The Bold Type revient en forme nous parler féminisme et éthique journalistique

Publié le par Marion Olité,

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Cette semaine, nos millennials préférées effectuent un retour fracassant sur Freeform pour une saison 2 placée sous le signe de la maturité. Après avoir passé des vacances magiques avec Adena, Kat est de retour chez Scarlet, prête à prendre en main son rôle de cheffe des réseaux sociaux. En parallèle, elle doit trouver un équilibre avec sa chérie, qui a réussi à obtenir un visa pour quelques mois. Elles emménagent ensemble à New York. De son côté, Sutton est plus épanouie que jamais dans son boulot d’assistante mode, et Jane s’apprête à lancer sa verticale féministe sur le site Incite.

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The Bold Type n’a plus de temps à perdre en exposition et ça se sent : ce premier épisode plonge nos héroïnes fonceuses la tête la première dans des problématiques pas franchement simples à résoudre. Sutton se retrouve face à un choix cruel : elle peut désormais sortir avec Richard si elle le souhaite, en signant un contrat de consentement au préalable. Sauf qu’il commence à se murmurer que son ascension au sein de Scarlet est une promotion canapé. Et ça, la jeune femme ne peut pas le supporter.

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“Tu veux parier sur ta carrière ou sur ta relation amoureuse ?”

Cette question de Jane résume parfaitement le choix que doit faire Sutton. Si elle poursuit sa carrière et sort avec Richard, elle s’expose à des commérages qui auront la peau dure, qui pourraient la suivre durant toute son évolution professionnelle. Et son chéri dans cette histoire, aura-t-il droit au même traitement ? Bien sûr que non, double standard oblige dans cette société patriarcale, souligne la jeune femme.

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Cela peut paraître anodin pour quelqu’un qui n’a jamais été confronté à cette situation. Pourquoi faire cas des gossip ? Elle pourrait décider de s’en moquer. Sauf que Sutton travaille dans la mode, un monde particulièrement dur dans lequel naviguer, où l’image de marque perso est un travail en soi. Et puis quelle femme aimerait se voir rappeler durant toute sa carrière professionnelle qu’elle a couché avec le boss et que, d’une façon ou d’une autre, son travail ne vaut rien ?

L’histoire d’amour entre Sutton et Richard est loin d’être la plus touchante de la série, ou la plus originale, mais elle est certainement la plus réaliste. On a tous et toutes connu (ou on a été) des femmes qui entament des relations amoureuses avec des collègues, voire des supérieurs hiérarchiques, qui ne sont réduites qu’à ça pendant le reste de leur carrière dans l’entreprise en question. Sans que, évidemment, ce genre de situation ne nuise d’une quelconque manière à l’homme concerné. Car la société sait faire la différence entre compétences professionnelles et vie amoureuse/sexuelle quand on parle d’un homme, même si les deux peuvent se mélanger à l’occasion. Une femme n’a pas ce luxe.

La coupe menstruelle de la discorde

Quand on est une femme journaliste, travaillant pour un média Web comme Konbini, regarder The Bold Type est aussi un vrai plaisir d’initiée. Parce que même si, évidemment, les vies professionnelles des trois jeunes femmes sont romancées, Sarah Watson, qui s’est inspirée de la vie de la rédaction de Cosmopolitan pour créer sa série, dépeint très justement ce métier de journaliste Web, ses joies, sa dépendance aux publicitaires, aux likes, aux réseaux sociaux, ses dilemmes journalistiques.

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En parlant de dilemme, Jane a pris ses quartiers dans son nouveau média, Incite. Les décors de ces nouveaux locaux sont plus branchouilles, tout comme les gens qui les peuplent. À vue de nez, on a affaire à une sorte de Vice. Notre héroïne a été embauchée pour gérer une verticale sur le féminisme, qu’elle veut super positive. Jane veut mettre en avant les initiatives qui changent le monde. Super ! La voilà partie sur le portrait d’une entrepreneuse qui s’est lancée dans le marché des coupes menstruelles. En plus d’être tip top, bios et tout et tout, ces coupes aident les femmes sans-abri : pour une coupe achetée, une autre est donnée à une association qui en distribuera aux plus démunies.

Sauf que, sur place, une gérante de l’assoc lui raconte une autre vérité : les coupes menstruelles, ce n’est pas du tout pratique pour les femmes qui vivent dans la rue. Elles sont impossibles à stériliser et il faut les vider dans un lavabo auxquelles ces femmes n’ont pas toujours accès. Fail. Donc les cartons bourrés de coupes menstruelles s’accumulent dans le cagibi pour rien.

Le hic : l’entrepreneuse est au courant et tente de rectifier le tir, mais elle demande à Jane, en attendant, de ne pas divulguer cette information, sous peine de couler sa petite boîte qui tente (maladroitement) d’aider les femmes. Notre journaliste en herbe est mal : ses convictions féministes et sa volonté de mettre en avant des femmes de façon positive se heurtent à une vérité plus dérangeante. Le tout alors qu’elle doit lancer sa verticale avec ce sujet. Que faire ?

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Finalement, Jane envoie à sa rédac chef un papier qui s’intitule “Feminist Army: Me, Emma Cox and the messy truth” (“Armée féministe : Moi, Emma Cox et la vérité dérangeante”). Elle est visiblement satisfaite d’avoir pu écrire cet article qui s’annonce nuancé. Mais, de retour de sa soirée, elle découvre le nouveau titre de son papier, qui a été mis en ligne : “Emma Cox : Bloody Fraud” (“Emma Cox : une fraude sanglante”). Après avoir vu son éthique journalistique mise à rude épreuve, elle voit ses propos déformés par sa boss en une.

Après avoir évoqué dans sa première saison des sujets féministes frontaux (et primordiaux) comme le viol ou le harcèlement en ligne, où la morale de l’histoire est claire (c’est MAL), The Bold Type apporte de la nuance et s’aventure avec autant de pertinence sur des terrains minés, questionnant les convictions féministes de son héroïne et la faisant évoluer dans la vision de son travail. On vous a déjà dit qu’on adorait cette série ?

La saison 2 de The Bold Type est diffusée sur Freeform aux États-Unis, et le sera sur Amazon Prime Video en France.

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