La 72e cérémonie des Emmy Awards, qui récompense la crème des séries anglo-saxonnes, s’est déroulée dans la nuit du dimanche 20 septembre par écrans interposés. Dans un dispositif inédit pour lutter contre la pandémie mondiale, les remettant·e·s ont dû se déplacer chez les gagnant·e·s pour leur donner leurs statuettes, tandis qu’au Staples Center, Jimmy Kimmel animait comme il pouvait une soirée pas comme les autres.
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Entre deux recommandations de distanciation sociale et blagues sur l’année 2020 désastreuse que l’on vit actuellement, ces Emmys 2020, qui ont vu HBO triompher avec Succession, Watchmen ou encore Euphoria, nous ont livrés quelques moments mémorables. La preuve par cinq.
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#1. Et Zendaya marqua l’histoire des Emmys
On a croisé les doigts pour elle, et ça a marché ! L’ancienne pop star de l’écurie Disney entérine son passage dans la cour des grands en incarnant une ado addict et en proie à une maladie mentale dans la sublime et sombre Euphoria, qui lui a valu son premier Emmy. Mais ce n’est pas tout : à 24 ans, elle devient la plus jeune gagnante de cette catégorie prestigieuse – Meilleure actrice dans un drama – et elle est seulement la deuxième femme noire après Viola Davis à se distinguer dans cette catégorie… en 72 éditions.
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Et quelle belle explosion de joie qui nous réchauffe le cœur, après une année pour le moins bad vibes. Dans son discours de remerciements, Zendaya précise : “Je sais que c’est un moment vraiment bizarre pour faire la fête, mais je veux juste dire qu’il y a de l’espoir chez les jeunes. Notre série ne reflète pas forcément cela, mais il y a de l’espoir chez les jeunes. Et je veux juste dire à tous mes pairs qui font le travail dans la rue : je vous vois, je vous admire, je vous remercie.”
La jeune femme a changé dans la foulée sa photo de profil sur Twitter, en mettant ce moment comique où elle manque de tomber de sa chaise sous le coup de l’émotion. Du talent, de l’humour, de l’engagement… Vive Zendaya !
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#2. La revanche de Damon Lindelof
Il a été boudé par les Emmys pendant la diffusion de son chef-d’œuvre, The Leftovers. Les fans de Lost lui en veulent encore d’avoir “gâché” la fin de leur série préférée. Après plusieurs années de purgatoire personnel, Damon Lindelof a été récompensé d’un Emmy pour son travail épatant sur la mini-série Watchmen.
Avec un débit mitraillette mais visiblement très ému, il a délivré un discours tranchant et plein de sagesse (à partir de 4:32 dans la vidéo ci-dessous). Dédiant sa récompense aux victimes du massacre de Tulsa qui eut lieu en 1921 (le point de départ de Watchmen), le showrunner qui portait un T-shirt “Tulsa – 21” est revenu sur l’importance des récits historiques et de ceux qui les racontent.
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“L’Histoire est un mystère. Elle est éparpillée en un million de pièces de puzzle et beaucoup sont manquantes. On sait où sont ces pièces, mais on ne va pas les chercher parce qu’on sait que les trouver fera mal. Parfois, nous sommes responsables de ces blessures, et nous en avons même tiré des bénéfices, mais il faut les nommer avant de pouvoir les réparer.”
La suite de son discours témoigne de sa passion pour son métier de raconteur d’histoires sur le petit écran. On a presque envie de l’encadrer !
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“Soyez prudent·e, soyez maladroit·e, courez vite, restez cool, soyez l’éléphant dans le magasin de porcelaine, ramassez ce que vous avez cassé et recollez-le. N’arrêtez pas avant que ce soit grand, affirmez-vous, ce n’est jamais assez grand. Discutez, soyez cohérent, acceptez le paradoxe, ne vous contredisez jamais. Et enfin, arrêtez de vous inquiéter de vous faire annuler et demandez-vous si vous méritez d’être renouvelés.”
#3. Regina King et Uzo Aduba portent un T-shirt “Breonna Taylor”
Watchmen a été l’une des grandes gagnantes d’une cérémonie, qui ne pouvait décemment pas passer à côté de la performance de Regina King, pièce maîtresse de la mini-série de Damon Lindelof. Remerciant toute son équipe ainsi que l’Académie des Emmys, l’actrice en a profité pour faire passer un message politique à ses congénères, celui d’aller voter aux prochaines élections américaines. Elle a aussi eu un mot, “Rest in power RBG”, pour la juge de la Cour suprême progressiste, Ruth Bader Ginsburg, qui vient de décéder.
Un autre élément témoignait de l’engagement politique de Regina King : son T-shirt “Breonna Taylor”, du nom de cette infirmière noire de 26 ans, tuée dans le Kentucky en mars 2020 par trois policiers alors qu’elle dormait, selon l’avocat de la famille. Une enquête du FBI est en cours. Ce cas de violence policière est devenu un des symboles du mouvement Black Lives Matter. Uzo Aduba, actrice noire récompensée aux Emmys pour sa performance dans la mini-série Mrs. America, où elle incarnait la politicienne féministe Shirley Chisholm, portait aussi un T-shirt “Breonna Taylor”.
#4. Elles seront toujours là pour nous
L’année aura été dure et, dans ces moments-là, les séries doudou comme cette bonne vieille Friends nous ont aidé·e·s à l’adoucir. Mais la pandémie a mis en pause cette fameuse émission qui devait réunir tous nos Friends sur HBO Max. Alors en attendant ce glorieux moment, les Emmys nous ont offert une petite séquence “baume au cœur”, réunissant trois de nos actrices chéries de la sitcom culte : Jennifer Aniston, Courteney Cox et Lisa Kudrow.
“On est colocataires depuis 1994”, plaisante l’interprète de Rachel en parlant d’elle et de sa copine Courteney, inoubliable Monica Geller. Sur ces entrefaites débarque Jason Bateman (Ozark), que Jimmy Kimmel prend pour Ross ! Alors, OK, on a vu des séquences plus drôles, et voir des gens aussi proches les uns des autres sans porter de masques risque de ne pas faire plaisir aux angoissés du Covid. Mais dans des moments aussi compliqués, on est aussi content·e·s de retrouver ces bouilles connues, qui nous accompagnent effectivement depuis 1994 !
#5. Le monologue de Jimmy Kimmel
L’exercice du monologue dans ce genre de cérémonie est pour le moins casse-gueule. Ajoutez-y les contraintes liées au coronavirus et vous obtenez un plus gros challenge encore. Si le choix de mettre un parterre de stars (évidemment absent en réalité) pendant la première partie de son discours ne s’est pas révélé des plus judicieux, Jimmy Kimmel s’en tire globalement très bien avec ce discours d’entrée en matière.
Il rend notamment hommage à la puissance de divertissement du médium télévision, qui a “sauvé” la vie à beaucoup de monde pendant la période de confinement, en étant “toujours là pour nous, 24 h/24”.