des savons, des serviettes ou des crèmes de grande marque de cosmétique.
Reste que ces dernières années, l’attention portée à l’esthétique des toilettes n’est plus uniquement réservée aux établissements prestigieux. On a ainsi vu certains restaurants branchés consacrer beaucoup d’efforts à la décoration de ces espaces – prenez La Felicità de Big Mamma, par exemple. Car miser sur l’originalité de son petit coin est un bon moyen de marquer les esprits et d’accroître sa visibilité, notamment sur les réseaux sociaux.
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Un investissement indispensable
Quand elle a lancé cette initiative, la cheffe Claudette Zepeda-Wilkins proposait des paquets entiers en libre-service… mais s’est vite retrouvée à devoir en réapprovisionner toutes les heures. Elle a alors opté pour un petit écriteau, expliquant que ces produits étaient avant tout destinés à aider celles qui en ont besoin et qu’ils étaient donc disponibles à l’unité.
Chaque mois, elle dépense 70 dollars au total pour offrir à ses clientes un stock de protections hygiéniques de qualité. Un investissement conséquent, qui lui coûte, mais indispensable à ses yeux face aux récents scandales des produits toxiques trouvés dans les tampons et serviettes. Au restaurant L’Oriole, Cara Sandoval dit, quant à elle, débourser une quarantaine de dollars pour réapprovisionner ses stocks.
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Ces chiffres doivent être mis en lien avec le vrai enjeu qui est celui de la précarité menstruelle qui touche de nombreuses femmes. L’Écosse prévoit d’ailleurs, depuis peu, le remboursement des protections périodiques pour ses étudiantes. Aux États-Unis aussi, les choses bougent dans ce sens. Les universités de l’État de Washington, par exemple, proposent désormais en libre-service des tampons et serviettes dans les toilettes des campus. En France, la mutuelle étudiante LMDE propose depuis peu le remboursement des protections périodiques à hauteur de 25 euros par an. Il reste des progrès à faire…