L’idée de consommer des insectes vous dégoûte ? Et pourtant, vous n’avez pas toujours fait les difficiles.
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Importée du Mexique par les Espagnols durant le XVIe siècle, la cochenille (Dactylopius coccus) est un insecte rond et mou d’Amérique latine. Les femelles vivent en grappes sur les cactus nopals dont elles sucent la sève.
Afin de se protéger des prédateurs, la cochenille sécrète un acide, l’acide carminique, qui a la particularité d’être rouge. C’est cette substance qui fit de la cochenille l’un des commerces les plus dynamiques, du XVIe au XIXe siècle, avec plusieurs millions de tonnes d’insectes fournies chaque année.
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Le Pérou, premier producteur de cochenille
L’historienne Amy Butler Greenfield a retracé l’histoire de la cochenille dans L’Extraordinaire Saga du rouge : si les indigènes mixtèques de la région d’Oaxaca au Mexique en font l’élevage depuis près de 2 000 ans, c’est le Pérou qui aujourd’hui assure au moins 80 % de la production mondiale de cochenilles.
Élevées dans des fermes de cactus, les cochenilles sont ensuite ramassées, avant d’être séchées au four ou au soleil. Les insectes sont ensuite broyés ou plongés dans l’eau bouillante afin d’en extraire leur couleur.
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Carmin, cramoisi, vermillon : le rouge a toujours été une histoire d’insecte
Et avant la cochenille ? On faisait comment ? Eh bien, depuis l’Antiquité, outre le cinabre (un minerai dérivé du mercure et qui était toxique) ou le pourpre (extrait d’un gastropode marin —pas plus végan qu’un insecte en somme), on utilisait le kermès du chêne (ou kermès du teinturier), autre insecte mou de la famille de la cochenille, que l’on trouve dans le sud de la France et le sud-est de l’Espagne. De kermès dérivent les mots carmin et cramoisi, tandis que son nom latin, Kermes vermillo, signifie “petit ver” et donne le mot “vermillon”, une teinte de rouge.
Le carmin de cochenille teignant les soies d’un rouge plus profond et vibrant que le rouge kermès, il supplanta ce dernier. L’exploitation à bas prix des indigènes mexicains ainsi que la folie de la colonisation et du commerce des produits exotiques ont aussi contribué à faire de la cochenille le colorant rouge à utiliser.
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E120 = cochenille
Peu à peu remplacée par les colorants de synthèse, depuis la création par erreur du mauve de Perkin par le chimiste du même nom en 1856, la cochenille est néanmoins encore utilisée, car elle produit teintes rouges, orangées et roses de qualité, et qu’elle est peu allergène.
La cochenille est notamment employée dans les produits cosmétiques. On la retrouve également dans de nombreux produits alimentaires où elle est nommée “colorant E120”. Ce colorant est présent dans de nombreux produits, dont les bonbons, des saucisses, la croûte de certains fromages, le tarama, le sirop pour la toux, des boissons, des yaourts, etc.
Quid des végétariens ?
Des tonnes et des tonnes d’insectes broyés traversent l’industrie alimentaire. L’E120 est de facto un ingrédient non végétarien et non végan, puisque provenant d’un insecte. Il suffit dès lors de s’orienter vers des aliments sans colorant. Sinon, il existe un autre colorant alimentaire rouge entièrement végétal et produit à partir de la betterave : le colorant E162.
Un article écrit par Kirkis Rose pour Club Sandwich by Konbini