Westworld : la nouvelle série de HBO qui va vous retourner le cerveau

Publié le par Marion Olité,

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Après des mois d’attente et des ralentissements dans la production, Westworld, le plus gros pari de HBO depuis Game of Thrones, débarque enfin. On ne va pas se mentir : le résultat méritait cette attente. Attention, chef-d’oeuvre en devenir. 

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“Avez-vous déjà remis en cause la nature de votre réalité ?” C’est l’une des premières questions qu’une voix masculine pose à Dolores, le personnage féminin principal de Westworld. Dolores est la fille d’un fermier. Elle vit dans l’Amérique de la conquête de l’Ouest, au beau milieu du XIXe siècle. Et dans ce monde où “certaines personnes ont choisi de n’en voir que la laideur”, elle a choisi “de n’y voir que la beauté”. 

Elle ne le sait pas, mais Dolores est un robot humanoïde, qui revit plus ou moins la même journée ad vitam eternam. Avec plus de 400 de ses congénères “hôtes”, elle peuple le parc d’attraction de Westworld, un monde de réalité virtuelle qui accueille chaque jour de nouveaux “invités”, de vrais humains, des clients qui ont payé pour frissonner, tuer et se payer du bon temps dans le pays en partie fantasmé de Clint Eastwood. Dans ce système parfaitement huilé, il suffit d’un update raté, d’une erreur humaine pour que tout dérape.

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Avouez que sans même avoir vu une seule image, ce pitch à mi-chemin entre Jurassic Park, Real Humans et Battlestar Galactica vous donne envie. Adaptée du film éponyme de 1973 écrit et réalisé par Michael Crichton, Westworld a pris acte des oeuvres SF qui ont suivi ces 40 dernières années. Développée par Jonathan Nolan et Lisa Joy, elle arrive à point nommé, à une époque où si l’on met les deniers nécessaires (et HBO a sorti son chéquier pour cette première saison estimée à 100 millions de $), on peut créer une série de SF inoubliable.

Également réalisateur du pilote, Nolan apporte au show une fascinante esthétique. Le monde futuriste qui gère le parc ne présente pas de grande révolution comparé aux précédentes oeuvres de SF telles que Bienvenue à Gattaca ou Real Humans, mais il est extrêmement soigné et on a du mal à ne pas rester bloqués devant la façon dont son fabriqués les humanoïdes. Le monde de Westworld, carte postale des westerns hollywoodiens avec ses couleurs vintage et ses paysages sauvages, est tout aussi spectaculaire. Il faut saluer le tour de force effectué ici, celui de faire cohabiter deux univers diamétralement opposés, qui s’entremêlent l’un l’autre.

Qui suis-je ? Où vais-je ?

Aussi belle soit-elle, Westworld ne privilégie pas pour autant la forme au fond. Elle convoque le souvenir des plus belles heures de Battlestar Galactica, chef-d’oeuvre de SF existentielle qui vient de trouver, après des années de fausses pistes, un potentiel héritier spirituel. Les deux séries partagent un goût certain pour la philosophie et imaginent toutes deux, à leur façon, un futur où l’homme a crée le robot à son image, et ne voit pas venir, égocentrique qu’il est, sa création se rebeller contre lui.

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On n’en est pas encore là dans les premiers épisodes de Westworld, mais la série possède en germe de quoi devenir un chef-d’oeuvre du petit écran, qui nous tiendra en haleine durant plusieurs saisons. Son concept permet d’avoir un renouvellement constant de personnages (nouveaux invités, nouveaux hôtes tous neufs) et donc de storylines.

Ceux qui nous sont présentés ici – la liste est trop longue pour être exhaustive mais citons Dolores (Evan Rachel Wood) et son chéri attitré Teddy (James Marsden), mais aussi la tenancière de bordel Maeve (Thandie Newton), le mystérieux Homme en noir (Ed Harris) ou encore le nouvel arrivant William (Jimmi Simpson) – possèdent de toute façon chacun de quoi nous passionner pendant un moment. Et l’on n’évoque là que les hôtes. Les personnages “humains” qui s’occupent du parc s’avèrent tout aussi fouillés. 

Avec son intrigue à multiples tiroirs, Westworld interroge notre perception de la réalité, de la mort, de l’existence humaine. Elle aborde ce vieux complexe de Dieu qu’ont les humains depuis qu’ils ont développé des technologies de plus en plus sophistiquées. Et puis, selon cette bonne vieille Bible, Dieu a crée les hommes à son image. Voici que maintenant les hommes ne souhaitent plus qu’une chose : créer des robots à leurs images, ce qui ne va pas sans conséquences.

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Série monstre, oui, Westworld en est une, car elle se débrouille pour brasser une variété de thèmes philosophiques forcément passionnants, sans oublier d’être une excellente série de divertissement (les flingues ne restent pas accrochés bien longtemps aux ceintures, les morts s’amoncellent pour mieux revivre le lendemain, il existe un mystérieux niveau du jeu, le “Maze”…) , voir même une série qui se questionne sur elle-même. Chaque hôte du parc possède son arc narratif (son but dans la vie, ses proches, quelques lignes de dialogues ressorties chaque jour et s’il est chanceux, son background) plus ou moins élaboré. Quand le fondateur du monde virtuel (incarné par un Anthony Hopkins des grands jours) se moque d’une de ses créatures à qui il n’a justement pas encore donné d'”origin story”, cela donne une mise en abyme savoureuse.

Au bout de quatre épisodes (que nous avons vu), que peut-on reprocher à Westworld ? Pas grand chose, peut-être d’avoir conscience de sa grandeur, mais n’est-ce pas intrinsèque à un objet pareil ? Après des débuts aussi sublimes, on espère seulement que Westworld tiendra sur la longueur et que le texte de Shakespeare tiré de Roméo et Juliette que se chuchotent les hôtes en plein éveil – “These violent delights have violent ends” (“Ces plaisirs violents ont des fins violentes”) –  ne soit pas prophétique de l’avenir du show.

La première saison de Westworld a débuté dimanche 2 octobre sur HBO et commence chez nous sur OCS City ce lundi 3 octobre. 

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