Un peu comme par réflexe, l’œuvre d’animation est souvent associée au registre comique. C’est un simple constat, la plupart des séries animées destinées à un public adulte appartiennent à ce genre-là. Pour ne citer que les plus populaires de ces derniers temps, on pense à Rick and Morty, aux Simpson ou encore aux ados délurés de Big Mouth. Pour autant, on peine à concevoir des séries d’animation qui donnent davantage dans le dramatique. C’est là qu’Undone vient changer la donne.
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Tout juste inaugurée par Amazon Prime Video à l’international, cette série audacieuse est le fruit d’une collaboration entre Raphael Bob-Waksberg et Kate Purdy, lesquels sont respectivement créateur et productrice exécutive de l’acclamée BoJack Horseman. S’ils s’adonnaient à la comédie grinçante avec cette dernière, Undone est pour eux l’occasion de sortir des sentiers battus en proposant une histoire singulière, touchante et atypique à bien des égards.
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Au niveau du récit, tout commence avec Alma, une jeune femme malentendante qui mène une vie absolument lambda. Elle bosse dans une école maternelle, est dans une relation relativement stable, doit aider sa sœur cadette à organiser son mariage… Jusqu’au jour où elle se retrouve dans un accident de voiture, causé par la vision inattendue de son défunt père sur le bord de la route tandis qu’elle conduisait. Dès lors, Alma continue de voir son paternel qui essaie de lui faire comprendre une chose : elle est dotée de capacités hors normes et peut manipuler le temps.
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En seulement huit épisodes d’une vingtaine de minutes chacun, Undone se permet d’aller très, très loin. Elle se démarque d’entrée de jeu par son type d’animation, rarement mobilisé sur la petite lucarne. Plutôt que des dessins classiques, le duo créatif derrière la série mise sur la rotoscopie : c’est une technique qui consiste grosso modo à redessiner par-dessus des images filmées pour n’en reprendre que les contours et revoir les couleurs à sa sauce. Le rendu final est on ne peut plus épatant et ce choix d’animation confère une dimension résolument humaine à la série.
Mais au-delà de ses prouesses visuelles, Undone nous happe en construisant, scène après scène, un univers fascinant qui lui est propre. La série joue sur une ambivalence qui fonctionne bien : Alma a-t-elle réellement un don extraordinaire ou bien a-t-elle des hallucinations liées à une maladie psychique ? En ce sens, la série évoque la première saison de The OA qui misait également sur cette dualité. Aussi frustrant que ça puisse être, c’est aussi la force de ces deux œuvres indubitablement uniques.
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Que les allergiques aux séries trop fantastiques se rassurent, l’aspect gentiment surnaturel d’Undone reste très accessible pour un public néophyte. Dans les faits, on découvre et on comprend ce qui arrive à Alma en même temps qu’elle, rendant ainsi la narration fluide. Vers la seconde partie de saison, la série semble vouloir creuser davantage sa mythologie, en s’intéressant notamment au folklore méso-américain (et oui, vous aurez sans doute l’envie irrépressible d’aller fouiller Wikipédia pour essayer de forger vos propres pistes d’interprétation).
En parallèle, pour des raisons tout autres, Undone fait penser à Fleabag dans sa manière de présenter une famille dysfonctionnelle au possible. La dynamique entre Alma et sa sœur, Becca, n’est d’ailleurs pas sans rappeler la relation complexe qui lie Fleabag à Claire dans le chef-d’œuvre de Phoebe Waller-Bridge. Car si l’aspect fantastique d’Undone est maîtrisé, il en est de même pour son côté plus dramatique et terre à terre. Pour ça, on applaudit la prestation impeccable de Rosa Salazar (croisée dans la saga dystopique Le Labyrinthe) qui insuffle ce qu’il faut d’humanité et d’émotion à son personnage pour faire d’Alma une héroïne avec un grand H.
Lancée sans trop de promotion pour garantir son succès, Undone s’impose d’emblée comme l’une des séries les plus originales de 2019. Atypique aussi bien par sa forme que par son fond, elle réussit l’exploit de proposer quelque chose de purement inédit à l’heure où on a l’impression que tout a déjà plus ou moins été fait. Forte en émotion mais pourtant pas dénuée d’humour, intelligente et à l’esthétique soignée, Undone mérite d’être votre premier binge-watching de cette rentrée automnale.
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La première saison d’Undone est disponible en intégralité sur Amazon Prime Video en France.