Le lancement de Disney+ en 2019 a propulsé la saga Star Wars dans une autre dimension. Avec The Mandalorian, la franchise culte de George Lucas a trouvé un nouveau souffle sur le petit écran, qui fait la joie (et les chiffres) de la firme de Mickey. Avec le succès incontestable de Din Djarin et son petit protégé, Disney multiplie les spin-off et autres projets dérivés consacrés à des personnages emblématiques de la saga, comme Boba Fett, Ahsoka Tano, Lando Calrissian, ou encore Obi-Wan Kenobi. Si une partie des fans reproche au studio américain de pratiquer un recyclage économique, Disney est encore capable de nous surprendre et d’apporter une touche d’originalité dans la Force.
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Ce mois-ci, Disney+ propose en toute discrétion une anthologie de courts-métrages animés, baptisée Star Wars: Visions. Dans les coulisses, Lucasfilm a laissé le champ libre à différents studios d’animation japonais pour proposer des histoires inspirées de la culture nippone dans l’univers du space opera. Pour éviter toute ambiguïté narrative avec la saga Skywalker, les récits de l’anthologie ne sont pas considérés comme canons, et c’est tant mieux : les studios japonais ont ainsi une plus grande liberté artistique pour revisiter une certaine galaxie lointaine, très lointaine.
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Ainsi, chaque épisode nous plonge dans une esthétique et une direction artistique singulières, qui ne sont pas sans rappeler l’anthologie SF Love, Death and Robots de Netflix. On y croise toutefois des figures phare des films, telles que Boba Fett et Jabba le Hutt, tandis que certaines histoires se glissent parfaitement en amont de la prélogie, mais aussi des années après l’épisode IX, L’Ascension de Skywalker. Les courts-métrages introduisent des personnages uniques, pour la plupart jamais vus dans Star Wars, comme un rōnin vagabond, un groupe de rock amateur, des clones jumeaux, un Jedi déchu, un lapin anthropomorphe…
Katana laser et Bushidō de la Force
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Pour Star Wars: Visions, Disney et Lucasfilm ont recruté une équipe de studios d’animation japonais impressionnante. On y croise des boîtes très célèbres, comme Production IG (Ghost in the Shell) et Trigger (Kill la Kill), mais aussi des créateurs plus indépendants, tels que Geno Studio ou Studio Colorido. Si tous les épisodes ne se valent pas, selon votre ressenti et le style d’animation, chaque artiste impose sa patte pour proposer un vent de fraîcheur dans l’univers du space opera. On s’émerveille devant le spectre de références qui prennent vie sous nos yeux, du cinéma d’Akira Kurosawa aux coups de crayons de Takehiko Inoue (Vagabond), en passant par des auteurs classiques comme Osamu Tezuka (Astro, le petit robot).
La Force de Star Wars: Visions repose principalement sur son animation variée, mais aussi sur la diversité des genres et des tonalités proposés. Pas de sang, bien sûr, mais un ton parfois plus mature, qui apporte une forme de gravité à l’ensemble. Du côté des histoires, l’anthologie nous fait voyager de l’horreur à l’épique, en passant par l’humour, et même un opéra-rock, dans une version surprenante mais irrésistible de la célèbre Cantina de Mos Eisley. Il y en a franchement pour tous les goûts, alors que la série animée parvient à se réinventer à chaque court-métrage.
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Même si le format de l’anthologie permet une approche originale et pétillante de l’univers, il reste parfois assez frustrant. On a envie de suivre certains personnages pendant une plus longue période, comme ce samouraï mi-Sith, mi-Jedi du premier épisode, qui brandit un katana laser en guise d’arme. On y croise aussi des parapluies japonais, shuriken et autres senbon laser alimentés par des cristaux Kyber, une première dans le space opera. En résumé, la culture nippone ancestrale fusionne parfaitement avec la mythologie Star Wars. Par le passé, George Lucas a d’ailleurs reconnu que son travail sur la saga s’inspirait en grande partie des films de samouraïs et de Kurosawa. Avec cette série animée, la boucle est bouclée.
L’animation de Star Wars: Visions est tout bonnement sublime, autant dans ses épisodes colorés que dans ses chapitres en noir et blanc, avec un grain de l’image vieilli qui évoque forcément le cinéma d’un autre temps. Les studios japonais profitent de l’univers étendu officieux pour piocher et creuser la mythologie Star Wars sans aucune limite.
Pour les fans des œuvres non canons, c’est un plaisir d’y trouver des histoires décorrélées de la famille Skywalker, mais aussi des productions animées (cultes) de Dave Filoni. Avec un point de vue nippon, cet univers paraît tout à coup plus poétique et romanesque que jamais. Disney a eu une juste vision de Stars Wars qui, pour une fois, s’écarte complètement de l’ADN manichéen et mainstream de la plus grande saga de tous les temps. Arigato gozaimasu.
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L’anthologie Star Wars: Visions est disponible en intégralité sur Disney+.