Le 20 juin dernier, Netflix a surpris tout le monde en annonçant la mise en chantier d’un docudrame dédié à la dynastie des Masamune, vendu comme un Game of Thrones réaliste. Plusieurs membres de cette famille nippone, dont le célèbre Date qui a vécu au XVIIe siècle, occupaient le noble titre de Daimyō. Ces seigneurs de guerre avaient pour particularité de contrôler les puissants soldats que nous connaissons sous le terme de samouraïs.
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Le genre du chanbara n’a jamais été très populaire à la télévision occidentale, principalement pour une raison de choc culturel. Ces programmes ont du mal à traverser les frontières pour s’exporter en Europe ou aux États-Unis, qui a plutôt tendance à s’approprier ses codes comme nous avons pu le voir avec les Super sentai type Power Rangers. Pour réviser vos classiques ou emprunter la voie du bushido, Biiinge vous propose une sélection non-exhaustive de séries sur les samouraïs à visionner sans modération.
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#1. Shogun
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À la fin des années 1970, une vague de mini-séries a frappé les networks américains, qui enregistraient des audiences considérables avec des programmes non-renouvelables. Les succès de Roots et North and South sur ABC avaient semé des graines que NBC souhaitaient également voir prospérer sur son catalogue. De cette envie de surprendre son public est née la mini-série Shogun, une histoire sur les samouraïs, devenue culte pour avoir bouleversé les codes de la télévision à l’époque.
Basée sur le journal du navigateur britannique William Adams, qui a rallié le Japon en bateau et s’est mis au service d’un général nippon, Shogun fut un projet d’une ampleur pharaonique. Preuve en est, le show est toujours à l’heure actuelle l’unique feuilleton américain qui a été intégralement tourné sur le territoire japonais. Le réalisateur des 5 épisodes, Jerry London, s’était d’ailleurs rendu dans les mythiques studios de la Tōhō pour tourner des scènes additionnelles.
La mini-série de James Clavell et Eric Bercovici se déroule en 1600, alors que le navire du capitaine John Blackthorne fait naufrage sur les côtes japonaises. Perdu sur une terre dont il ignore tout, le survivant est pris sous l’aile du seigneur Toranaga, général en chef des armées de l’Est, après l’avoir aidé à s’échapper d’un château ennemi. Sous le service du shogun, John va entamer son apprentissage du bushido et devenir un puissant samouraï, gagnant le nom d’Anjin-san (“Honorable Pilote”) auprès des locaux.
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Bien que méconnue, Shogun fut la mini-série des premières fois à l’écran : première décapitation montrée sur une chaîne de network, première utilisation du mot “pisser”, première représentation du rituel traditionnel de l’harakiri à la télévision américaine… NBC s’était également fâchée avec les associations de censure, l’œuvre étant connue pour ses dialogues crus et ses nombreuses scènes dénudées. Par ailleurs, FX en a commandé un reboot en août dernier, qui aura tout le loisir d’être violent et sexy sur une chaîne du câble.
Pour l’anecdote, c’est Sean Connery qui aurait dû incarner le capitaine Blackthorne à la place de Richard Chamberlain. Mais la légende raconte que lorsque James Clavell lui a passé un coup de téléphone, le James Bond de l’époque lui a ri au nez, prétendant qu’aucun acteur américain n’accepterait de tourner pendant plusieurs mois au Japon. C’est ce qu’on pourrait appeler une belle “connery”…
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#2. The Samurai
Même si de nombreuses productions japonaises du genre n’ont jamais traversé nos frontières, certaines furent très célèbres dans l’Est du Globe. C’est le cas de The Samurai, une série en noir et blanc de TBS Japon, qui a connu un succès fulgurant en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les Philippines au début des années 1960. Malgré un manque affligeant de moyens techniques et d’argent, The Samurai a eu le droit à deux films, un spin-off (The New Samurai), une adaptation en pièce de théâtre et même un remake en couleurs en 1973.
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Aussi dingue que celui puisse paraître, The Samurai possède quelques points communs narratifs avec… Game of Thrones. Le show raconte l’histoire d’Akikusa Shintarō, un samouraï et détective vagabond, dont la véritable identité est en réalité Matsudaira Nobuchiyo, l’héritier légitime du trône (pas en fer) du shogun Tokugawa, un souverain encore mineur. Mais comme Akikusa est un bâtard (poke Jon Snow), fruit d’une concubine, il ne peut prétendre au pouvoir et décide de mettre son katana au service de son jeune demi-frère, considéré comme un usurpateur et fréquemment attaqué par les autres shoguns.
The Samurai possédait deux particularités qui l’ont rendue culte. La première, c’est sa musique innovante, qui mélangeait des thèmes de western avec des instruments traditionnels japonais. La seconde, c’est son format semi-anthologique puisque les épisodes ne se suivaient pas chronologiquement, les personnages et les intrigues pouvant se déplacer dans le temps et l’espace. Akikusa Shintarō restait toutefois le protagoniste du récit à chaque fois, affrontant ninjas et samouraïs venus des royaumes ennemis.
#3. Hissatsu
Si vous vous êtes souvent moqués de vos parents qui zappaient sur Les Feux de l’amour, sachez que les spectateurs japonais possèdent également leur soap interminable. À la différence près que leur série, Hissatsu, se consacre à une famille de samouraïs. Le phénomène a pris une telle ampleur au pays du Soleil-Levant qu’Hissatsu est devenue une véritable franchise télévisuelle, un peu à la manière du Shondaverse et des Law and Order de Dick Wolf.
Entre 1972 et 2009, la saga familiale a eu le droit à pas moins de 31 séries différentes ! L’œuvre originelle se base sur la famille Otowaya, des tueurs à gages qui s’occupent uniquement d’autres criminels. Pour un contrat spécial, le boss de la fratrie va recruter Fujieda Baian, docteur le jour et justicier la nuit, ainsi que le ronin Nishimura Sanai, qui vont se lier d’amitié et accomplir des missions ensemble.
Les séries Hissatsu sont les plus populaires du Japon en ce qui concerne le genre du jidaigeki, des drames historiques qui se déroulent pendant la période Edo. La franchise se complait davantage dans la parodie, notamment à l’aide de twists humoristiques et l’utilisation de gadgets incongrus au cours des duels. Elle est également appréciée des spectateurs pour ses anachronismes réguliers, employés de manière intentionnelle. À ce jour, plus de 1 500 épisodes d’Hissatsu ont été produits pour la télévision japonaise.
#4. Samouraï Jack
Impossible de parler des guerriers féodaux sans mentionner le plus populaire des dessins animés occidentaux, Samouraï Jack. Le héros de Cartoon Network créé par Genndy Tartakovsky animait nos matinées au début des années 2000, affrontant un bestiaire hétéroclite et vivant des aventures d’une grande richesse créative. Le combat éternel entre Jack et Aku, brutalement arrêté en 2004 au bout de 52 épisodes, avait finalement eu le droit à une conclusion en 2017 avec une saison 5.
Si jamais vous étiez team Disney Channel et êtes passés à côté, Samouraï Jack narre l’affrontement entre le fils de l’empereur du Japon et son plus grand rival, un démon nommé Aku. Au cours de son voyage initiatique, Jack est transporté dans un univers alternatif régit par son adversaire. Le samouraï en profite pour visiter le monde entier et apprendre une leçon de chaque culture rencontrée (la Grèce, l’Égypte, la Russie, l’Angleterre…), tout en combattant des monstres issus de leur mythologie respective ainsi que les terribles robots créés par le scientifique Hector.
Avec son passage sur la chaîne Adult Swim, qui propose des programmes pour une cible plus mature (Rick and Morty, Robot Chicken), Genndy Tartakovsky en avait profité pour rendre l’univers de Samouraï Jack plus sombre et violent. Ce changement de ton destiné aux adultes se traduisait notamment par l’apparition d’une violence graphique, comme des giclées de sang ou l’utilisation d’armes lourdes de la part du héros et des assassins d’Aku. La série animée s’était même faite taxer de sexisme et d’homophobie par les étudiants de Yale, ce qui a peut-être joué sur le non-renouvellement du show par la suite.
En France, Samouraï Jack est diffusée sur Toonami.
#5. Westworld
On triche un peu, mais la présence d’un parc dédié à la période Edo dans Westworld lui donne le mérite d’apparaître dans ce classement. Le monde de Shogun World, visité par Maeve et ses fidèles en saison 2, a fait forte impression auprès des spectateurs. En cause, sa violence et le taux d’hémoglobine qui la traversent, le parc étant dédié à des visiteurs confirmés. Jonathan Nolan et Lisa Joy nous ont aussi offert des décors somptueux, du koyo automnal brillant aux montagnes de conifères enneigées, agrémentés de personnages aux dialogues 100 % japonais.
L’épisode “Akane No Mai” de la saison 2 rassemble pléthore de références cinématographiques au cinéma nippon, d’Akira Kurosawa à Tomo Uchida en passant par les œuvres de mangaka comme Takehiko Inoue. C’est aussi l’occasion d’apprécier une reconstitution plus vraie que nature du Japon féodal, avec la présence de sanctuaires shinto, de mariposa et tout un pan de l’architecture Sukiya-zukuri, issue de l’époque Edo. Mais c’est bien ce qui nous intéresse le plus ici, à savoir les samouraïs, qui a principalement retenu notre attention dans l’épisode.
Maeve fait la rencontre de Miyamoto Musashi, un personnage inspiré d’un puissant ronin qui a vécu au XVIIe siècle. C’était un très grand combattant qui maniait à la perfection le katana, talent qu’on a pu apercevoir dans un duel de samouraïs intense, qui finit par le sang et le seppuku traditionnel. Sakuranbo sur le gâteau, l’épisode est sublimé par la musique contemporaine et revisitée de Ramin Djawadi, qui a transposé “C.R.E.A.M.”, le titre mythique du Wu-Tang Clan, dans une ambiance nippone grâce à l’utilisation du shamisen.
En France, les deux saisons de Westworld sont disponibles en intégralité sur OCS Go.