Diffusée début 2016 sur BBC Two, la mini-série en trois épisodes Stag débarque enfin chez nous grâce à la plateforme en ligne d’Arte. Mieux vaut tard que jamais, car il aurait été cruel de nous priver plus longtemps de cette pépite d’humour noir revisitant sans complexe les codes du slasher. Imaginée par Jim Field Smith, qui avait déjà réalisé The Wrong Mans en 2013, Stag est une farce cruelle sur la masculinité qu’Agatha Christie n’aurait pas reniée. Reprenant la légendaire formule de son roman Ils étaient dix, la série place ses protagonistes dans un jeu de massacre où il ne peut en rester qu’un. Glacial, sournois, mais aussi très fun.
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Sept potes de longue date se retrouvent au fin fond de l’Écosse pour enterrer la vie de garçon de l’un d’eux, Johnners (Stephen Campbell Moore). Au programme : une chasse au cerf entre mecs avinés. Ian (Jim Howick), le frère de la future mariée, se joint au groupe in extremis suite au désistement d’un autre. Il se sent immédiatement mis à l’écart, et moqué, par ses nouveaux compagnons d’aventure, mais la promesse qu’il a faite à sa sœur de veiller sur le fiancé va le dissuader de tourner les talons. Les voilà donc partis, ces huit “bros”, en pleine forêt des Highlands, guidés par un garde-chasse taciturne.
Mais quand notre compagnie de mâles, excités par l’appel de la nature, décide de lui manquer de respect, ce dernier prend son 4×4 et se barre, les laissant ainsi à leur triste sort. Pourtant loin de tout, sans réseau pour appeler de l’aide, et pas du tout préparés à la survie en milieu hostile, ils continuent de faire les marioles… jusqu’à ce que l’un d’entre eux se fasse brutalement harponner sous leurs yeux. Le jeu a commencé et leur dignité n’en sortira pas franchement gagnante. Un à un, ils vont se faire décimer.
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Stag, qui désigne à la fois l’enterrement de vie de garçon et le cerf, s’appuie sur les codes du slasher pour mieux déconstruire l’amitié masculine et ses petits rituels. Un concours de bites, et d’égo, qui va les mener à leur perte. Alcool, cigares, blagues sexistes, retour à la nature, et la perspective (initiale) de tuer… tout ça les enivre. C’est leur testostérone qui les maintiendra en vie, pas de doute ! Mais quand le vent tourne et que ces prédateurs autoproclamés deviennent les proies, c’est d’abord chacun pour soi.
La vérité, c’est que ces hommes, à l’exception d’Ian, prof de géographie, sont davantage liés par leur statut social (ils viennent tous plus ou moins du milieu financier ou du showbiz) et leurs signes extérieurs de masculinité. Une performativité assez bien mise en scène dans la série et qui sert souvent de base à un humour bien noir et caustique. Car même lorsque leur vie ne tient qu’à un fil, ces précieux ridicules parviennent à nous arracher un sourire. Et à mesure que nos héros devenus gibiers s’enfoncent dans la forêt, suivent des ruisseaux qui mènent à des lochs et se perdent dans la lande, la série, elle, maintient son cap et l’équilibre subtil entre comédie absurde et thriller haletant.
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Les trois épisodes de Stag sont à savourer dès maintenant sur Arte.tv.