Engagé·e·s : enquêtes, pédagogie, témoignages, Konbini se mobilise pour combattre les préjugés qui accompagnent les troubles psy et lutter contre le manque d’accès aux soins, particulièrement auprès des jeunes.
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Pour Bienvenue dans ma tête, le podcast qui se balade dans la tête de quelqu’un qui souffre d’un trouble psychique, on a interviewé Abigail, 24 ans, à qui on a diagnostiqué un trouble de la personnalité borderline il y a trois ans. Aujourd’hui, on estime que le trouble borderline touche 1 à 2 % de la population mondiale et que c’est l’un des troubles les plus fréquents. Un trouble qui ne souffre pas de représentation trop caricaturale dans la pop culture mais qui, par conséquent, reste encore relativement peu connu.
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Abigail le dit bien dans le podcast, le diagnostic a été pour elle un chemin assez long et elle n’a accepté le nom de son trouble qu’à partir du moment où elle a suivi une thérapie de groupe réservée aux gens qui en souffraient aussi. En se reconnaissant dans les témoignages des autres participants, elle a compris qu’elle n’était pas seule et que les expériences des autres pouvaient aussi l’éclairer sur son parcours.
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Aujourd’hui, le trouble borderline est discuté, on lui préfère parfois d’autres appellations. Il est important de rappeler que chaque personne qui parle de son trouble en parle d’un point de vue personnel et intime qui ne peut être généralisé à tous ceux à qui on a diagnostiqué ce trouble.
D’après Pop & Psy du psychiatre praticien Jean-Victor Blanc, le trouble borderline se caractérise par une grande instabilité. Les symptômes pris un par un ne sont pas spécifiques à ce trouble, mais tous ensemble, ils forment un cocktail plus ou moins explosif qu’on appelle “état limite”, comme l’explique Abigail, une expression qu’elle n’a pas comprise et qu’elle ne s’est pas appropriée dans un premier temps.
Au niveau émotionnel, lit-on dans Pop & Psy, les gens qui souffrent de ce trouble font un grand huit permanent et passent d’une émotion à une autre très rapidement. Ces états ne durent pas aussi longtemps que dans le cas du trouble bipolaire, même si parfois, quelqu’un peut cumuler trouble bipolaire et trouble borderline. Abigail parle par ailleurs d’un grand vide très angoissant qu’elle peut ressentir, un état difficilement descriptible mais qu’on retrouve chez la plupart des patients atteints du trouble borderline.
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Au niveau relationnel, les autres sont souvent idéalisés, ce qui se révèle quasiment automatiquement décevant sur le long terme, et la peur de l’abandon et du rejet est une constante chez les patients rencontrés par Jean-Victor. Les relations sont fusionnelles, explosives, comme celle de Winona Ryder et Angelina Jolie dans le film Une vie volée de James Mangold, un des rares films à mettre en scène – de manière pas toujours très juste – le trouble borderline.
On parle parfois d’hypersensibilité, de gens écorchés vifs. L’existence de ces expressions dans la culture populaire est d’ailleurs assez révélatrice de la permanence du trouble. On a d’ailleurs tendance à glamouriser ce mode de relation au monde, à penser que c’est cette hypersensibilité qui fait des artistes talentueux.
Le problème, c’est qu’en l’envisageant comme quelque chose de romantique source de création et pas comme une souffrance qu’on peut apaiser, on ne donne pas les clés à ceux qui souffrent. Ainsi, Abigail raconte qu’elle a toujours su qu’elle était hypersensible. Plus jeune, elle a notamment eu tendance à s’automutiler, sans jamais envisager que cela puisse être un trouble, quelque chose qu’on peut accompagner, avec lequel on peut apprendre à vivre. Et ça, elle aurait aimé le savoir avant.
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Au niveau comportemental, les gens qui ont un trouble borderline ont une grande tendance à l’impulsivité : ils prennent souvent des décisions qui affectent leur vie personnelle et leur vie professionnelle sans en mesurer les conséquences. “L’une des facettes de cette impulsivité”, écrit Jean-Victor Blanc, “est le recours fréquent à l’automutilation, source d’une grande culpabilité.” De même, les troubles du comportement alimentaire et/ou les addictions diverses émaillent souvent le parcours des patients.
Pour soigner les troubles borderline, il n’existe pas de médicaments spécifiques, seulement des possibilités d’atténuer les symptômes les plus envahissants pour pouvoir permettre une psychothérapie qui peut, elle, prendre plusieurs formes : une thérapie de groupe, comme celle qui a sauvé Abigail, d’après ses propres mots ; une thérapie cognitivo-comportementale qui vise à modifier des schémas de pensées destructeurs (pour la faire très courte) ; ou une thérapie des schémas, thérapie où l’on identifie des schémas inadaptés souvent mis en place dans l’enfance pour survivre à des situations et qu’il faut déconstruire. Pour aller plus loin, on vous recommande la lecture de Pop & Psy ou le compte Instagram associé qui vulgarise très bien ces questions.
Dans le cas d’Abigail, la connaissance de son diagnostic a été une aide, quelque chose qui lui a permis d’avancer. Elle qui avait peur d’être bloquée, elle est aujourd’hui dans une formation de pair-aidante afin d’aider d’autres gens à traverser et accepter leurs troubles grâce à son expérience. Elle tient aussi un compte Instagram pour raconter ce qu’elle vit et partager ses expériences.
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Pour écouter l’épisode du podcast Bienvenue dans ma tête d’Abigail, ça se passe ici.