Marseille met en scène l’arène politique. Le football a remplacé les jeux du cirque avec les gladiateurs, d’où le choix du Vélodrome. Pour cette première séquence, j’avais l’idée de suivre deux personnages dans les couloirs, comme deux boxeurs qui se préparent à aller au combat.
Ils marchent au ralenti. Depardieu et Magimel arrivent dans l’arène au moment où l’OM marque un but. Les gens se lèvent, le stade explose. Pour moi, c’est l’arrivée de César et Brutus dans cette arène. Les jeux de pouvoir se tissent après cette scène.
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Le maire de Marseille est un personnage puissant, qui a une faconde et une forte intériorité. Il a tout de Gérard Depardieu. En général, on doit reprendre quelques dialogues pour les adapter au comédien choisi. Là, je n’ai rien eu à faire. Le rôle était quasiment écrit pour lui.
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Retour à la fameuse scène. Les cris de joie de Depardieu au moment du but fictif de l’OM surpassent tous les autres. Entre deux prises, le comédien fait le show, plaisante des gesticulations d’un assistant réalisateur, le tout sous les yeux des figurants marseillais, visiblement fascinés. “C’est bien qu’il hurle, ça donnera l’impulsion de la scène”, glisse Florent Emilio Siri à ses techniciens.
“Je n’aurais pas pu écrire Marseille ailleurs” – Dan Franck
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Venu sur le projet avec son acteur fétiche, l’intense Benoît Magimel, le réalisateur en dit plus sur l’identité visuelle de Marseille : “J’ai choisi de faire de cette ville un personnage. Elle rentre par les fenêtres, au milieu des scènes entre les personnages. Elle est toujours là, comme si elle veillait et écoutait tous les protagonistes.”
Pour souligner visuellement ce thriller politique et psychologique, Florent Emilio Siri a opté pour des contre-jours, et des partis pris forts en termes de lumière et de découpage.
J’ai regardé beaucoup de photos de Marseille prises en longue focale, où l’on voit les silhouettes se découper sur les fonds de décor. Je voulais des personnages assez “silhouettés” qui se parlent de dos, se disent des secrets, et derrière cette ville chaude toujours présente.
C’est un lieu très pauvre mais assez magnifique, témoigne Dan Franck. Cette ville a une personnalité inouïe, qui n’est pas faite que de violence. La façon dont les Marseillais aiment leur ville m’a beaucoup frappé. Je n’aurais pas pu écrire Marseille ailleurs. C’est le personnage principal. Tous les protagonistes se définissent par rapport à la ville.
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