Dès sa scène d’ouverture, la thèse de The Journalist est fixée : la liberté de la presse est menacée au Japon et les plus hautes sphères du pouvoir en profitent pour agir en toute impunité. Dans un habile montage alterné entre trois séquences, cette introduction présente ses enjeux. Pendant une conférence de presse où le représentant du Parlement nippon est avare en renseignements, une arrestation de grande envergure est avortée au dernier moment tandis qu’une malversation du gouvernement est cachée par les mensonges des concernés. En quelques minutes, les bases sont posées, la corruption gangrène toutes les institutions japonaises.
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Pour lutter contre cette fatalité, Anna Matsuda s’est fait le serment de faire émerger toutes les vérités et surtout celles qui dérangent le gouvernement. C’est une journaliste chevronnée, qui vit pour cette vérité, quitte à sacrifier sa vie privée au passage. Lorsqu’un scandale éclate et met en cause la Première dame du pays, la priorité pour le gouvernement est d’étouffer l’affaire, quitte à utiliser des méthodes illégales.
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De la falsification à l’explosion
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Dès le premier épisode, The Journalist se révèle passionnante. De nombreux pays ont leur série sur les coulisses du pouvoir (Baron Noir en France, House of Cards aux États-Unis, The Crown en Angleterre, Borgen au Danemark et de nombreuses autres) et le Japon semble enfin avoir trouvé la sienne. Très rapidement, l’affaire prend une ampleur qui dépasse tous les concernés lorsque le ministère des Finances décide d’obliger ses fonctionnaires à falsifier des documents compromettants. Cela met Kazuya Suzuki, une petite main du gouvernement à la droiture exemplaire, face à un immense dilemme. Son cas de conscience est d’ailleurs brillamment mis en scène.
Le système politique japonais est dépeint comme étant pourri jusqu’à la moelle. Le pays est connu pour sa corruption généralisée. Premier ministre jusqu’en 2020, Shinzo Abe a d’ailleurs été la cible d’une enquête qui l’a poussé à démissionner. Cette affaire a sans doute inspiré The Journalist, qui fait des médias le seul contre-pouvoir à même de mettre en lumière les agissements du gouvernement, qui ne recule devant rien pour leur mettre une immense pression.
Machination politique
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L’affaire en elle-même n’est pas tant ce qui intéresse les scénaristes que ses conséquences. Elle est le point de départ d’une terrible machination. La tournure de l’affaire prend une ampleur considérable après un événement tragique. Puisque les pouvoirs politiques et judiciaires sont de connivence, cela fait de ce système une puissance contre laquelle on ne peut pas gagner. Pourtant, Anna Matsuda fera tout pour prouver le contraire.
Son abnégation ne plaira pas aux hommes de l’ombre du gouvernement, qui s’en prendront à elle pour la discréditer. Dès lors, ces six épisodes deviennent une course à la vérité qui, à l’image des plus grands films de lanceurs d’alerte, donne foi envers ce quatrième pouvoir, souvent critiqué mais toujours là pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas.
La saison 1 de The Journalist est disponible en intégralité sur Netflix.
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