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#10. Winning Time: The Rise of the Lakers Dynasty
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Depuis le succès des séries documentaires The Last Dance et Last Chance U, le basket-ball sert régulièrement de cadre à des histoires fictives ou non sur les coulisses du sport. Dans Winning Time, Max Borenstein et Jim Hecht, accompagnés d’un certain Adam McKay (Succession) à la production, s’attaquent au commencement de l’ère dorée des Lakers de Los Angeles dans les années 1980, avec la formation du tandem de stars Kareem Abdul-Jabbar et Magic Johnson. La série se concentre aussi sur les hommes de l’ombre du club, dont le duo des Jerry, incarnés par des acteurs de gala (John C. Reilly et Jason Clarke).
Chic, irrévérencieuse et outrageusement polémique (la série n’a pas vraiment plu aux personnes concernées), Winning Time s’inscrit dans le style satirique si reconnaissable d’Adam McKay. Elle présente une galerie de personnages aussi écœurants que fascinants, témoins d’une époque où la taille du pantalon importait plus que celle du portefeuille. On pense notamment à Jerry Buss, le directeur général de l’équipe campé par un John C. Reilly exceptionnel, à la croisée d’un personnage excentrique tiré de Gatsby le Magnifique et d’un prédateur sexuel terrifiant dans la veine d’un Weinstein. Plus la série avance et décortique les aspects sombres de la NBA dans les années 1980, plus on comprend pourquoi Magic et KAJ ne veulent avoir rien à voir avec cette adaptation libre mais acerbe de leur success-story. (A.D.)
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À voir sur OCS à la demande.
#9. A League of Their Own
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Adaptée du film éponyme de 1992 qui mettait en scène Tom Hanks, Geena Davis et Madonna, lui-même inspiré de l’histoire vraie de la All-American Girls Professional Baseball League, cette série Prime Video a surpris par sa fraîcheur, son humour et… sa queerness ! Co-créée par Will Graham (producteur exécutif de Mozart in the Jungle) et Abbi Jacobson (la moitié du duo de la géniale Broad City), A League of Their Own raconte la formation, en 1943 aux États-Unis, des Rockford Peaches, une équipe de baseball entièrement féminine.
C’est par l’entremise de deux de ses héroïnes qu’on les accompagne dans cette petite révolution : Carson (Abbi Jacobson, sur tous les fronts), une femme au foyer qui rêve d’une autre vie pendant que son mari est parti faire la guerre, et Max, une femme noire dans l’Amérique raciste, dont les ambitions d’intégrer une équipe de baseball professionnelle seront vite douchées par ses proches, les jugeant irréalistes.
Vibrante, drôle et craquante, la série nous offre là une belle brochette de femmes qui affrontent, ensemble ou non, les préjugés d’une époque, les discriminations sexistes, raciales et lesbophobes, et les injonctions à la féminité dans un milieu encore très masculin qui consent à leur entrouvrir la porte, mais à la seule condition qu’elles satisfassent le male gaze. Une bien belle épopée dont on attend la saison 2 avec impatience… si Prime Video se décide enfin à lui accorder. (D.R.)
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À voir sur Prime Video.
#8. House of the Dragon
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Annoncé comme le messie sériel de 2022, House of the Dragon reste un successeur de Game of Thrones très clivant parmi les fans. Mais on préfère retenir ses ambitions narratives et ses qualités spectaculaires à ses faiblesses d’écriture parfois inquiétantes (toujours autant de violence envers les femmes bien que les personnages féminins soient très représentés à l’écran). Oui, on se perd régulièrement dans ses sauts dans le temps surprenants au début de la saison, mais il faut considérer cette dernière comme un prologue à la fameuse “Danse des Dragons”, qui promet d’exploser en saison 2.
Sincèrement, difficile de trouver mieux cette année en termes de blockbusters intelligents plus qualitatifs que House of the Dragon (déso les fans des Anneaux de pouvoir, mais elle a clairement remporté la bataille annuelle de la fantasy). Outre le casting impeccable et des révélations émergentes comme Kit Harington et Emilia Clarke à l’époque, la nouvelle série inspirée de l’œuvre de George R. R. Martin brille par ses intrigues machiavéliques et sa tension omniprésente. Évidemment, le succès du spin-off repose aussi sur le retour d’un génie de la musique dans les coulisses, le compositeur Ramin Djawadi, qui a encore une fois sublimé plusieurs scènes par son talent. (A.D.)
À voir sur OCS à la demande.
#7. The Good Fight, saison 6
L’incroyable duo de scénaristes Robert et Michelle King (The Good Wife, Evil) a encore frappé. Et c’est sur un uppercut en plein dans les gencives que le couple a décidé de finir The Good Fight. Plus étourdissante et cynique que jamais, la série poursuit son excavation de la morale en politique dans une saison 6 qui voit son héroïne, Diane Lockhart (formidable Christine Baranski), partir en quête de sérénité pour mieux affronter une société au bord de l’implosion, avant de finalement embrasser ce tourbillon avec toute la grâce qu’on lui connaît. Car si la série — l’une des plus progressistes et intelligentes de ces dernières années — nous a bien appris un truc, c’est que les postures morales du camp démocrate américain sont parfois bien fragiles.
Cette ultime saison fait monter la tension d’un cran parmi nos avocat·e·s et le théâtre de leurs petites guerres de pouvoir devient peu à peu une arène où le danger est bien réel. Anxiogène à souhait, ce dernier chapitre se déroule beaucoup en intérieur, dans les bureaux, les apparts cossus ou les sous-sols déserts, tandis qu’éclatent dans les rues des émeutes qui nous rappellent incessamment la menace d’un monde qui perd la boule. Après six saisons sans fausse note, The Good Fight a tiré sa révérence de la plus magistrale des façons. D’ailleurs, comme le prophétisait son magnifique générique depuis le début : tout finit par péter. (D.R.)
À voir sur Salto.
#6. Drôle
Voir une aussi bonne série, française qui plus est, disparaître après une toute petite saison nous reste en travers de la gorge. Drôle, la nouvelle création de Fanny Herrero (Dix pour cent), avait ouvert l’année sérielle 2022 de la plus belle des manières. Enfin une série tendre, intelligente et vraiment marrante sur le monde du stand-up, même capable de plaire à ses détracteurs. Par ailleurs, Drôle a révélé de beaux et belles comédien·ennes, comme Younès Boucif et Elsa Guedj, qui auraient pu former une famille aussi dysfonctionnelle et attachante que les agents d’ASK pendant plusieurs saisons.
Oui, on t’en veut beaucoup Netflix, car Drôle faisait briller la création française à travers la finesse de ses dialogues, le talent de ses jeunes interprètes et la qualité du sous-texte sur les carrières de passion et précaires comme le stand-up. Aïssatou, Nezir, Bling et Apolline, vous nous manquez déjà, et ce n’est pas une mauvaise blague. (A.D.)
À voir sur Netflix.
#5. Bad Sisters
Délicieuse comédie noire irlandaise, inspirée de la série flamande Clan et développée pour Apple TV+ par Sharon Horgan, Dave Finkel et Brett Baer, Bad Sisters est assurément l’une des pépites découvertes cette année. Elle raconte comment cinq sœurs aux caractères bien différents vont se liguer pour sauver l’aînée d’entre elles d’un mari abusif et violent… et le tuer s’avère rapidement être la meilleure solution.
À la fois drôle, cruelle, tendre et mordante, la série peut aussi se targuer d’avoir l’un des casts les plus chouettes du moment, Sharon Horgan en tête (elle est au four et au moulin sur cette série et on aime ça), avec Anne-Marie Duff, Eva Birthistle, Sarah Greene, Eve Hewson qui campent les cinq frangines, et Claes Bang, qui interprète, avec une justesse à glacer le sang, le très toxique JP.
Mention spéciale à son générique qui déroule sa machine (à tuer) de Rube Goldberg sur l’entêtant morceau de PJ Harvey et Tim Phillips, baptisé “Who by fire”. Passée un peu inaperçue lors de sa sortie en août dernier sur Apple TV+ — la faute à la plateforme, encore trop confidentielle et qui ne fait presque pas de promo — Bad Sisters est une petite merveille d’humour noir qui pousse jusqu’aux limites l’idée de sororité. La bonne nouvelle, c’est qu’elle a été renouvelée pour une saison 2 ! (D.R.)
À voir sur Apple TV+.
#4. Oussekine
En seulement quatre épisodes, elle a rouvert des plaies qui n’avaient pas tout à fait cicatrisé et a mis d’accord toutes celles et ceux qui l’ont vue. Les diffuseurs français ont la réputation de ne pas trop vouloir mettre le doigt là où ça fait mal, et regarder dans le rétroviseur avec des séries examinant notre passé proche, surtout s’il est politique, reste un tabou. Tant pis, c’est sur Disney+, une plateforme américaine, que le réalisateur et scénariste Antoine Chevrollier est allé raconter cette histoire, avec son équipe d’écriture. Bien lui en a pris puisque Oussekine, qui revient sur une affaire de violences policières qui a fait trembler la France à l’époque, est une réussite sur toute la ligne.
Dans la nuit 5 au 6 décembre 1986, pendant que des émeutes étudiantes dans Paris sont fortement réprimées par les forces de l’ordre, un étudiant, Malik Oussekine, qui rentrait tranquillement de soirée et n’avait pas pris part aux manifs, se fait prendre en chasse par des voltigeurs (des flics à moto) et tabasser à mort dans un hall d’immeuble. La puissance du récit de la mini-série — qui suit deux temporalités, celle du drame autour de la mort de Malik (Sayyid El Alami), et celle de sa famille, rassemblée autour de la mère (merveilleuse Hiam Abbass), qui tente d’obtenir un semblant de justice — est renforcée par les interprétations aussi puissantes que sensibles de son cast. Quatre épisodes, pour ne jamais oublier. (D.R.)
À voir sur Disney+.
#3. Andor
Cette année, Star Wars et notamment le showrunner Tony Gilroy, ont pris tout le monde à contre-pied. Alors qu’on s’attendait à un énième blockbuster spatial édulcoré dans l’univers exponentiel de George Lucas, Andor nous a bluffés et conquis. Le préquel de Rogue One fait voler certains codes en éclat de la franchise à succès, si bien qu’on perd parfois le sentiment de se retrouver dans Star Wars. La série sur Cassian Andor est âpre, froide voire carrément dépressive par moments et s’attarde pour une fois sur les petites gens plutôt que sur les figures emblématiques de la saga comme les Jedi et les Sith.
Même si on aime la nostalgie et la tendresse de The Mandalorian, Andor a sa propre singularité (et surtout maturité) au sein des œuvres dérivées de Star Wars. Jamais on aurait cru voir une critique aussi véhémente et directe de l’autorité, du gouvernement et de la tyrannie dans une production Disney. Mais Tony Gilroy n’est pas un grand fan des contes de fées créés par le studio et il le fait savoir avec son style glaçant, sans s’appuyer tant que ça sur l’univers gargantuesque à sa disposition. Une grande œuvre Star Wars et tout simplement une grande série. (A.D.)
À voir sur Disney+.
#2. The Bear
Certains fans s’accordent à dire que The Bear vaut le détour rien que pour les bras herculéens de Jeremy Allen White, son interprète principal caliente. Ce n’est pas faux. Mais ça serait aussi s’arrêter trop vite devant la vitrine ô combien jouissive de la série culinaire la plus excitante de l’année. On vous invite donc à passer la porte d’entrée de The Beef, petit restaurant de Chicago spécialisé dans les sandwiches au bœuf, dont les membres sont en deuil après le suicide de leur chef.
The Bear est peut-être la série qui nous a fait le plus pleurer cette année quand elle n’essayait pas de nous filer une crise cardiaque. Entre sa réalisation inspirée et nerveuse, ses personnages aussi insupportables que touchants et le monologue sublime d’Allen White qui continue de nous hanter, la série de Christopher Storer est la dramédie de l’année. Bon appétit. (A.D.)
À voir sur Disney+.
#1. Severance
Certain·e·s pratiquent le quiet quitting, d’autres la severance, une pratique innovante permettant de dissocier son soi qui travaille, de son soi qui vit juste sa vie. Dit comme ça, c’est tentant… sauf que l’une de ses deux moitiés est prisonnière d’un monde sous surveillance au décor clinique, sous la lumière de néons blafards. Severance, créée par Dan Erickson et réalisée par Ben Stiller et Aoife McArdle, est la plus belle découverte de l’année. Dystopie cynique, mais pas dénuée de poésie, sur le monde du travail, Severance tire sa force de ses contrastes, entre le dedans et le dehors, entre la froideur de ses bureaux et la chaleur et la vie qui émanent de ses personnages.
Les employé·e·s de Lumon sont en quête de sens, s’éveillent, et ça, ça menace de faire dérailler toute la savante machine. Le cast, à l’instar de cette saison 1, est exemplaire : Adam Scott, Britt Lower, John Turturro, Christopher Walken, Patricia Arquette ou encore Dichen Lachman, sont tantôt étranges, tantôt émouvant·e·s, tantôt carrément flippant·e·s. Pour ne rien gâcher, la série, qui a été renouvelée pour une saison 2, se pare d’un générique aussi beau que malaisant (et pour lequel elle a remporté un Emmy). Vite, la suite ! (D.R.)
À voir sur Apple TV+.
Delphine Rivet
- Severance
- The Bear
- Bad Sisters
- Andor
- Oussekine
- The Good Fight, saison 6
- A League of Their Own
- Chair Tendre
- The Sandman
- Irma Vep
Adrien Delage
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- Stranger Things, saison 4
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Cet article a été coécrit par Delphine Rivet et Adrien Delage.