Toutes les bonnes choses ont une fin, même à Marseille. Dans le centre-ville, près du Vieux-Port et à quelques pas de la Canebière, l’écailler mythique et historique Toinou a fermé ses portes pour de bon, à la fin du mois de mars. Une fermeture brutale, surprise, mais sans lien avec la crise sanitaire du coronavirus. Les raisons de cette fermeture, Laurent Carratu, fils de “Toinou”, ne veut plus vraiment en parler. L’écailler a fermé ses portes, donc, et laisse les Marseillais orphelins d’une adresse qui a marqué des générations.
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Mais, à Marseille, tout le monde s’en doutait un peu depuis quelques années. Il y a eu “les Gilets jaunes”, les manifestations contre les retraites, et surtout les travaux de piétonnisation de la Canebière. Il était devenu très difficile pour les clients de venir se garer à proximité de l’établissement, ce qui a particulièrement fragilisé l’activité de vente à emporter pourtant essentielle à la survie du commerce. Après l’ouverture d’une antenne à Aix-en-Provence il y a dix ans, l’idée trottait dans l’esprit de la famille de changer d’air. Au Grand Pastis, Laurent Carratu soufflait l’hypothèse d’un “concept très innovant”, éloigné du centre-ville historique, avec parking et accès pour les voitures.
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Âme du centre-ville
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Toinou à Marseille, dont les étals animent le quartier de Noailles depuis 1962, évoque pour chacun un souvenir différent et unique. Pour certains, c’était les immenses remorques de coquillages qui arrivaient pour les fêtes de fin d’année, pour d’autres, c’est la bruyante cohue du dimanche matin. Pour moi, c’était le passage obligé lors de mes virées régulières à Marseille. On allait y repérer les poissons pour le repas du soir, embarquant au passage quelques fruits de mer qu’on allait s’enfiler avec un verre de blanc sur la terrasse du O’Monaco, juste à côté, en plein cagnard. C’était mon rituel, comme il en existe probablement des milliers à Marseille.
Pour les restaurateurs du coin aussi, Toinou va manquer. La Mercerie, table bistronomique installée depuis quelques années à quelques mètres des étals, a pu compter sur ses équipes et son regretté manager, Éric Arcos, pour les accueillir. “Ils nous appelaient pour nous dire ‘j’ai des oursins, j’ai tel coquillage’. C’était un marché juste devant chez nous”, confie Laura Vidal, la sommelière et cofondatrice du restaurant à 20 minutes. Le Toinou du cours Saint-Louis n’est plus, mais il reviendra. Ailleurs, sans doute. Et bientôt, on l’espère.
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