C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup. Comme chaque année, de nouveaux mots entrent dans Le Petit Larousse illustré, qui tente à chaque nouvelle édition de coller toujours un peu mieux à la société d’aujourd’hui. Et de nos jours, ignorer les séries, la pop culture et la place qu’elles ont pris dans notre quotidien devient mission impossible (ou mission mauvaise foi). En particulier en cette année 2019, qui marque la diffusion de la saison finale d’une série phénomène, celle devant laquelle la planète se réunit religieusement entre le dimanche soir et le lundi, Game of Thrones.
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Si le terme “spoiler” a été inventé aux premiers temps d’Internet, il a pris une réelle ampleur avec la démocratisation de l’art sériel en général, et le succès planétaire de GoT en particulier. Le scénario reposant – en partie – sur des rebondissements imprévisibles (excepté évidemment pour les lecteur·ice·s des livres de George R.R. Martin) comme des morts ou des retournements de situation, la série HBO a largement contribué à faire émerger une “culture du spoil”, qui s’est propagée au cinéma, en témoignent la saga des Avengers et les réactions autour d’Endgame.
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De nombreux passages de Game of Thrones se sont ainsi transformés en mèmes Internet, qui ont contribué à faire grandir l’importance des spoilers. Dès la saison 1, Sansa hurle à Arya : “You’re spoiling everything !”
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On connaît la fierté de la France pour son langage. Il n’aura donc pas fallu attendre très longtemps pour qu’une alternative à l’anglicisme “spoil” ne pointe le bout de son nez dans la langue de Molière. Et ce sera donc le mot-valise “divulgâcher”, contraction de “divulguer” et “gâcher” utilisé par les Québécois, qui résume effectivement assez bien son essence.
Quand vous lâchez un “spoil” ou que vous “divulgâchez”, c’est que vous dévoilez un élément-clé d’une intrigue, qui peut gâcher le plaisir de votre interlocuteur·ice. Évidemment, chacun place sa barrière de tolérance au spoil où il l’entend, d’où des malentendus et des débats à n’en plus finir entre ceux et celles pour qui tout est divulgâchage et les autres.
Cette culture du spoil a beaucoup évolué en quelques années. Lors des saisons précédentes de Game of Thrones par exemple, les personnes qui s’exprimaient très vite sur les réseaux sociaux sur l’épisode à peine diffusé étaient considérées comme malveillantes, agissant en toute conscience pour gâcher le plaisir des autres. Les règles ont changé pendant la diffusion de la saison 8 : beaucoup se plaignent d’avance à coups de gifs, mais la sagesse populaire considère désormais que la personne qui se fait spoiler l’a un peu cherché en se baladant sur les réseaux sociaux. À elle de faire attention : comme de nombreuses personnes regardent cette ultime saison en simultané aux États-Unis, les réactions tombent dès la nuit du dimanche à lundi. Pour le meilleur et pour le spoil.
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Pour en revenir au verbe “divulgâcher”, il était déjà bien connu des sériephiles qui n’en pouvaient plus d’utiliser l’anglicisme “spoiler” et qui ont un petit faible pour la poésie candide de la langue québécoise, qui est, rappelons-le à toutes fins utiles, une variante de la langue française, parlée par les personnes francophones du Québec. Le voir rentrer dans la prochaine édition du Petit Larousse illustré, qui sortira le 21 mai prochain, c’est tout un symbole.