Attendue comme le Messie (on exagère à peine), la série phare de Netflix est enfin sortie de sa pause prolongée pour gâter ses millions de fans. Ce 4 juillet, munis de leur fameuse bannière étoilée brandie devant des feux d’artifice, les États-Unis célébraient leur fête nationale. Pendant ce temps-là, un autre spectacle régalait le reste du globe : la saison 3 de Stranger Things. Un troisième round qui frôle l’irréprochable en termes de divertissement… mais qui laisse à désirer sur d’autres plans.
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Un certain temps s’est écoulé depuis la fermeture de la brèche menant au Monde à l’envers et la saison estivale est enfin là. Le programme des festivités à Hawkins ? Traîner au nouveau centre commercial, piquer une tête dans la piscine municipale… ou encore se confronter au Flagelleur mental qui s’est décidé à prendre le contrôle des habitant·e·s de la ville. Ajoutons à cela un mystérieux repaire souterrain où se trament des choses pas très nettes impliquant des Russes encore moins nets, et voilà qu’Eleven et ses potes doivent à nouveau passer à l’offensive.
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Avant de se ruer sur cette troisième salve d’épisodes, il aura fallu se tourner les pouces pendant un an et demi. Alors forcément, les attentes qu’on avait pour cette saison 3 étaient élevées : on se devait d’être récompensés pour notre patience. Est-ce que ça a été le cas ? Oui et non. Stranger Things ne déçoit pas en matière de fun et de nostalgie 80’s.
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En huit épisodes, les frères Duffer réussissent à concevoir un récit fluide, qui tient la route et nous est raconté avec un dynamisme appréciable. Les temps morts sont moindres, à tel point que même les scènes a priori dispensables – cette saison 3 prend le temps de développer les relations entre les personnages, peut-être plus que les précédentes – justifient leur importance. Niveau action, difficile de trouver quoi que ce soit à redire, d’autant plus que les effets spéciaux sont encore une fois à la hauteur. Eh oui, il y a fort à parier qu’on restera dégoûtés à vie en repensant à ces rats qui explosent en tas de chair visqueux et grumeleux.
En prime, il n’y a pas à dire : ce troisième opus donne beaucoup niveau fan service. Vous aimiez la bromance touchante entre Steve et Dustin ? Tant mieux, on vous en ressert ici une seconde louche. Vous aimiez les apparitions furtives mais efficaces de la petite sœur de Lucas ? Parfait, Erica est ici beaucoup plus présente et demeure toujours aussi impertinente. Quant à ce qui avait moins fait l’unanimité en saison 2, on s’en débarrasse. Exemple ? Kali, ou plutôt “Number Eight”, n’est jamais mentionnée. C’est comme si elle n’avait jamais existé, alors même qu’Eleven aurait pu faire usage de ses capacités pour lutter contre la menace qui plane sur Hawkins : ce brave Flagelleur mental.
En saison 3, on oublie toute prise de risques. Par flemme ou par peur de décevoir ses nombreux aficionados, Stranger Things réplique la même formule que la saison précédente. Quand on regarde bien, les enjeux sont exactement les mêmes : vaincre le Flagelleur et refermer le portail menant au Monde à l’envers (qui n’était donc pas clos, contrairement à ce qu’on pensait). Les seules réelles nouveautés sont l’implication des Russes dans l’histoire, ainsi que l’étendue des aptitudes du Flagelleur mental qu’on ignorait jusqu’alors. Mais c’est à peu près tout.
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Alors oui, ces huit épisodes s’enchaînent à une vitesse folle et se laissent dévorer avec une aisance que d’autres séries pourraient lui envier. Mais il n’empêche qu’un arrière-goût d’inachevé s’impose une fois la session de binge watching terminée. Bien qu’elle ait été controversée à sa sortie, la saison 2 de Stranger Things pouvait au moins se targuer de vouloir creuser davantage la mythologie de la série, que ce soit en incluant de nouvelles créatures made in le Monde à l’envers ou en présentant une autre ex-cobaye partageant un vécu similaire à celui d’Eleven.
Pour le coup, cette saison 3 est beaucoup plus avare. On n’en apprend pas davantage sur le Monde à l’envers, ni sur les anciens compagnons d’infortune d’Eleven. Plutôt que de creuser son univers, Stranger Things se repose sur ses acquis. Des acquis qui fonctionnent toujours bien, certes, si tant est qu’on se résigne à regarder la série comme un divertissement nécessitant zéro réflexion.
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Et parce que Stranger Things est une série qui vit essentiellement grâce au fan service, on a du mal à gober les rebondissements de l’épisode final. Jamais la série n’oserait se séparer du shérif Hopper en cours de route (parce que le personnage, et son interprète David Harbour, est trop apprécié par le public), de même que le déménagement des Byers loin de Hawkins ne peut tout bonnement pas être permanent.
On a envie de croire que la série des frères Duffer peut oser des choses et sortir des sentiers battus pour se renouveler. Malheureusement, au vu de la paresse scénaristique de cette saison 3 qui s’est contentée de ressasser l’intrigue de la deuxième cuvée, on n’y croit qu’à moitié. En attendant, on a toujours l’option B : celle d’accepter le show comme un clin d’œil fun et décomplexé aux œuvres américaines des 80’s. C’est suffisant pour faire de Stranger Things un excellent divertissement, mais en aucun cas un chef-d’oeuvre.
La saison 3 de Stranger Things est disponible dès maintenant en intégralité sur Netflix.
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