Dans son dernier épisode, Supergirl n’a pas retenu ses coups contre le nouveau président des États-Unis, dans une critique féroce de sa politique d’immigration.
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Les mauvaises langues diront que Supergirl n’a pas vraiment de voix, que la série de la CW est inoffensive. Une condescendance dont les fictions de la chaîne ont l’habitude. La vérité est autre : pendant que personne ne regarde, Supergirl détourne régulièrement les codes du genre super-héroïque pour s’emparer des sujets de société qui lui tiennent à cœur. Elle est généralement un plaidoyer pour le vivre-ensemble, la tolérance et l'”empowerment” des femmes. Elle a encore marqué des points supplémentaires en gérant, de la plus jolie et sincère des façons, le coming out d’Alex Danvers.
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Mais s’il y a bien un thème qui jalonne, entre les lignes, ces deux saisons de Supergirl (et en particulier l’actuelle), c’est l’intégration des aliens parmi les humains. Bien sûr, le DEO pourchasse les plus dangereux d’entre eux — et l’organisme n’a d’ailleurs pas l’air de s’embarrasser de l’idée de justice, les prévenus étant incarcérés sans procès. Toutefois, l’emblème de cette intégration reste notre héroïne, acceptée par sa famille de cœur, les Danvers, depuis toute petite. Naturellement, le fait qu’elle ressemble à une humaine facilite cette assimilation, mais elle demeure, pour beaucoup d’extraterrestres vivants parmi les hommes, une ambassadrice.
Depuis l’élection de Donald Trump aux États-Unis, les critiques observaient avec attention les premières répercussions qu’elle aurait sur les scénarios des séries. Allait-on assister, sur les networks, à une résignation polie ou à une levée de boucliers, au risque de se mettre à dos une partie des téléspectateurs ? S’il est trop tôt pour faire un constat précis (beaucoup des épisodes écrits depuis l’élection ne sont pas encore passés à l’antenne), on remarque que certaines séries ne se sont pas privées de l’ouvrir. On attendait évidemment au tournant les comédies Black-ish, avec l’épisode “Lemon” en particulier, South Park, The Carmichael Show, et même Jane the Virgin.
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The Alien Ban
Mais Supergirl, qui est pourtant coutumière des discours pour l’amitié entre les peuples, s’est un peu lâchée dans son dernier épisode, subtilement intitulé “Exodus”. On ironise sur l’absence de subtilité, car, malgré toute l’affection que l’on a pour elle et ses nombreuses qualités, Supergirl a toujours eu vocation à être comprise du plus grand nombre, et tant pis s’il faut pour cela sacrifier un peu de profondeur dans les propos. Toujours est-il que dans son registre, elle fait très bien le job.
Dans cet épisode, le quinzième de la saison 2, les scénaristes n’y sont pas allés avec le dos de la cuillère, même si le nom du président n’est jamais mentionné. D’ailleurs, en dépit de références à la pop culture communes avec notre monde réel, Supergirl a pris le parti, en pleine campagne électorale américaine, d’avoir une femme à la tête du pays, incarnée par l’ancienne Wonder Woman, Linda Carter. Ce qui ne l’a pas empêchée d’envoyer de vrais tacles à Donald Trump et sa politique.
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“Exodus” raconte comment Cadmus, équivalent maléfique du DEO dirigé par Lillian Luthor, continue son entreprise de stigmatisation des aliens. Leur dernier méfait : cibler les extraterrestres de National City grâce à la liste dérobée au DEO par Jeremiah, les kidnapper et les embarquer dans un vaisseau pour les déporter. Le parallèle avec la situation actuelle aux États-Unis est vite fait. Ce que décrit Supergirl ici, c’est le Muslim Ban et ses conséquences futures. En signant son décret, Donald Trump vise des populations selon leurs origines et leurs croyances en leur refusant l’entrée sur le territoire américain. La suite logique de ce genre de mesures xénophobes, c’est Cadmus qui l’imagine avec son arsenal militaire prêt à tout pour expulser les aliens en les arrachant à leur quotidien sous de faux prétextes.
En VO, l’effet miroir est d’autant plus percutant que le mot “alien” en anglais signifie aussi “étranger”. Cette injustice envers tous ceux qui ne sont pas de “purs Terriens”, qui évoque aussi à une moindre échelle les rafles de la seconde guerre mondiale, c’est Alex Danvers qui s’en émeut le plus. Lancée en mode “Veuve noire” après Lillian Luthor et ses sbires, elle devient un symbole de résistance, volant un peu la vedette à sa sœur adoptive, Supergirl :
“Vous les déportez de force. Certains d’entre eux ont fui la famine, la pauvreté, le génocide.”
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Les séries ont ce luxe de pouvoir corriger les erreurs de la vie réelle, de rectifier le tir pour nous donner un peu de réconfort ou provoquer la réflexion. Cet épisode s’est aussi révélé particulièrement pertinent avec l’intervention du rédacteur en chef de Kara, Snapper Carr. Ce type borné et jamais content parvient à faire mentir l’adage selon lequel le métier de journaliste dans ce genre de séries est toujours très mal représenté. Il sanctionne Kara et la sermonne : si une source n’est pas fiable, on en cherche une deuxième, ou une troisième, jusqu’à ce que l’on puisse vérifier les faits. La vérité ne peut souffrir d’aucune approximation, comme il le rappelle à la jeune fille, plus blogueuse que reporter dans l’âme :
“Une citation mal attribuée à un candidat et on se retrouve avec un fasciste à la Maison Blanche.”
Donald Trump est rhabillé pour l’hiver.
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