Si on peut dégager au moins un aspect positif de 2020, c’est bien la saison 2 de The Mandalorian. En huit épisodes, souvent trop courts, la série Star Wars a prouvé sa force de caractère en parvenant à explorer son propre univers, tout en l’incorporant avec une cohérence insoupçonnée dans une franchise vieille de 43 ans. Il faut dire que Jon Favreau et Dave Filoni, les artisans du show, ont considérablement haussé les enjeux dans ces chapitres inédits, menant irrémédiablement vers la capture de Grogu et son sauvetage tendu par Din Djarin et ses acolytes. Le season finale de la saison 2, “The Rescue”, concentre tout simplement les éléments qui font de The Mandalorian une grande œuvre lucasienne et même une grande série populaire. Attention, spoilers !
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Malgré cette année sombre et compliquée, Mando et son petit protégé ont proposé une évasion merveilleuse pour des millions de fans à travers le monde. La série est presque devenue une œuvre doudou, dans laquelle on aime voyager et se réfugier comme Yoda sur Dagobah. Plus que ça, elle sacralise une étape importante dans l’univers de la pop culture, une sorte de réunification métaphorique de la communauté à l’aide d’un plan bouleversant et symbolique : la rencontre inattendue entre Grogu et R2-D2, deux icônes intergénérationnelles, qui se regardent droit dans les yeux, comme un hommage aux anciens et aux nouveaux fans de Star Wars.
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Un hommage entiché à George Lucas
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La Force a accompagné les créateurs de The Mandalorian. D’abord avec Dave Filoni, fils spirituel de George Lucas pour beaucoup, qui embellit la production Star Wars par son aura de fan. Dans cette saison 2, l’auteur des séries animées The Clone Wars et Rebels est parvenu à faire entrer en osmose deux mondes, celui de l’animation et du live action. Une fusion représentée par le personnage d’Ahsoka Tano, Togruta imaginée par Filoni en personne, Jedi taciturne, charismatique et fascinante introduite dans le chapitre 13. L’animateur et réalisateur est un maître ès cohérence de narration et la meilleure personne qui ait rejoint Lucasfilm depuis son rachat par Disney en 2012.
Ensuite, la Force était présente chez Jon Favreau, trop souvent perçu comme un réalisateur “yes man” (Le Livre de la jungle, Le Roi lion). Il est clairement devenu l’homme de confiance de Disney cette décennie passée, mais à juste titre. C’est un fabuleux conteur d’histoires et, plus fondamentalement, un créateur d’antihéros charismatiques et attachants, comme il l’avait déjà prouvé avec Tony Stark/Iron Man chez Marvel Studios.
Par ailleurs, Jon Favreau sert (officieusement) en tant que showrunner sur The Mandalorian, lui apportant cette science du feuilletonnant. Perçue par certains spectateurs comme des épisodes fillers, la quête de Din et Grogu, construite en escalier (voire vidéoludique), est en réalité une narration parfaitement sérialisée, qui se suit tel un doux et palpitant western écrit à l’ancienne. Le réalisateur et scénariste nous fait voyager pleinement dans le monde vaste de la galaxie Star Wars, justifiant le format épisodique de The Mandalorian. Trop de sériephiles ont été biberonnés par les films “découpés en dix heures” de Netflix, auquel la série de Favreau fait un contrepied déstabilisant pour les accros au visionnage boulimique.
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Le retour du Jedi
Difficile de ne retenir qu’un seul moment épique de ce season finale, propice aux frissons et à la nostalgie. Entre le duel opposant Mando à Moff Gideon, la menace des Dark Troopers et la scène cachée post-générique, qui introduit le spin-off surprise sur Boba Fett, “The Rescue” s’impose comme un épisode charnier dans l’histoire de la saga. Évidemment, on retiendra surtout le retour complètement inattendu de Luke Skywalker, master class du twist, avec un Mark Hamill rajeunit numériquement par une technologie, ou “De-Aging”, de plus en plus performante (déjà aperçue chez Disney dans Captain Marvel, Captain America: Civil War ou encore… Rogue One: A Star Wars Story).
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Avec cette arrivée explosive du Jedi, Din Djarin complète sa mission, celle de protéger et livrer l’Enfant aux siens. Contre toute attente, le duo emblématique de la série finit donc par se séparer, dans une séquence déchirante où Pedro Pascal peut exprimer son talent sans le masque en beskar. The Mandalorian montre à travers cette séquence une tendresse immense pour ses protagonistes et pour l’univers entier de Star Wars, où la symbolique du père est primordiale. L’émotion a pris le pas sur la technique et la narration, c’est le principal dans une grande série populaire.
Dans les prochaines années, les séries héritières du space opera vont exploser sur Disney+. Le géant américain prévoit d’en produire beaucoup, sûrement trop, comme ce fut le cas au cinéma, mais au milieu de ce brouhaha intergalactique, on se rappellera que The Mandalorian est parvenue à créer un pont entre passé et présent, entre anciens et nouveaux fans, entre le Père et les fils de Star Wars. Ou comment le destin tragique de deux orphelins a redoré le blason d’une franchise parfois orgueilleusement malmenée, en montrant à ses fans la tendresse d’une relation comme celle partagée par Din et Grogu, petit baume au cœur dans cette année clairement remportée par le côté obscur. “This is the way.”
La saison 2 de The Mandalorian est disponible en intégralité sur Disney+.
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