Istanbul, ambiance carte postale. Atiye, jeune peintre abstraite, tient sa première grande exposition lancée avec un vernissage glamour où se croisent costumes et robes de soirées. L’apparition d’une vieille femme vient troubler la fête. Atiye en est bouleversée. S’agit-il d’une vision ou d’un début de schizophrénie ? 1 000 km plus loin, à la frontière syrienne, sur le site archéologique de Göbekli Tepe, Erhan, responsable des recherches, découvre un signe qui ressemble étrangement à celui que peint sans cesse Atiye.
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Pour sa deuxième production originale turque, Netflix est allé chercher un casting cinq étoiles, composé de la star de la série Fatmagül, Beren Saat, dans le rôle principal, de Meral Cetinkaya (Sibel) ou encore Tim Seyfi (Geronimo, Les bonnes intentions). Et, surprise, ce dernier parle français dans la série.
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Malheureusement, les réjouissances s’arrêtent un peu à la présentation des acteurs. À l’image de Marseille, la première production française de Netflix, Atiye est plombée par un scénario bancal et une réalisation poussive.
Une quête identitaire qui s’égare
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Atiye est un peu rebelle. La mine toujours très inspirée, en position accroupie et grand écart, elle peint un signe totem, toujours le même. Sa mère, inquiète pour son avenir, lui suggère d’enseigner l’histoire de l’Art. Atiye s’oppose. Elle veut continuer à peindre. Elle sait que son activité la conduit sur le bon chemin, celui qui la révélera à elle-même. Si quête identitaire et pouvoirs surnaturels font souvent bon ménage (Misfits, Impulse, Buffy), choisir de raconter ce type de récit à travers des personnages adultes qui s’opposent à leurs parents a tendance à les rendre puérils, et la série peu crédible. Ce point de vue part également d’un trope vu et revu : les enfants détiennent une vérité que les parents ne veulent pas voir.
Cette quête identitaire s’avère longue et confuse, y compris au fur et à mesure que les indices s’accumulent et conduisent au dénouement de la saison. Que ressort-il de ces huit épisodes de 50 minutes environ ? Aucune piste claire, aucune réponse. Et on est loin d’un parti pris à la Lindelof dans Lost ou The Leftovers. Ici, on sent davantage une maladresse qu’un geste contrôlé.
Pourtant, le suspens était là : Atiye passe un épisode entier enfermée par mégarde dans une cavité du site de Göbekli Tepe. Elle chemine de souvenirs en souvenirs pour découvrir, roulement de tambours… qu’elle était jalouse de sa sœur dans sa jeunesse. Au même moment, la police s’applique à la retrouver en creusant d’abord à la pioche, puis à la pelleteuse pour enfin terminer à la dynamite. Atiye finira par sortir magistralement portée par les forces surnaturelles. Vive l’emphase !
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La tonalité surnaturelle monte crescendo jusqu’à faire douter le personnage principal. Le procédé, utilisé à bon escient dans Dark ou Les Revenants, l’est beaucoup moins dans Atiye, la schizophrénie du personnage n’étant pas des plus vraisemblables. Restait alors à exploiter à fond l’histoire du site archéologique de Göbekli Tepe, ou du moins l’imaginaire qui s’en dégage. Une piste manifestement suivie par un seul personnage, la vieille femme, qui finit hors-sol, comme la série, à qui l’on souhaite de trouver son style, pour la deuxième saison déjà commandée.