Konbini questionne trois piliers de notre consommation qui doivent changer si nous voulons préserver notre planète : fast fashion, tech, et food.
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Au début des années 2000, lorsque la globalisation atteignait son summum, acheter neuf et en masse était le motto. Aujourd’hui, peu sont les personnes qui ne connaissent pas Marketplace, Vinted, Leboncoin, Back Market ou qui ne sont jamais allées fouiner dans une bonne frip’. En effet, consommer en seconde main devient de plus en plus courant et trendy (même Balenciaga s’est mis dans la cadence). Mais derrière l’évidence, est-ce que consommer en seconde main est vraiment synonyme d’écologie ?
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Revendre pour consommer plus
D’après une étude de Boston Consulting Group pour Vestiaire Collective, la principale raison d’acheter des habits sur des sites de revente reste les prix abordables, pas vraiment la conscience écologique. De plus, plus de 70 % de l’argent venant des ventes est réinvesti dans de nouveaux achats sur la plateforme. Dit comme ça, on dirait bien que la revente n’a pas comme but de diminuer la consommation, bien au contraire.
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Dans un reportage sur TMC, la chercheuse Élodie Juge va dans le même sens : “Les plateformes, et en particulier Vinted, permettent un alignement temporel à la fast fashion. Il fallait un outil pour vendre vite, et Vinted est l’outil pour vendre vite.” Selon Naomi Poignant, ces plateformes-là déculpabilisent les consommateurs, qui ont l’impression d’être plus écoresponsables et donc qui se permettent d’acheter plus et neuf.
Côté provenance, l’essentiel des habits revendus sur ces plateformes sont issus de la fast fashion. En effet, en 2021, 19 millions d’articles chez Vinted venaient de chez Zara et 20 millions de chez H&M. En réponse à ça, le PDG de Vinted Thomas Plantenga déclare : “Bien sûr que nous préférerions voir des vêtements plus durables vendus sur la plateforme. Mais ce qui est vendu n’est que le reflet de ce que consomment les gens : de la fast fashion.”
“Les dons se retrouvent en bout de chaîne”
Mais avec la revente, ce sont aussi les associations solidaires qui ne s’y retrouvent plus, comme le soulèvent Maud Sarda, cofondatrice et directrice de Label Emmaüs – la boutique en ligne d’Emmaüs – et Cendryne, vice-présidente de l’association caritative venant en aide aux sans-abri de Paris, nommée La balade des lucioles.
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Selon Maud, se tourner vers la technologie est une tendance naturelle et inévitable. En place depuis de nombreuses années dans le monde de la seconde main, Emmaüs se retrouve chamboulée par l’essor des plateformes e-commerce. D’un côté, la hype autour de la seconde main pousse les jeunes à acheter davantage chez Emmaüs, mais de l’autre, les dons diminuent en sachant que cette tranche d’âge préfère revendre plutôt que donner. Ce sont les personnes plus âgées qui sont plus à même de faire des dons ainsi que de consommer dans les magasins Emmaüs. De plus, ceux-ci perdent de plus en plus de popularité avec le boom des e-commerces de seconde main.
Cendryne confirme cette tendance. Fonctionnant à base de dons, son association se trouve en fin de circuit. Elle remarque également que le problème n’est pas lié à la quantité de dons mais plutôt à la qualité. Ceux-ci viennent après la vente et souvent, les habits ne sont pas en état d’être donnés. Ils sont soit endommagés soit non adaptés aux conditions des personnes vivant dans la rue. Elle confirme aussi que les principaux donateurs sont des personnes plus âgées.
L’emprunte carbone
Bien que l’idée initiale d’acheter de la seconde main soit bonne – et bien meilleure qu’acheter de la fast fashion –, l’envie de se procurer davantage augmente indirectement le nombre de livraisons, d’emballages et donc l’emprunte carbone.
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Bien évidemment, la seconde main reste une meilleure option que la fast fashion. Néanmoins, nos habitudes de consommation de masse, et celle d’avoir toujours plus et plus vite, se retrouvent même sur les plateformes de seconde main, diminuant leur aspect écologique et solidaire.