Comment on dit double cheeseburger en napolitain ?
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Si vous avez entendu parler de la Felicità, vous avez sans doute vu passer des chiffres hallucinants, dignes d’un livre des records, et avez peut-être lâché des “oh” et des “ah” à chaque incroyable performance. La Felicità, c’est 4 500 mètres carrés, 1 000 places assises, une immense terrasse, trois bars, cinq stands de restauration, plus de 140 salariés, et 13 mètres de hauteur sous plafond, le tout occupant le fond de Station F, l’ancien dépôt de trains transformé en berceau de la start-up nation par Xavier Niel. Bref, on vous laisse faire ressortir vos cours de mathématiques pour faire les calculs par rapport à un studio parisien de 9 mètres carrés le temps de vous rendre dans le 13e arrondissement pour un peu d’Italie entre potes.
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Si les précédents restos de Big Mamma faisaient causer, la queue avait bien souvent raison de notre patience. Ici, dans cette grande halle pensée comme un “food court” divisé en ambiances différentes, il y a de la place, du coin cosy pour un date de feu aux grandes tablées du biergarten à partager en festoyant une bière brassée maison ou un cocktail à la pression à la main devant un concert. Tapis, murs végétalisés, arbres, guirlandes aux ampoules colorées, la Felicità est chaleureuse sous son écrin de béton, et sa terrasse de 1 000 mètres carrés promet des apéros interminables.
Lieu de destination plus que lieu de passage, l’endroit est parfait pour donner rendez-vous, manger entre potes, changer de lieu en 50 mètres sous un même toit. Du jamais vu à Paris. La réalisation, plus qu’efficace, a bien évidemment des influences italiennes, mais puise aussi son inspiration dans les meilleurs spots du monde entier, de l’immense mur en néons au-dessus du bar emprunté à l’Instagram famous mur du Grand Central Market de Los Angeles au coin bibliothèque qui nous évoque une balade au Dover Street Market londonien, mais une pizza à la main plutôt qu’un sac Gucci. 100 % dépaysant.
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Et on mange quoi ?
On retrouve le meilleur des cartes des autres établissements de Big Mamma, mais aussi, grâce à l’espace offert par le lieu, quelques nouveautés et un invité de marque sous la forme d’un burger venu de Chicago : buratta, assiettes à partager, évidemment des pizzas au feu de bois préparées minute, et des dizaines de plats, tous maison, à base de produits sourcés avec soin.
“On a aujourd’hui trois fournisseurs de mozzarella. Si on en avait gardé un seul, c’est lui qui aurait dû s’industrialiser”, nous glisse Ciro Cristiano, chef exécutif du groupe.
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Un cocktail
Le bar à cocktails, juste à gauche à l’entrée, brille de 1 000 bouteilles comme 1 000 lumières pour lancer la fête. Que vous ayez déjà mangé ou que vous vouliez vous ouvrir l’appétit, vous pourrez rejoindre vos potes à table ensuite, les “pôles” food et boisson permettant sur le papier une liberté de choix inégalable. Ce “J’ai Peychaud”, à base de whisky de seigle, marié entre autres à un sirop de basilic thaï et quelques gouttes de bitter Peychaud, est délicatement sucré. Parfait pour attendre le reste de sa team accoudé au bar.
Des pâtes
Ne dépassant pas 10 balles sauf quand elles sont agrémentées de truffe, les assiettes de pâtes, préparées sur place tous les jours, jouent l’efficacité. Que ce soit les plin burro e salvia, sorte de petits raviolis farcis puis baignés dans un beurre de sauge et leurs feuilles croustillantes, ou les gnocchis giganti alla vacinara qui risquent de réconcilier bon nombre de récalcitrants avec les raisins secs, ces assiettes généreuses donnent envie d’être partagées en grande tablée, plutôt que d’être destinées à un seul estomac. L’algorithme (on peut utiliser ce genre de mot dans ce genre d’endroit) efficacité x tradition x prix est imparable, chacun trouvera ici son assiette préférée.
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Plat du jour
Ces ribs di manzo, plat du jour du mardi, sont la première belle surprise en dehors des pizzas et pâtes. Le bœuf est brillant, tombe de l’os, et respire le réconfort. Là encore, voilà sans doute un plat à partager, tant les portions sont généreuses. Les plats du jour tournent la semaine avant de laisser place à une carte spéciale brunch le week-end, où le lieu se transformera en gigantesque fantasme de jeune trentenaire parisien, où des kids croiseront des jeunes en sortie de Concrete, lunettes de soleil vissées sur le nez.
Un peu d’Amérique
Seul croche-patte à l’Italie du lieu, en plein milieu de la Felicità, un pop-up pensé par les Américains du resto Au Cheval à Chicago nous fait voyager outre-Atlantique. Avec un cheeseburger, avec deux steaks, et un double cheeseburger, avec trois steaks, le stand mise sur l’efficacité du burger réconfortant made in America : viande fine cuite à point entre les tranches d’American cheese fondant, des pickles, un pain brioché, la sauce et “that’s it”. Efficace, on vous dit. Qu’on y ajoute des tomates et de la laitue, le plus gros burger ne dépasse pas les 12 euros, et le cheese burger simple à 9 euros (12 euros avec les frites) semble faire un pied de nez aux brasseries parisiennes. Imbattable.
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Et la pizza
Une team de Napolitains menée par Giuseppe, avec qui on a pu discuter plus longuement, s’affaire autour du four en extérieur. Les gestes sont sûrs, les ingrédients simples, et voir les bords de la pâte gonfler instantanément dans le four à bois fera rougir les amateurs de food porn. À 8 balles, la margherita, réalisée sans faute (promis, on en a même préparé une avec Giuseppe), deviendra sans doute votre nouveau classique si vous habitez dans le coin.
La rive gauche entre copains
Avec ses 1 000 places assises, la Felicità va sans doute redynamiser son quartier. Et voilà de quoi oublier la queue qui nous faisait souvent passer notre chemin devant Big Mamma pour aller manger notre non moins délicieuse pizza un peu plus loin. À deux pas de la ligne 14, la Felicità trouvera en un claquement de doigts son public, et on vous encourage à y aller en équipe : ce lieu est à partager, idéal pour se payer un peu d’opulence au bon prix, en parlant fort. On avait peur que le lieu soit juste un Disneyland façon Big Mamma, il a finalement bien plus d’âme que prévu. Pour l’ambiance et l’assiette, nous y reviendrons souvent.
La Felicità
55 boulevard Vincent-Auriol
75013 Paris