Supergirl a beau réclamer qu’on lui lâche la grappe avec son encombrant cousin, la série éponyme persiste à la comparer à Superman, au point que le super-héros va débarquer dans les prochains épisodes.
Après quelques caméos, en contre-jour, de dos, ou en plan serré sur ses jambes et sa cape, on pensait être débarrassé de Superman dans Supergirl. La série elle-même semblait vouloir prendre son envol, délestée du pesant héritage de ce cousin de Kara Zor-El. Pourtant, on apprend par TV Line que la production cherche son Superboy. Une version plus jeune du célèbre Kryptonien, de 13 ans à peine, mais à qui l’on demande déjà de ressembler à “un leader en devenir” et qui viendra s’incruster dans un flashback. Subtil. En résumé : on se fout de nous.
Deux épisodes, c’est à peu près le court laps de temps passé entre deux mentions de Superman dans la série. Même lorsqu’il n’est pas à l’image, son nom suffit à faire de l’ombre à la véritable héroïne de la série. On l’invoque comme un Dieu invisible mais omniscient. Kara n’en peut plus, et nous non plus.
Dans un épisode, la jeune femme affirme son envie d’exister par elle-même. Prendre des risques fait partie de sa mission. Superman, lui, n’avait pas besoin qu’on le sur-protège avant de devenir le héros que tout le monde connaît. Quelques minutes plus tard, elle tombe dans les vaps lors d’un combat et est sauvée par… Superman.
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“Qu’y a-t-il de si terrible à être une fille ?”
Il est normal pour un héros ou une héroïne de mettre du temps à exister en tant que tel/telle. C’est un métier qui s’apprend. C’est une destinée que l’on se crée, aussi. Alors, quelle voie trace-t-on à sa justicière lorsqu’on implique qu’elle sera toujours seconde dans la course aux super-héros ?
Si Kara n’est pas difficile à aimer, en grande partie grâce à son interprète Melissa Benoist, Supergirl, elle, a encore beaucoup à prouver. La faute à des scénaristes qui eux-mêmes n’y croient pas vraiment et se cachent derrière le double-discours “notre héroïne est badass, la preuve, c’est la cousine de Superman !”. C’est une des nombreuses manifestations de la schizophrénie de cette série. Dès qu’elle s’engage dans une direction encourageante, presque vindicative, elle rétropédale juste après et perd ainsi toute chance de laisser son empreinte.
Ainsi, lorsque Kara soulève la question du nom ‘Supergirl’, et la condescendance du terme “girl” au lieu de “woman”, Cat Grant (Calista Flockhart) balaye aussitôt la polémique : “Qu’est-ce qu’il y a de si terrible à être une fille ? Je suis une fille. Et ta boss. Et je suis puissante, et riche, et sexy, et intelligente. Alors si tu estimes que Supergirl est tout sauf excellente, c’est peut-être toi qui a un problème”. Parce que le personnage de Cat est présenté comme la féministe ultime qui a réussi professionnellement, son argument a soudain plus de poids que l’inquiétude, pourtant légitime, de Kara.
Entre s’émanciper ou rester dans les jupons de Superman, Supergirl choisit pour le moment… de ne pas choisir.
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